La campagne de pêche au thon rouge a été soumise à une réglementation très stricte incluant l’allocation de quotas à chaque pays membres. Six senneurs français ont ainsi été autorisés en 2014 à pêcher 1 034 tonnes de thon rouge en Méditerranée centrale. Au large de Malte, l’aviso Cdt Ducuing a opéré à des missions de police des pêches pendant la campagne ouverte cette année du 26 mai au 24 juin dernier. Récit d’une opération de contrôle/
Il est 4 heures, le Centre National de Surveillance des Pêche (CNSP), situé au CROSS Etel, vient de signaler au Central Opérations de l’aviso Cdt Ducuing qu’un transfert entre deux navires de pêche vient d’être autorisé. L’aviso fait route à 19 nœuds vers le lieu de l’action, tandis que le rondier effectue les réveils.
Après le briefing en passerelle, inspecteurs et plongeurs de bord s’activent pour préparer leur matériel. Les équipes de mise à l’eau des embarcations se tiennent parées. A 5 heures, l’équipe d’inspection est déployée sur le senneur pour procéder à la vérification des documents administratifs.
L’équipage est coopératif. Le jour commence à poindre. L’EDO pousse du bord avec 5 plongeurs et un ingénieur australien chargé de superviser la mise en œuvre d’une caméra stéréoscopique, celle-ci permettant de filmer le transfert des thons afin d’estimer leur nombre.
Cette étape est cruciale pour pouvoir contrôler les quotas alloués à chaque navire de capture. Pendant que les pêcheurs arriment la cage à la senne, les plongeurs se mettent à l’eau pour régler la caméra. Il faut aller vite, la porte de la cage va bientôt s’ouvrir. 5h30, début de transfert.
En moins d’une demi-heure ce sont plus d’un millier de thons qui se retrouvent prisonniers dans la cage. Débute alors un long travail de visionnage des vidéos prises pendant le transfert. Les pêcheurs sont en effet dans l’obligation de fournir un film du transfert permettant d’effectuer un comptage contradictoire entre les inspecteurs présents à bord et le navire de capture.
En parallèle, les images de la caméra stéréoscopiques sont analysées à bord du Cdt Ducuing. Il est 12h30 lorsque l’équipe d’inspection rejoint l’aviso, le comptage des inspecteurs n’est pas cohérent avec celui des pêcheurs. Un nouveau transfert de cage à cage sera nécessaire pour garantir un bon suivi des quotas et la meilleure traçabilité possible du thon rouge capturé.
Endurance, réactivité et sang-froid sont les maîtres mots pour mener à bien ces belles « manip » de marins au milieu d’un ballet d’embarcations, remorqueurs de cages et senneurs, concentrés sur la traque du poisson.
De nuit, par 25 nœuds de vent, avec six navires et leurs embarcations dans un rayon d’un nautique autour du Ducuing, le commandant doit pouvoir compter sur la mobilisation de l’ensemble de l’équipage, du central-opérations chargé d’entretenir la situation surface à la passerelle assurant la navigation en situation de proximité, en passant par les manœuvriers et les mécaniciens responsables de la projection des plongeurs et des inspecteurs. Sans le savoir-faire acquis ensemble à l’entraînement, rien ne serait possible.
THON ROUGE : PECHE, REGLEMENTATIONS…
Aux côtés de ses partenaires européens, la France s’est engagée dans la préservation du thon rouge. Très prisée, la pêche au thon rouge représente des enjeux financiers considérables, d’où un risque de surexploitation. A titre indicatif, le prix du thon rouge est de l’ordre d’une centaine d’euros par kg sur le marché, et peut atteindre des prix record s’élevant à plusieurs milliers d’euros par kg au Japon. Les modes de consommation des japonais et les exigences du client incitent les pêcheurs à capturer le thon rouge vivant à l’aide d’une senne. Ils sont ensuite transférés en haute mer dans des cages, qui seront remorquées vers des fermes marines où les poissons sont engraissés. Abattus, ils sont ensuite chargés sur des navires usines à destination du Japon. Face à ce constat, la Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l'Atlantique (ICCAT) voit le jour en 1969. Ratifié par 48 pays, le programme de contrôle de l’ICCAT couvre tous les stades de la filière, de la capture à la commercialisation. Dans le cadre d’un accord entre l’Union Européenne et l’ICCAT, l'Agence Européenne de Contrôle des Pêches (AECP), implantée à Vigo en Espagne, assure depuis 2008 la direction d'un « plan de déploiement commun » (Joint Deployment Plan), dont les moyens humains et matériels sont fournis par les États membres. Le déploiement du Cdt Ducuing, en tant que moyen de contrôle en haute mer, matérialise ainsi l’engagement français.
Sources : © Marine nationale
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