Un aviateur se penche sur l’«Esprit de Défense»

Dans un amphithéâtre de la faculté de Besançon, un jeune homme donne un cours face à une trentaine d’étudiants. Les élèves semblent absorbés. Le sujet du jour ? L’esprit de Défense, les relations internationales et le lien armée-Nation. Ce professeur n’est autre que le commissaire capitaine Romain Petit. En plus de sa fonction de militaire, l’homme cumule de nombreuses casquettes : auteur, chercheur associé à l’institut d’Études politiques d’Aix-en-Provence, collaborateur pour de nombreuses revues spécialisées Défense comme « Défense Nationale » et « Penser les ailes françaises ». Au cours de l’entretien, il confie : « Je me suis rendu compte que les citoyens sont curieux du monde de la Défense. Depuis notre engagement en Afghanistan et en Libye, l’armée intéresse de plus en plus les étudiants auxquels j’ai l’honneur de m’adresser ».
Depuis 2009, le jeune officier a été consacré. Il est l’auteur d’un livre de 315 pages, intitulé « L’esprit de défense à l’épreuve de la professionnalisation de l’armée française. Transformation d’un appareil d’État singulier 1996-2007 ». « Ce fut un véritable honneur pour moi, jeune capitaine, de pouvoir être publié aux éditions CCM », lance-t-il plein d’entrain.  Cet ouvrage n’est autre qu’un condensé d’une thèse que l’officier a écrite au cours d’un doctorat mené de front pendant trois années à l’institut d’études politiques d’Aix en Provence, en parallèle de sa carrière militaire. « Ce livre est un résumé de mon travail de recherche, explique-t-il. Ma thèse fait 500 pages. Pour cet ouvrage, j’ai dû faire des choix et publier l’essentiel ».

Pourquoi avoir traité d’un sujet si spécifique ? À cette question, l’auteur rétorque : « « L’esprit de Défense » est une expression souvent usitée mais, finalement, peu de recherches ont été consacrées à ce sujet. À travers mon étude, j’ai tenté de comprendre l’impact de la suspension de la conscription sur l’institution militaire». Dans ce dessein, le chercheur a réalisé une enquête auprès d’une centaine de militaires tous grades confondus ainsi que du personnel civil. Un travail fastidieux, une enquête minutieuse pour un résultat convaincant.
Difficile d’être indifférent devant le dynamisme de ce commissaire. Comme Obélix, l’homme semble être tombé dans la marmite « militaire » dès son plus jeune âge : « Je viens d’une famille qui compte des militaires dans ses rangs. Le frère de mon grand-père est mort au combat en Indochine. À 19 ans, j’ai effectué une préparation militaire qui m’a conforté dans ma conviction d’intégrer l’armée française ».  Les sujets militaires sont devenus pour lui une véritable source d’inspiration. Actuellement, l’officier planche sur deux nouveaux ouvrages qui devraient bientôt arriver sur le marché du livre. « L’un d’entre eux met en exergue les liens unissant l’armée de l’air et l’espace, l’autre compare la spécificité militaire de 1790 à nos jours », précise le capitaine Petit.
Malgré le soutien de l’institution, le capitaine tient à réaliser l’ensemble de ses travaux sur son temps libre et ses vacances. Depuis peu, il est devenu papa… : « ce qui me permet de me lever la nuit quand mon fils se réveille et d’en profiter pour travailler. Mon secret ? Je n’ai pas besoin de beaucoup dormir ! ». Alors quand bébé se rendort… papa écrit !