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Intervention du contrôleur général des armées de La Giraudière, Conseiller social de monsieur Gérard Longuet, Ministre de la défense et des anciens combattants (2011)

Mise à jour  : 18/12/2019

Discours prononcé lors de la réunion plénière de la CAJ du 23 juin 2011

Amphithéâtre Des Vallières – Ecole militaire

Monsieur le président, mon général,

Messieurs les présidents,

Messieurs les officiers généraux,

Mesdames et messieurs les membres de la Commission armées-jeunesse,

Mesdames et messieurs,

Je voudrais, évidemment, tout d'abord vous exprimer les regrets du ministre qui n'a pas pu être présent ce soir. Comme je l'ai déjà dit au général de Rousiers et au général Lagrange, je vais essayer de placer la plénière de rentrée sur son agenda.

J'ai été très heureux de son souhait d'assister à la cérémonie de remise du prix armées-jeunesse la semaine dernière. Je sais qu'il a beaucoup apprécié la demi-heure qu'il a passée là-bas.

Nous continuerons sur ce sujet, la semaine prochaine, puisque nous préparons un déplacement du ministre à Marseille sur le thème de la jeunesse et de l'égalité des chances qui nous amènera à lui présenter à la fois le recrutement, l'EPIDe et la Journée Défense et Citoyenneté. Je pense qu'à la fin de la semaine prochaine, il aura une vision plus claire de l'offre de la défense à la jeunesse. Offre qui est absolument indispensable, parce qu'il n'est pas pensable d'imaginer une armée sans jeunesse, ou en tout cas pas longtemps.

Pour préparer la remise du prix armées-jeunesse, je relisais le décret fondateur de la Commission armées-jeunesse qui date de 1955, et je trouve qu'il n'a pas pris une ride. On y parle d'un officier général représentant de la jeunesse au niveau du ministère, mais surtout on y évoque la mission de la Commission armées-jeunesse qui est bien de traiter l'ensemble des problèmes qui se posent aujourd'hui à la jeunesse. Quand on parle des problèmes d'insertion, on voit bien que c'est typiquement un problème qui se pose à la jeunesse aujourd'hui, qui ne se posait peut-être pas à elle à un certain moment, ou pas dans les mêmes proportions.

Le positionnement de la Commission armées-jeunesse est original et remarquable, c'est ce que j'écrivais au ministre en lui disant qu'elle est une sorte de forum permanent et durable sur les problèmes de jeunesse depuis 56 ans. Sorte de forum permanent entre des institutions et des organismes qui, spontanément, n'auraient pas forcément vocation à se rencontrer d'une part, ou qui peuvent parfois entretenir de fausses idées les unes sur les autres.

Ce dont je suis intimement persuadé, c'est qu’en matière d'insertion des jeunes et de règlement des difficultés qui se posent  à la jeunesse, il n'y a pas de solution quand on travaille seul. Il n'y a de solution que quand on travaille en commun, quand pour la Défense on travaille avec les missions locales, quand on travaille avec les différentes instances qui sont en charge de l'insertion. L'insertion est un métier qui n'est pas le métier militaire. Nous avons des choses et des valeurs à échanger. Nous avons des compétences à échanger, mais en tous les cas nous ne réglerons pas les problèmes chacun tout seul dans son coin.

Ce qui m'a aussi  frappé la semaine dernière, lors de la remise du prix armées-jeunesse, c'est évidemment la relation avec l'Education nationale. Elle était marquante, illustrée par le prix du 4ème Régiment de Chasseurs dont l'initiateur est un professeur, officier de réserve dans ce régiment. Ce professeur est une passerelle entre le monde des armées et le monde de l'Education nationale, tout cela autour d'un même public, celui de la jeunesse. Public qui nous est absolument indispensable, et qui est indispensable tout simplement à l'avenir de notre pays.

L'utilité de la Commission armées-jeunesse comme organisme de réflexion n'est plus à démontrer. En attestent notamment les 70% de recommandations qui ont été mises en œuvre au cours des dernières années, notamment dans le cadre du Plan égalité des chances.

Comme les autres années, je ne doute pas que les travaux qui ont été réalisés au cours de cette année donneront lieu à réflexion. Ils ne seront peut-être pas repris dans leur intégralité évidemment. Ce que je remarque tout de même c'est que vous avez eu le souci de les rendre concrets, de les rendre utilisables, vous n'êtes pas partis dans des grandes inventions. Je crois que vous avez tout à fait raison d'être sensibles, notamment, au souci d'économie. Ce serait vraiment aller à l'encontre des temps présents que d'imaginer des choses demandant des moyens extraordinaires. Je crois intimement qu'un certain nombre de choses peuvent, grâce aux nouvelles technologies par exemple, être faites et coûter relativement peu. Quand on compare le prix d'un hebdomadaire ou d'un mensuel papier et celui d'une lettre électronique, cette dernière est considérablement moins chère, et permet en même temps de toucher beaucoup plus de monde.

Je vais reprendre à présent les thèmes qui ont été étudiés, les trois sujets qui nous ont été présentés puis je dirai un mot sur les fanfares.

Sur la réserve des jeunes, je crois qu'il y a une vraie utilité à ce sujet là. Pour avoir travaillé un petit peu sur les réserves, j'avais remarqué notamment ce que fait la Marine en matière d'entretien de son vivier. Cette armée considère qu'elle a un vivier de dizaines de milliers de personnes, d'anciens marins, de réservistes qui ont été sous ESR et qui ne peuvent plus parce que la vie professionnelle fait qu'ils ne sont plus disponibles pour poursuivre des activités de réserve. Pour ces gens-là, la Marine continue tous les six mois à leur envoyer une revue. Je crois que l'on va passer sans doute très prochainement à une lettre électronique. Cela est très important parce que c'est une manière de maintenir le lien avec des gens qui, pour des raisons qui leur sont propres et à un moment  donné, sont obligés de s'éloigner du monde de la défense. Je crois que c'est tout à fait l'optique qui est la votre, notamment dans la première partie, le niveau 1 de cette réserve "jeunes" que vous avez évoquée avec la question de l'information. Aujourd'hui, nous en avons les moyens, il faut inventer des choses nouvelles, nous avons des outils nouveaux, des défis à relever, et avec les outils que l'on a, on peut les relever en partie. Je crois, que nous avons là un vrai enjeu en constituant ce vivier de jeunes qui s'intéressent aux problèmes de la défense et qui sont informés de manière privilégiée sur les problématiques générales qui se posent à la défense. Ils sont aussi, effectivement, mis au courant des manifestations relatives à la défense, ou d'autres qui se déroulent à proximité de chez eux. Il faut qu'il y ait aussi une dimension locale, et je mets bien cela en lien avec ce qui a été aussi évoqué. On sait, aujourd'hui, que l'on a des petits déserts militaires qui se créent du fait du resserrement du dispositif. Nous avons besoin de les revivifier par autre chose. La présence ponctuelle de militaires d'active ou de réservistes mais aussi l'entretien d'un réseau sous la houlette du Délégué militaire départemental, par exemple.

Je note des chiffres ambitieux, extrêmement ambitieux par rapport à tout ce que l'on connait aujourd'hui. Il faudra poursuivre la réflexion. Je crois qu'avoir un deuxième niveau, qui est un niveau de participation, est aussi une distinction pertinente. En fonction de l'âge, en fonction encore une fois des disponibilités que l'on a, on peut ne vouloir que de l'information à un moment et être capable de s'engager et de participer davantage à un autre. Il faudra aussi prévoir que l'on puisse facilement basculer de l'un à l'autre. Sachant que les gens qui participent doivent apporter des compétences, et que pour apporter ces compétences, il faut que ces personnes soient formées. Vous avez tout à fait raison d'insister sur ce sujet là.

Les compétences ne sont pas forcement des compétences militaires, je pense à un brevet national de secourisme qui peut être délivré en milieu militaire. Il peut être très utile, lorsque surviennent des crises majeures, de disposer, aux côtés des services de secours, submergés par ces événements de grande ampleur, des gens qui sont formés.

Je crois qu'il est très important d'identifier et d'entretenir les compétences et de pouvoir les mobiliser quand on en a véritablement l'utilité. Je crois, tout à fait, qu'avec les systèmes d'information dont nous disposons aujourd'hui, c'est quelque chose que l'on doit être capable de faire au niveau local.

Voilà pour le premier sujet, merci pour cette réflexion. Je sais que toutes ces réflexions seront dans le rapport annuel de la Commission armées-jeunesse. Nous y ferons bon accueil quand elles arriveront au niveau du Cabinet. Je suis un anti "fire and forget". Je pense que quand des travaux ont été faits, quand des gens se sont donnés la peine de réfléchir et de passer du temps sur des sujets particuliers, la moindre des choses, c'est d'utiliser ces travaux et de leur donner des suites si l'on estime qu'ils sont pertinents et réalisables.

Le deuxième sujet était celui du devoir de mémoire  et du sens de la tradition nationale en se demandant s'ils étaient encore des facteurs de cohésion, avec toute la réflexion du président Wrzecian sur les dates à utiliser  pour cultiver ce devoir de mémoire.

Dans l'esprit de la citation proposée par monsieur Wrzecian dans son intervention, je me souviens de celle d'Alain Finkielkrault rappelant qu’ " Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre". Je note que nous avons eu un passé douloureux par moments. Je pense toujours à cette guerre de 1914-18 qui a marqué notre pays très durablement, qui a été  une souffrance que peu de pays au monde ont connue. Je crois pour ma part que la mémoire n'est pas « ringarde ». Elle nous porte vers l'avenir. Elle nous évitera de nous embarquer dans des affaires comme celles que nous avons déjà vécues et qui nous ont durablement affecté. Je crois à la postérité de vos travaux dans la mesure où je sens que nous sommes soumis à un agenda politique. Je sens que ce sujet est porté, entre le rapport Kaspi de 2008, le rapport Beaudouin de 2010, les travaux du comité d'entente menés autour de la journée nationale du souvenir.

Concernant cette journée, le ministre a fait connaître, à l'occasion de  l'assemblée générale de l'Union nationale des combattants, son engagement à porter le sujet de la journée nationale du souvenir. Nous notons aussi un intérêt grandissant  sur ces sujets qui fédèrent autour d'eux des acteurs de plus en plus nombreux. Je crois que ce sujet va connaître un fort développement, je ne puis vous dire si celui-ci interviendra dans les 6 mois ou dans un an. Il y a aussi sur ce sujet l'action des parlementaires. Je crois que les choses peuvent avancer.

Deux dates font consensus : le 14 juillet et le 11 novembre. J'étais cette année à Montmirail pour les cérémonies du 11 novembre. Le 11 novembre dans l'Est de Paris, dans les endroits où étaient les tranchées, où ont eu lieu des combats extrêmement violents, en général, il y fait froid, c'est une date où l’on « sent ». On sent un peu ce qu'ont vécu nos anciens dans les tranchées, dans les combats qu'ils ont mené dans cette région là.

Le 8 mai, je comprends que vous ayez des interrogations, parce qu'il y a le 9 mai derrière. Célébrer le 8 mai alors que l'on valorise la réconciliation franco-allemande, et que le lendemain, effectivement, il y a l'anniversaire du discours de M. Schumann, n'est pas évident. Je ne suis pas certain qu'à l'heure actuelle des décisions soient prises sur le 8 mai. Mai est un mois dans lequel nous le savons bien, il y a le 1er mai, parfois l'Ascension, parfois la Pentecôte. Ce n'est pas un mois où l'on travaille beaucoup…

Bref à suivre, merci à nouveau pour ces travaux.

Avant dernier sujet, l'événement 2012, j'ai envie de dire que l'événement que vous avez prévu, qui vise à regrouper de futurs responsables officiers et chefs d'entreprises (ou responsables de PME), est très alléchant. J'ai enseigné pendant cinq ans à Sciences- po, j'avais une vingtaine de jeunes, 14 étudiants "normaux", et 6 Saint-cyriens ou Saint-Cyriennes. Ce qui m'a toujours marqué dans cette conférence, c'est qu'en fait au début, on les identifiait très bien les uns et les autres, et qu'au bout de quelques temps nos Saint-Cyriens s'adaptaient assez vite, se laissaient un peu pousser la barbe, parfois les cheveux. Il y avait un mélange, une osmose qui se faisait, ils étaient très contents de venir passer 4-5 mois à Paris en faisant des études sérieuses tout en profitant de la vie parisienne. A notre époque j'aurais bien aimé faire cela ! Très vite, et passé les premiers moments à s'observer, ils se découvrent plein de points communs, ils appartiennent, cela a été dit aussi, à la même génération, ils sont les "mêmes". Ils ont des engagements différents, tout ça à la fin du semestre fait une ambiance formidable entre des gens qui s'entendent très bien et qui restent en contact. Je crois que l'approche consistant à réunir de jeunes officiers et sous-officiers en temps de responsabilité, et de jeunes responsables de PME en temps de responsabilité, est une approche très pertinente. Je suis intimement persuadé qu'un certain nombre des difficultés que rencontrent les uns et les autres dans la gestion de projet, dans les affaires de management, des ressources humaines ou de commandement pour les militaires sont communes. Je pense qu'ils vont avoir des choses à se dire. Le sujet est très intéressant et, encore une fois, très alléchant.

Le dernier sujet était celui du label pour les fanfares. Je crois que, pour participer à quelques cérémonies du 11 novembre en province, cela est une très bonne idée. D'une part, parce que cette initiative pallierait la réduction du nombre de fanfares disponibles dans les armées. Fanfares qui, quelquefois, font trois cérémonies dans la journée. Nous sommes aux limites de l'exercice, et là c'est le premier objectif auquel votre idée peut répondre. Le deuxième objectif concerne les fanfares locales. On sent qu'elles ont  beaucoup de bonne volonté, les tenues sont un peu disparates, et les instruments ne sont pas toujours ceux qui devraient être là. L'idée d'un label qui n'est pas contraignant peut-être une bonne idée. Nous n'imposons que peu de choses. On n'impose pas aux gens de rejoindre ce label. Peut-être faudrait-il proposer quelque chose en contrepartie ?

Je vais à présent vous parler rapidement des sujets 2011-2012.

Le ministre a validé les sujets qui avaient été proposés par la Commission armées-jeunesse. Sont retenus le "Service Militaire Adapté", "la défense et le Service Civique" et "la résilience". Comment faire participer les jeunes du primaire aux travaux sur la résilience ? Comment faire en sorte qu'ils soient sensibilisés très tôt à ces problèmes de résilience de la nation et quelle part pourraient-ils prendre dans cette capacité de résilience de la Nation ?

Sur les deux premiers sujets, que se soit le SMA ou la défense et le Service Civique, on est vraiment dans la relation avec la jeunesse, dans l'offre de la Défense à la jeunesse. Le sujet SMA est clair dans le contexte bien particulier qui est celui de l'Outre mer et dans le contexte des objectifs qui lui sont fixés, dans la mesure où on va toucher le territoire métropolitain. Il faudra, sans doute, insérer un certain nombre d'ultramarins en métropole parce que les débouchés seront insuffisants en Outre-mer. Cela est un vrai sujet, un beau sujet qui arrive. La tâche est lourde pour  le général Artur, mais il sera aidé par les réflexions de la Commission.

Pour le Service Civique, il y a quelque chose à faire avec la Défense. Dans ce sujet, des réflexions ont déjà été menées. En termes d'effectifs, en termes de problématiques de service civique au profit de la défense, je crois que l'on peut aller beaucoup plus loin. Le ministère sera très en attente du résultat des travaux de la Commission armées-jeunesse à cet égard.

Pour terminer, je voulais m'associer aux remerciements qui ont été exprimés tout à l'heure envers le général Lagrange qui a tenu la Commission armées - jeunesse, dans son exécution, dans son travail quotidien, dans l'organisation des événements, des réunions des groupes de travail pendant 6 années.

Six années d'engagement et d'action qui font suite à sa carrière militaire, qui la prolongent. J'ai envie de dire, d'ailleurs, que la tenue qu'il porte en est un peu la manifestation.

Je voulais le remercier pour son investissement personnel, pour cette double qualité, attachement aux armées et ouverture aux jeunes. Qualités qui sont indispensables au bon fonctionnement de la Commission armées - jeunesse.

Merci à nouveau, mon général.

Merci pour votre attention