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Données hydrographiques - Un facteur clé en opérations

Mise à jour  : 19/11/2020 - Direction : SIRPA Marine

Le service hydrographique et océanographique (Shom) apporte à la Marine soutien et expertise pour la préparation et l’exécution de ses missions opérationnelles. Il lui fournit notamment des produits utilisés par les systèmes d’information ou les systèmes d’armes.

L’enjeu est de garantir la liberté d’action des forces, au premier rang desquelles la Force océanique stratégique (FOST) pour les opérations sous-marines et la dissuasion nucléaire. L’hydrographie sert également largement les opérations amphibies et la guerre des mines.

UN CONTEXTE MOUVANT ET DE NOUVELLES PRIORITÉS STRATÉGIQUES

Protection de l’économie maritime, lutte contre les tracs illicites, prévention du terrorisme maritime, garantie de la liberté de navigation, évacuation de ressortissants... Dans un contexte de maritimisation du monde et d’innovations technologiques (navires télé-opérés, robots sous-marins...), la connaissance de l’environnement marin est plus que jamais cruciale. L’extension des régions maritimes d’intérêt militaire suit la multiplication des zones de crise et des zones grises de revendication ou de mise en cause des souverainetés existantes. L’intérêt pour les grands fonds (au-delà de 1000mètres de profondeur) où les confrontations sont de plus en plus nombreuses est croissant, faisant potentiellement émerger un nouveau domaine de lutte, celui du Seabed Warfare. Être en mesure de veiller sur les installations déposées sur le fond des mers, notamment les câbles sous-marins, est vital. La fonte des glaces dans l’océan Arctique ouvre pour sa part de nouvelles routes maritimes, avec à la clé de nouveaux enjeux environnementaux et de sécurité en mer. En conséquence, outre nos approches maritimes en métropole et outre-mer, les zones dans lesquelles la maîtrise de la donnée hydrographique est déterminante se multiplient : aux théâtres classiquement investis – Manche- Gascogne, mer Méditerranée, océan Indien et détroits (Gibraltar, Ormuz...), golfe Persique, Afrique de l’Ouest (golfe de Guinée) – s’ajoutent désormais le Grand Nord, le Grand Sud et l’Asie du Sud-Est.

NAVIGUER EN EAUX TROUBLES

Pour améliorer la disponibilité et la qualité des données hydrographiques sur l’ensemble du globe, le Shom réalise des mesures dans le but de décrire le relief (bathymétrie, gravimétrie), la nature (sédimentologie) ou la dangerosité (hauts fonds, épaves, obstructions) des fonds marins. Dans le milieu océanique, souvent turbulent et opaque, les moyens acoustiques sont généralement les seuls à permettre de mesurer précisément la profondeur ou de détecter des anomalies. Ils reposent sur le principe de l’échosondage : on déduit la profondeur à la verticale du navire de la durée de trajet aller-retour d’une onde sonore émise depuis le bâtiment vers le fond. Depuis vingt ans, les sondeurs multifaisceaux réalisent des levés bathymétriques sur une bande large (3 à 4 fois la profondeur sondée) perpendiculairement à la route du navire, et avec une précision souvent inférieure à 50 centimètres dans les petits fonds (moins de 30 mètres). Couplés à des modèles théoriques et des prélèvements d’échantillons du fond, ces sondeurs acoustiques, ou des moyens sismiques alternatifs1, permettent aussi de connaître l’épaisseur et la nature des sédiments présents. Des sondeurs latéraux (comme ceux de la guerre des mines), utilisant une incidence rasante, détectent quant à eux les obstructions ou fournissent une image du fond avec une grande finesse. Dans les eaux peu profondes, transparentes et calmes, la technique – optique cette fois – du laser aéroporté (lidar) est très efficace. En n, l’imagerie satellitaire ou aérienne peut elle aussi être utilisée pour estimer des profondeurs sur de larges zones, avec une précision moindre mais davantage de discrétion que les techniques acoustiques ou aéroportées. Tous ces capteurs, aujourd’hui remorqués ou montés sur les coques des navires, seront à terme opérationnels sur des drones en surface ou sous-marins, permettant d’aller plus profond et donc d’être plus précis pour cartographier les grands fonds.

INNOVER POUR GARDER L’AVANTAGE

Les mesures réalisées sont ensuite traitées, contrôlées puis intégrées dans des bases de données à partir desquelles on élabore des produits spécifiques pour chaque domaine de lutte : cartes de navigation, cartes des reliefs et d’échos à destination de la guerre des mines, de la lutte anti-sous-marine ou de la FOST, cartes de nature de fonds pour la guerre des mines, profils de plage ou modèles hydrodynamiques pour l’amphibie, cartes spécifiques pour l’action de l’État en mer, produits à haute valeur ajoutée pour la Force océanique stratégique... Dans les années et décennies à venir, de nouvelles capacités militaires entreront progressivement en service, avec à la clé des besoins accrus en matière d’hydrographie. Pour y répondre, le Shom prépare la mise en œuvre de la Capacité hydro-océanographique future (CHOF) et le déploiement progressif du programme interarmées Géographie, hydrographie, océanographie et météorologie de défense en 4 dimensions (GEODE-4D).

 1 Antennes remorquées, identiques à celles utilisées pour la prospection pétrolière.

L’épineux problème des délimitations maritimes

Les espaces maritimes sous souveraineté ou juridiction des États côtiers sont régis par le droit international et notamment la convention de Montego Bay (voir Cols bleus n° 3088). Leur délimitation est donc un enjeu géopolitique et économique majeur. Dans le monde, de nombreuses zones maritimes sont revendiquées concurremment par plusieurs États. C’est le cas en Méditerranée orientale avec les revendications et contestations gréco-turques de certains espaces maritimes, par exemple liés à l’île grecque de Kastellorizo. En France, le Shom est un acteur incontournable du programme national de délimitation des espaces maritimes (documents cartographiques utiles à la négociation, préparation et diffusion via un portail dédié des décrets relatifs aux espaces maritimes français).

Focus

L’hydrographie

L´hydrographie mesure et décrit les éléments physiques des océans, des mers, des zones côtières, des lacs et des fleuves. Elle prévoit leur évolution dans le temps, dans l’intérêt de la sécurité de la navigation et à l’appui de toutes les autres activités maritimes : développement économique, sécurité et défense, recherche scientifique et protection de l’environnement.

Extrait du Cols Bleus N3091 Novembre 2020 - Hydrographie - 300 ans d'opérations


Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées