Samedi 12 mars 2011, le lieutenant-colonel Philippe Cavalier s’est rendu au musée de l’air et de l’espace du Bourget, à Paris, à l’occasion du mois de l’hélicoptère. Chef de la composante « hélicoptère » du commandement des forces aériennes, il évoque les missions et les enjeux de l’armée de l’air du côté des voilures tournantes. Interview.
Mon colonel, pourquoi avoir répondu présent à l’évènement du mois de l’hélicoptère ?
Lieutenant-colonel Cavalier : Traditionnellement, l’armée de l’air répond systématiquement aux invitations qui concernent le monde des voilures tournantes pour lequel elle a joué un rôle précurseur, tant dans son utilisation pour le service public, que dans son emploi opérationnel et tactique. La journée d’aujourd’hui souligne également l’intérêt grandissant que portent le monde de l’aéronautique et le public pour ces « drôles de machines », dont l’emploi et l’exploitation suscitent toujours autant de curiosité et d’interrogations. La maniabilité de ces aéronefs en stationnaire permet à l'hélicoptère de se poser ou d’intervenir dans des zones inaccessibles pour un avion classique, offrant aux unités combattantes un réel avantage tactique, et au public, un contact privilégié lors des évènements ou des manifestations aériennes. Ces aéronefs maintiennent ainsi un lien armée/Nation important.
Quels sont les hélicoptères que met en œuvre l’armée de l’air ?
L’armée de l’air dispose de deux types d’hélicoptères. D’un côté, les hélicoptères Fennec dit « légers » en raison de leur masse et de leur capacité d’emport. De l’autre, des hélicoptères de manœuvre (Puma, Super Puma, Cougar et Caracal) capables d’emporter en soute des commandos, des matériels, des armements plus lourds voire des équipements atypiques comme une perche de ravitaillement en vol. Les hélicoptères Fennec offrent de leur côté des configurations d’emploi multiples, allant du simple transport de passagers à l’emport d’un canon 20 mm, d’une caméra thermique ou de tireurs embarqués, avec des capacités certes plus limitées mais surtout avec des coûts d’exploitation beaucoup plus faibles. Il existe également une troisième catégorie d’aéronefs que ne possèdent pas encore les armées mais qui intéressent fortement les états-majors, ce sont les hélicoptères lourds dont la masse maximale au décollage dépasse les 15 tonnes. Ceux-ci offrent des capacités d’intervention de troupes ou d'emport de matériels beaucoup plus importantes et plus cohérentes avec le besoin des forces au sol.
Quelle place tient l’hélicoptère au sein de l’armée de l’air ?
L’hélicoptère constitue la troisième composante aérienne de l’armée de l’air avec une flotte de près de 85 aéronefs dont la moitié est constituée d’hélicoptères de manœuvre. C'est un vecteur qui ne vient pas remplacer ou suppléer un vecteur déjà existant. Il vient compléter une part des interventions confiées à d'autres moyens aériens. Avec sa maniabilité, l'hélicoptère complète une partie du monde aéronautique là où les voilures fixes ont des capacités plus réduites. Cette manœuvrabilité explique l'importance des missions confiées aux équipages d'hélicoptères. Les plus importantes d'entre elles sont les missions d'intervention, d'aide aux populations, de secours et de service public. C'est le premier rôle que l'armée de l'air a fait jouer à l'hélicoptère dans son histoire. Par exemple, durant la guerre d'Indochine, de nombreux aéronefs avaient été acquis afin de récupérer des blessés au combat. Ainsi, de nombreuses personnes ont été sauvées ou récupérées, qu'il s'agisse de militaires, de pilotes ou même d'équipages éjectés en zone de combat. Malgré tout, les missions n'ont jamais cessé d'évoluer en même temps que les qualités et les capacités de l'appareil. Plus l'appareil est devenu performant, plus ses missions se sont diversifiées. Aéronef de haute technologie avec des systèmes automatiques, le Caracal est, par exemple, un outil dans la continuité de cette évolution.
Quels sont les grands défis de l’armée de l’air dans le domaine des hélicoptères ?
Ses grands défis sont notamment axés autour du pôle "hélicoptère" d'Orange. Pour être optimisée, une flotte doit être regroupée autour de ses zones d’interventions. Ainsi, dans le cadre des mesures actives de sûreté aérienne (MASA), les bases aériennes d’Orange et de Villacoublay présentent des atouts majeurs pour intervenir rapidement en vallée du Rhône et en région parisienne. Orange présente également l’intérêt d’offrir au centre d’instruction des équipages d’hélicoptères (CIEH), actuellement à Metz, un environnement pédagogique intéressant, grâce à la proximité du milieu maritime et montagneux. Ce regroupement débutera à compter de la mi-juillet 2011, et s’achèvera aux alentours de mi-août. Co-implanté avec un escadron de soutien technique mixte (Fennec/Mirage 2000), Orange permettra une optimisation des moyens en personnel et en maintenance, avec un parc de 17 Fennec mis en oeuvre. Jamais une telle concentration de Fennec n’aura été atteinte dans l’histoire des hélicoptères de l’armée de l’air !
Propos recueillis par Mlle Jennifer Bourand
Sources : Armée de l'Air et de l'Espace
Droits : Armée de l'Air et de l'Espace