Pour la première fois depuis la création du service d’infrastructure de la Défense, en 2005, le directeur central est un général de l’armée de l’air. Le général Gérard Vitry, qui occupait auparavant le poste de directeur régional du service d’infrastructure à Bordeaux, a pris ses fonctions en août 2009. Entrevue.
Mon général, quel bilan tirez-vous de votre première année à la tête du service d’infrastructure de la Défense (SID) ?
Général Gérard Vitry : Ce fut une année particulièrement dense. Il faut satisfaire les besoins des forces liés à la mise en œuvre de la nouvelle carte militaire tout en réorganisant l’ensemble du SID pour l’adapter à la nouvelle organisation des armées et plus généralement du ministère. J’ai pu mesurer le haut niveau, tant au plan technique qu’administratif, ainsi que le savoir faire de l’ensemble du personnel du SID qui nous permettront de tenir les objectifs assignés. L’excellent état d’esprit qui anime ce jeune service créé en 2005, mérite aussi d’être tout particulièrement souligné. Je suis certain que, comme nous le demande le ministre de la Défense, le SID deviendra le référent unique du ministère en matière d’infrastructure et sera placé au centre de la fonction.
Quelles sont les origines du service d’infrastructure de la Défense ?
Dès 1972, il était envisagé de mettre en place un service d’infrastructure unique au sein du ministère de la Défense. Ce projet a mûri pendant plus de 30 ans avec, notamment, la création de comités de coordination pour rapprocher les services d’infrastructure des différentes armées. En 2005, sous l’impulsion de Madame Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense, le SID a finalement vu le jour. Antérieur à la RGPP (révision générale des politiques publiques), il est le résultat de la stratégie ministérielle de réforme de l’époque.
Depuis 2005, le SID a changé les appellations de ses organismes dans un souci d’harmonisation. Comment le SID est-il actuellement organisé ? Des évolutions sont-elles encore envisagées ?
Pour plus de clarté, je tiens d’abord à présenter sommairement l’ancienne organisation. Nous avions un réseau «travaux maritimes» avec principalement deux directions régionales (Brest et Toulon), un réseau «génie» avec cinq directions régionales et 17 établissements auxquels il faut ajouter un réseau d’une trentaine de directions départementales du territoire pour le soutien des bases aériennes plateformes. Aujourd’hui encore, je suis à la tête d’une direction centrale et de ces trois réseaux, et ce jusqu’à la fin de l’année 2010. La nouvelle organisation est rationalisée et cohérente. Elle sera constituée d’une direction centrale, de son service technique puis de sept établissements du service d’infrastructure de la Défense (ESID) qui mettront en oeuvre une unité de soutien d’infrastructure de la Défense (USID) sur chaque base de Défense. Le format définitif du SID sera effectif au terme de la RGPP, en 2011.
Parmi vos dossiers les plus importants du SID, quels sont ceux qui concernent l’armée de l’air ?
Nous sommes actuellement responsables de plusieurs projets de restructuration au profit de l’armée de l’air. Tout d’abord, nous travaillons sur le transfert d’importantes unités opérationnelles de la base aérienne de Metz vers celle d’Évreux. Cette opération représente un coût de l’ordre de 130 millions d’euros. D’autres projets sont liés à l’arrivée de nouveaux systèmes d’arme. Ainsi, nous sommes en charge des réalisations infrastructures pour l’accueil du Rafale sur la base aérienne de Mont-de-Marsan ainsi que du SAMP/T (système sol-air moyenne portée / terre) sur la base aérienne d’Avord. Nous étudions également l’accueil de l’A400M sur la base aérienne d’Orléans.
Quel est votre rôle dans le projet Balard 2015 pour le regroupement du ministère de la Défense ?
Une structure a été créée pour piloter ce projet. Il s’agit de la délégation pour le regroupement des états-majors et services centraux de la Défense (DRESD), avec laquelle, nous agissons en interface. Une équipe nommée «Balard» existe au sein de la direction centrale du SID. Sa fonction est d’activer tout le réseau infrastructure au profit de la DRESD. Cette cellule favorise l’avancement des études et participe au dialogue compétitif actuellement en cours en vu de sélectionner l’opérateur en 2011.
Le SID a-t-il une démarche en faveur du « développement durable » ?
En matière de développement durable, nous menons sous l’autorité du haut fonctionnaire au développement durable du ministère (Monsieur Éric Lucas, DMPA) une véritable politique allant du diagnostic des installations existantes à la conception des bâtiments (haute qualité environnementale (HQE), basse consommation, énergie positive…). Nous formons également nos spécialistes pour concevoir ces bâtiments. Actuellement, nous étudions 37 projets de bâtiments HQE et quelques projets de basse consommation. Par ailleurs, nous devons acculturer le commandement à cette nouvelle approche. En termes d’investissement, cette démarche engendre un surcoût mais en termes de fonctionnement, ces bâtiments promettent des performances extraordinaires.
Quel est le lien entre les compagnies d’infrastructure opérationnelle (CIO), le génie de l’air et le SID ?
D’abord, il faudrait parler de la fonction infrastructure au sein du ministère de la Défense. Le SID représente 4300 personnes sur les 11500 qui composent la fonction «infrastructure». Ainsi, le génie de l’Air et les CIO ne relèvent pas du SID mais du commandement du soutien des forces aériennes (CSFA). Nous pouvons néanmoins utiliser leurs capacités de réalisation en opérations extérieures. En résumé, nous concevons une opération, nous utilisons les CIO ou le génie de l’air comme une «entreprise militaire» dans le cadre d’une maîtrise d’œuvre assumée par le SID. Ce dernier point s’illustre par l’exemple de la piste de Douchanbé où nous avons conduit l’opération tandis que le génie de l’air a réalisé les travaux.
Comment les unités de soutien d’infrastructure de la Défense s’intègreront-elles au sein des bases de Défense (BdD) ?
Le principe consiste à doter chaque base de Défense d’une USID afin que son commandant puisse bénéficier de conseils d’experts dans le domaine «infrastructure». L’unité de soutien d’infrastructure de la Défense ne dépendra pas hiérarchiquement du commandant de la BdD, elle sera rattachée à l’établissement du SID qui la soutient. Elle offrira au commandement des solutions aux problèmes d’entretien, de maintenance ou encore de programmation des opérations d’infrastructure et lui apportera, en liaison avec l’ESID, toute l’assistance nécessaire à l’élaboration du schéma directeur de la BdD.
Quels sont les avantages d’un service d’infrastructure unique ?
Aujourd’hui, l’atout majeur du SID est de fédérer l’ensemble des réseaux issus des directions centrales d’armées apportant ainsi souplesse d’emploi et réactivité. Par exemple, sur la base aérienne de Villacoublay, pour orchestrer la restructuration et l’accueil d’unités, la direction régionale d’Île-de-France et l’établissement de Versailles ont été intégrés aux projets et prennent en charge une partie des travaux prévus. Auparavant, outre vaincre certaines réticences, il fallait établir un protocole. La mutualisation des savoir-faire et la mise en commun des expériences permet de s’adapter rapidement lorsque le plan de charge l’exige. Notre service est interarmées mais il doit être en mesure de comprendre et d’appréhender les problèmes de chaque armée. Le défi est de ne pas perdre de vue les spécificités de l’armée pour laquelle nous œuvrons.
Propos recueillis par l'adjudant Jean-Laurent Nijean
Sources : Sirpa Air
Droits : Armée de l'Air et de l'Espace