Discours prononcé à la séance plénière de clôture des travaux de la Commission, le 24 juin 2010, à l'école militaire.
"Monsieur le président,
Madame et messieurs les présidents,
Messieurs les officiers généraux,
Mesdames et messieurs les membres de la Commission armées-jeunesse,
Mesdames et messieurs,
Tout d'abord, je voudrais vous demander d'excuser Hervé MORIN, qui n'a pas pu se déplacer ce soir, compte tenu de son agenda très chargé, mais il m'a demandé de le représenter et cela me vaut le plaisir d'être parmi vous et d'exprimer au nom du ministre, la confiance et l'intérêt qu'il porte à la Commission armées-jeunesse. Il en connaît à la fois le rôle et la place; et je dirais également la qualité du travail qu'elle fournit.
La commission inscrit son action dans le temps, je crois que cela fait plus de cinquante ans qu'elle existe et elle a su maintenir son dynamisme au travers de son activité et aussi s'adapter à la professionnalisation. Elle a su faire preuve de sa solidité et de son utilité.
Elle apparaît donc aujourd'hui comme un élément essentiel du rapport des jeunes avec les armées et, à travers les armées, avec la nation.
Votre rôle- là je m'adresse aux membres de la commission- est bien de porter un regard un peu différend, un regard neuf et de faire au ministre des suggestions qui soient réalistes autant que faire se peut. Ensuite, il appartient au ministre de décider de l'application de ces mesures.
Donc, la commission est à la fois, une force de propositions grâce aux réflexions et aux propositions qu'elle peut faire, mais aussi un outil de rayonnement dans la conduite des actions qu'elle mène. Je crois qu'on a évoqué de façon assez précise le travail qu'elle a pu faire en février 2009, en organisant le séminaire "armées-médias". C'était, je pense, un succès comme le général LAGRANGE nous l'a démontré. C'était peut être aussi la première manifestation de ce genre dans notre ministère. Elle a permis la rencontre de jeunes élèves d'écoles de journalisme et de jeunes officiers qui avaient une expérience opérationnelle. Et monsieur le ministre m'a demandé de vous transmettre toute la satisfaction qu'il avait de voir la réussite de cette manifestation; de transmettre également ses félicitations à l'ensemble du groupe de travail " Forum-media" ainsi qu'à son président monsieur Fumanal, pour le choix des participants, pour l'audace de la thématique et aussi pour avoir su promouvoir l'esprit de défense auprès de ce jeune public d'élèves dont l'esprit critique est aiguisé en ce qui concerne la défense - souvent par méconnaissance bien sûr. Ce séminaire, on l'a vu, grâce à l'exploitation du questionnaire, a recueilli un taux de satisfaction très élevé. Je pense que c'est vraiment une idée qui est à reconduire et j'ai cru comprendre que cette manifestation allait être reproduite en région PACA à l'initiative de l'Ecole de journalisme de Marseille. Vous avez fait des émules. Je pense que c'est une bonne chose.
La commission a suscité dans le monde des médias, souvent difficile pour la défense, un intérêt certain et c'est bien là son rôle.
Pour toucher la jeunesse, il ne suffit pas non plus de dire que les armées existent, il faut que les armées avec leur image d'engagement, de dévouement, de service puissent aller au devant de cette jeunesse. Le prix armées-jeunesse permet de récompenser les meilleures actions. On ne les a pas classées, mais en tout cas, on a marqué l'intérêt pour ces actions qui sont très diverses.
Ce qui prouve que la qualité des dossiers, plus nombreux chaque année, s'élève ; qu'il y a une dynamique qui est en marche au sein de nos unités, ce qui est évidemment une bonne chose et qu'au-delà de la professionnalisation, l'institution a renoué des liens avec la société civile.
Les travaux de réflexion de la commission que j'ai entendus - j'ai suivi avec beaucoup d'attention les conclusions qui nous ont été présentées par madame DESCHAMPS, monsieur CANCELLIERI et le premier-maître COGAN relatives aux trois sujets que le ministère avait souhaité traiter l'an dernier - étaient des thèmes à la fois complexes et délicats mais en même temps d'actualité.
Je vais vous donner quelques éléments de réponse du ministère sur ces propositions, mais je tenais d'abord à remercier les présidents pour leur présentation dynamique ainsi que pour l'investissement que représentent ces travaux. Je remercie aussi les membres des groupes qui, en participant aux travaux, ont bien voulu enrichir cette réflexion.
Concernant la reconversion des jeunes militaires qui ont conduit des carrières courtes, vous le savez, la question de la reconversion est une préoccupation essentielle du ministère. C'est à la fois une nécessité dans une armée professionnelle puisque une reconversion réussie est le gage d'un recrutement de qualité. Et je crois que la création récente de l'agence « Défense mobilité » est une preuve que le ministre a donné des orientations très fortes. D'ailleurs, vous avez indiqué, que le taux de reclassement réussi pour 2009 était de 70% : c'est un objectif très ambitieux, en effet, surtout compte tenu du contexte économique d'aujourd'hui. Mais c'est bien, à l'image de l'importance que le ministre accorde à cette fonction. C'est pour cela que l'agence « Défense mobilité » - c'était une de vos recommandations je crois - a regroupé l'ensemble des moyens des différentes armées et des différents services pour profiter d'un effet de mutualisation à la fois des moyens mais aussi de la connaissance des réseaux. A propos de l'observation que vous avez faite sur les signatures des conventions nationales avec des fédérations nationales, j'ajouterais qu'il ne fallait pas attendre de la signature de ces conventions des résultats immédiats. C'est plutôt un cadre qui a été défini par ces conventions qui doivent être déclinées localement.
En ce qui concerne les jeunes militaires, la piste de l'assouplissement de la barrière des quatre ans a mérité toute notre attention et la réflexion du ministère. Je crois que les pistes que vous avez ouvertes ou les propositions que vous avez faites devront être examinées avec attention à la fois par l'EMA, mais aussi par la DRH-MD et notamment par l'agence « Défense mobilité », pour envisager à la fois l'adaptation de l'outil et en même temps des textes en tenant comptent du retour d'expériences. Mais l'agence est jeune, sa création est récente et le retour d'expériences de terrain est à venir.
L'ouverture aux militaires du droit individuel à la formation est également une piste qui me paraît intéressante. Même sur une courte période on peut arriver à capitaliser un droit intéressant qui peut être modifié comme vous l'avez expliqué. L'exercice de ce droit peut permettre déjà, après une année d'exercice au sein de la défense, de reprendre contact peut-être avec le monde de l'entreprise avant de retourner à la vie civile.
Ces adaptations aux contrats de moins de quatre ans nécessitent évidemment une adhésion de l'ensemble de la hiérarchie et surtout une prise de conscience de l'encadrement que la bonne réussite de la reconversion de ces jeunes, est aussi une image positive à véhiculer à l'extérieur pour favoriser le recrutement. Il est vrai que les taux de candidatures que vous avez aussi mentionnés nous interpellent aujourd'hui.
Les propositions du groupe scolarité ont été reçues, vous l'avez dit déjà, il y a quelques mois. La possibilité d'une extension défense au bac professionnel sécurité est apparue particulièrement intéressante. Elle s'inscrit dans un schéma qui existe déjà, c'est pour cela que nous avons demandé au SGA de se rapprocher du ministère de l'éducation nationale - qui a été sensibilisé par la voie du haut fonctionnaire de défense - pour qu'une étude puisse être menée, sur la réalisation concrète de la création de cette nouvelle filière.
Pour l'ouverture de filières techniques dans les lycées de défense, c'est un sujet peut être un peu plus délicat en raison des coûts budgétaires et de l'absence de professeurs de l'éducation nationale dans certaines des spécialités. Néanmoins on peut, je pense, sur une filière ponctuelle, voir ce qu'il est possible de faire bien que la tendance soit plutôt à privilégier le recours à des contrats avec l'Education nationale comme cela est déjà réalisé à Conflans Sainte Honorine.
Pour les métiers sous tension, vous avez rappelé ce qui était fait à l'Ecole d'enseignement technique de l'armée de l'air à Saintes. Plusieurs filières sont possibles dans les écoles de formation de la défense comme à Bourges, à Querqueville ou à Rennes. Je rappelle simplement pour l'école des mousses, que c'est une réouverture. Cette école était fermée depuis de nombreuses années, elle va ré ouvrir à la rentrée de septembre 2009. Les renseignements vont très vite, vous avez cité effectivement 700 candidats pour 150 places et une liste complémentaire d'une centaine de candidats. C'est vraiment un succès. Cela répond vraiment à un besoin
Dernier aspect, enfin la tenue du colloque en 2010 qui réunira les acteurs de la défense et ceux des municipalités. Un tel colloque participe à l'élargissement de l'audience de la commission et je ne peux que me féliciter de ce sujet. J'ai compris que le programme de cette journée était déjà bien avancé ; il reste à en fixer la date. Le petit sondage que vous voulez réaliser sur la base d'un questionnaire, afin de bien cibler les attentes des jeunes est une bonne idée. Ce sera un indicateur intéressant pour notre ministère et sans doute utile pour ce qui concerne le programme des journées d'appel de préparation à la défense.
C'est une contribution indispensable au renforcement des liens entre la jeunesse et les armées bien sûr mais aussi pour impliquer les élus de proximité. Il est vrai que la réforme de l'outil de défense ne doit pas nous éloigner des acteurs de terrain, en particulier des élus.
Ce qui me paraît important dans la préparation de ce colloque, c'est aussi de bien réfléchir aux modalités de communication pour qu'il rencontre tout le succès qu'il mérite.
Quand au travail de la commission armées-jeunesse pour les années à venir les sujets ont été évoqués ; vous les avez présentés en début d'assemblée ; ils ont été discutés entre vous monsieur le président et le cabinet du ministre.
Le premier thème est d'actualité. Il est relatif à la condition militaire et plus particulièrement aux conditions de vie des foyers des jeunes officiers, sous-officiers et militaires du rang engagés sur les théâtres d'opérations extérieures. J'insiste sur ce point, c'est une préoccupation très actuelle et un certain nombre de questions se posent notamment depuis qu'il a été décidé d'étendre la durée des déploiements en Afghanistan de quatre à six mois. Et donc là, nous attendons un retour sur ces nouvelles conditions de vie parce que c'est un sujet important.
Le second thème de réflexion, qui est celui du rôle social des armées dans la nation, est assez vaste. Le général CHEVASSU a déjà largement décrit le dispositif du plan égalité des chances mais il n'y a pas que cela. Evidemment il faudra aller au-delà de ce plan égalité des chances, et explorer sans doute d'autres voies. Mais je sais que l'attention que vous portez aux thèmes d'étude, vous permettra sans doute de faire un très grand nombre de propositions.
Le troisième et dernier thème est la préparation d'un colloque qui aura lieu en 2011 et qui abordera l'enseignement de défense dans les universités. Je ne vais pas reprendre les éléments qui ont déjà été présentés, mais vous dire que cette question nous paraît importante. Parce qu'au delà de ce qui est présenté dans l'enseignement jusqu'en troisième et aussi un peu dans l'enseignement secondaire, il faut que la continuité soit assurée au niveau de l'université avec une présentation un peu différente des problématiques de défense dans les cycles L et M, licence et master de l'université.
Voilà, je ne voulais pas être trop long, vous dire simplement que les travaux de la commission armées-jeunesse ont une qualité qui est reconnue, vous encourager à poursuivre dans les voies que vous avez entamées et vous souhaiter bon courage pour les deux thèmes très vastes, que sont les questions posées en matière d'actions extérieures, de vie sociale de nos militaires et en même temps du rôle social de la défense
Merci".