Dans le cadre d’un appel à projets pour la lutte contre le COVID-19, lancé par l’Agence de l’Innovation de Défense (AID) pour le ministère des Armées, deux propositions déposées par des marins du Centre d’expérimentations pratiques et de réception de l’aéronautique navale (CEPA/10S) ont été retenues.
Les projets proposés ont pour objectif de réduire les risques de contamination par le virus et l’optimisation de l’emploi des moyens de transport de malades contagieux. Mus par l’esprit d’innovation qui constitue l’ADN du CEPA/10S, concepteur de solutions aéronavales depuis 1911, les innovateurs ont conduit leurs projets respectifs depuis les premiers concepts, concrétisés fin mars, jusqu’aux évaluations des prototypes trois semaines plus tard et, à l’heure actuelle, leur perfectionnement. Dans cette démarche, ils font appel aux ressources de l’AID, qui les soutient tant financièrement que par ses processus d’achats et de contractualisation simplifiés.
Ces travaux, initiatives personnelles, ont été menés en parallèle des travaux du CEPA/10S liés au COVID-19. En plein confinement, des études ont en effet permis l’installation de dispositifs de confinement et d’alimentations électriques aux normes médicales sur les hélicoptères de l’aéronautique navale, mais aussi l’accueil en toute sécurité d’un hélicoptère de la Sécurité Civile à bord du PHA Dixmude.
Kit d’isolation de civière CIVIANCE
Le projet CIVIANCE est une solution duale d’isolation de civière utilisable sur l’ensemble des brancards en service dans les armées, les services d’urgences et les hôpitaux civils ou militaires.
Le capitaine de corvette Jean-Baptiste et le lieutenant de vaisseau Nicolas, innovateurs avaient pour objectif, d’isoler un patient dans un délai très court avec un kit léger, simple à mettre à œuvre et réutilisable. Ce projet permet d’envisager une optimisation de l’emploi des moyens de transport de malades contagieux puisqu’il réduit significativement le besoin en décontamination du vecteur. Pour une ambulance, cela représente 40 à 50 % d’immobilisation en moins. Ce kit rassure également les accompagnants et soignants pour lesquelles la contrainte des surcouches de protection est allégée, sans compromettre leur sécurité et en offrant de meilleures conditions de travail.
Fruit de travaux menés avec la société lyonnaise DIATEX, spécialisée dans le textile et les films plastiques, les modèles créés ont évolué selon une méthode itérative :
Les tests ont été menés en coopération avec les entités impliquées sur le terrain : urgentistes (médecins et infirmiers, civils et militaires) du SAMU, du bataillon de marins-pompiers de Marseille, du HIA Ste Anne. Cette coopération interservices en boucle très courte a été grandement facilitée par le positionnement transverse de l’AID.
Dans sa version définitive, le projet CIVIANCE se décline en deux modèles :
La prochaine étape est l’envol de ce projet, entièrement conçu et fabriqué en France, via son industrialisation et sa commercialisation.
Masque facial filtrant pour équipages et plongeurs d’hélicoptères
Lors de l’étude de la configuration « évacuation sanitaire » des hélicoptères de la Marine, un constat s’est imposé : le chef cargo, en charge de la gestion des personnes, du matériel et des équipements présents dans la tranche arrière des hélicoptères, est le membre d’équipage le plus exposé face à un patient contagieux.
Le lieutenant de vaisseau Gaetan, du CEPA/10S, a alors eu l’idée d’associer divers équipements en service dans l’aéronautique navale pour protéger efficacement et ergonomiquement ces membres d’équipage. Très rapidement, il s’est orienté vers l’utilisation d’un masque inhalateur d’oxygène utilisé sur avions de chasse (dit « groin »), associé à une centrale de ventilation Ephèse permettant l’utilisation de cartouches NRBC standard. L’ensemble était susceptible d’offrir une protection maximale des voies respiratoires tout en respectant les normes aéronautiques et de sauvetage en vigueur.
Le matériel nécessaire (groins utilisés sur Super Étendard Modernisé, micros, cordons radio, …) a été acheminé depuis les BAN de Landivisiau et Lann-Bihoué afin de produire un premier prototype avec le concours des bureaux d’étude et ateliers du CEPA/10S. Réalisé en quelques jours, le système a été expérimenté au sol puis en vol une douzaine de jours à peine après l’émergence de l’idée initiale.
Une première proposition d’utilisation de cette capacité dans les forces a alors été soumise à la force de l’aéronautique navale, mais le système peut encore être amélioré. Son usage peut en outre être étendu aux plongeurs d’hélicoptères et équipages de conduite.
Soutenu par l’AID, l’innovateur a pris contact avec ULMER AERONAUTIQUE, société française historique et acteur mondial des équipements du personnel navigant, afin d’étudier l’évolution et la sérialisation du système. Après la mise à disposition d’un groin plus adapté, de nouveaux vols d’expérimentations ont été conduits, notamment en treuillant un plongeur équipé.
A partir de ces expérimentations, de nouvelles capacités sont envisagées pour les équipages assurant les missions de sauvetage en mer. Une phase de développement va débuter, qui a pour objectif de répondre au besoin prégnant de protection des équipages d’hélicoptères en atmosphère chimique, avec en ligne de mire un élargissement de l’emploi à d’autres aéronefs, voire d’autres composantes de la marine.
[1] 50 cm x 60 cm x 4 cm plié pour moins de 2 kg
Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées