08/10/64 - 08/10/64
8 octobre 1964
Les Forces aériennes stratégiques (FAS) représentent la composante nucléaire permanente de la force de dissuasion nucléaire. Elles assurent, sans discontinuité depuis 1964, la posture nucléaire avec des atouts spécifiques et complémentaires à ceux de la Force océanique stratégique (FOST).
La dissuasion nucléaire est la clef de voûte de la stratégie de défense et de sécurité de la France. Cette mission, ininterrompue depuis 55 ans, permet au Président de la République de garantir en toutes circonstances la liberté d’appréciation, de décision et d’action de la France dans ses responsabilités internationales. Les FAS garantissent de manière permanente le contrat de posture qui leur est assigné par le Président de la République.
Dans ce cadre, sous l’autorité du chef d’état-major des armées qui prépare les plans d’emploi, les directives opérationnelles et fait exécuter les opérations nécessaires à la mise en œuvre des forces nucléaires, le général commandant les FAS est responsable de la mise en condition opérationnelle des moyens dont il dispose et du suivi de l’exécution des missions.
Vendredi 4 octobre 2019, le commandement des forces aériennes stratégiques a fêté ses 55 ans. À cette occasion, une cérémonie était organisée sur la base aérienne 113 de Saint-Dizier, en présence de Florence Parly, ministre des armées et du général Philippe Lavigne, chef d’état-major de l’Armée de l’air (CEMAA).
En présence de nombreuses autorités civiles et militaires, les forces aériennes stratégiques ont fêté leurs 55 ans sur la base aérienne 113 de Saint-Dizier. « Depuis 55 ans, votre mission est un défi permanent, une prouesse couronnée de succès. Un défi technologique complexe, qui de toute évidence, ne cessera jamais. Un défi opérationnel, toujours plus exigeant » a déclaré Florence Parly, ministre des armées, dans son discours.
En effet, depuis le 8 octobre 1964, les forces aériennes stratégiques (FAS) assurent la permanence opérationnelle de la composante aéroportée de la dissuasion nucléaire française marquée, en cette année anniversaire, par le franchissement symbolique des 20 000 journées de permanence ininterrompue. Une longévité qui s’explique avant tout par la capacité d’adaptation des FAS qui ont toujours su s’ajuster aux évolutions du contexte stratégique et aux défenses adverses. Le passage au « tout Rafale » et l’arrivée de l’A330 Phénix dans l’Armée de l’air au cours de l’année 2018 en est l’exemple.
Au cours de son allocution, le général Philippe Lavigne, CEMAA, a tenu à rendre hommage « aux hommes et aux femmes qui servent, depuis 1964, au sein des FAS (…) Sans interruption, les équipages, les mécaniciens, les armuriers, les opérateurs du renseignement mettent en œuvre la dissuasion nucléaire, qui apporte à la France la maîtrise de sa souveraineté et garantit la paix à nos concitoyens ».
Cette journée anniversaire a été marquée par plusieurs créations :
- Le 1er escadron de ravitaillement en vol (ERV) et de transport stratégique Phénix qui reprend les traditions de l’ERV 2/91 « Bretagne » ;
- L’ERV « Sologne » qui opérera sur C-135 ;
- L’escadron de soutien technique aéronautique 15/31 « Camargue » pour l’A330 Phénix.
Jeudi 3 octobre 2019, l’A330 Phénix a été déclaré opérationnel pour la mission de dissuasion nucléaire. Il fait à présent partie intégrante du dispositif des forces aériennes stratégiques.
Après un an d’expérimentation, le centre d’expertise aérienne militaire a validé la première capacité opérationnelle nucléaire (PCO NUC) de l’A330 Phénix dont le premier exemplaire a été livré le 2 octobre 2018 à l’Armée de l’air. Cela signifie qu’il est désormais apte à réaliser la mission de dissuasion nucléaire depuis la base aérienne 125 d’Istres (BA 125) et intègre des capacités de ravitaillement en vol intra et inter-théâtre ainsi que de transport stratégique.
Avion multirôles, l’A330 Phénix remplacera à termes les Boeing C-135 du groupe de ravitaillement en vol 2/91 « Bretagne », les Airbus A310 et A340 de l’escadron de transport 3/60 « Esterel » dont la déflation a d’ores et déjà commencé. Ce nouvel appareil garantira la réactivité, l’allonge et l’endurance afin d’assurer les différentes missions des forces aériennes stratégiques. D’ici 2023, la flotte Phénix permettra de projeter aux antipodes 20 Rafale en 48 heures.
Le 14 avril 2018, la France déploie un dispositif de 17 avions pour frapper deux sites de productions d’armes chimiques syriennes sur les sites de Barzé et de Him Shinshar lors d’une opération menée en coopération avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Par ce raid nocturne de 7 000 km et de plus de 10 heures, mené sans escale grâce aux C-135 des Forces aériennes stratégiques, l’armée de l’air a fait la démonstration de son autonomie stratégique et de son savoir faire lors d’une opération conventionnelle d’envergure.
Au cours des dix heures suivantes, le dispositif progresse jusqu’aux eaux internationales. Dans la nuit du 13 au 14 avril, après plusieurs jours de préparation, 17 avions dont 11 appareils des Forces aériennes stratégiques décollent des bases aériennes de Saint- Dizier et d’Istres pour intégrer le raid en direction de la Syrie. Le raid se compose de 5 chasseurs-bombardiers Rafale armés chacun de 2 missiles SCALP (Système de Croisière Conventionnel Autonome Longue Portée, d’une portée de 250km), 4 chasseurs d’escorte Mirage 2000-5 de l’Escadron de chasse 1/2 Cigognes, 6 ravitailleurs C 135 FR du Groupe de ravitaillement en vol Bretagne et 2 AWACS E-3F de la 36e EC2A.
« Cercle vertueux entre mission de dissuasion et opérations conventionnelles »
Au cours des dix heures suivantes, le dispositif progresse jusqu'aux eaux internationales jouxtant les côtes syriennes, ravitaillé trois fois par les C-135 FR. La présence des ravitailleurs confère au raid français son allonge stratégique, lui permettant d’opérer depuis le territoire national.
Les savoir-faire historiques en matière de raids aériens lointains hérités de la composante aérienne de la dissuasion nucléaire illustrent le cercle vertueux entre mission de dissuasion et opérations conventionnelles.
« Hamilton met en évidence l’autonomie d’action que confèrent les capacités de projection à longue distance »
Au cours de la nuit, 9 missiles SCALP des Rafale français atteignent leurs cibles, détruisant les sites de stockage et de production d’armes chimiques désignés par le président.
De nouveau ravitaillé par les C-135 FR, le raid français a pu regagner le territoire national au terme d’une opération de plus de 10 heures sans escale, après plus de 7 000 km parcourus. Cette opération met en évidence la dimension stratégique de la puissance aérienne et l’autonomie d’action que confèrent les capacités de projection à longue distance. Par la réussite de l’opération Hamilton, la France a démontré sa capacité à exploiter son expertise stratégique pour mener à bien des missions conventionnelles dans un environnement interallié.
Du 15 au 17 janvier 2019, l’A330 Phénix s’est posé sur l’île de La Réunion, au détachement air 181 « Roland Garros » à Saint-Denis. Cette première mission de projection longue distance intervient dans le cadre de l’exercice «Marathon Monfreid».
Entré dans les forces au mois de septembre 2018, l’A330 Phénix est conçu sur un modèle d’avion civil adapté aux besoins spécifiques de l’Armée de l’air. Pour sa première mission opérationnelle l’équipage, composé de cinq pilotes, deux ARO (air refueling operator) et de quatre personnels sécurité cabine, a réalisé un vol de près de onze heures sans escale pour rejoindre l’île française.
Avion multirôles, le Phénix a rejoint les deux Rafale de la 4e escadre de chasse de Saint-Dizier venus de Djibouti, avant de rejoindre La Réunion le 15 janvier dernier. Le 17 janvier, il a entamé le convoyage de retour vers la métropole, lequel a nécessité cinq ravitaillements des Rafale dont deux effectués par le nouvel avion à l’aide de deux nacelles de ravitaillement souples, capables de ravitailler en vol les deux chasseurs simultanément.
À bord, 2,8 tonnes de fret, 55 passagers et 96,2 tonnes de carburant dont 15 tonnes distribués. Cette première mission de convoyage constitue une étape importante dans le processus d’expérimentation mené par le centre d’expertise aérienne militaire (CEAM). À la fin de l’année 2019, l’A330 Phénix rejoindra officiellement la 31e escadre aérienne de ravitaillement et de transport stratégiques. À terme, la flotte sera composée de 12 appareils (puis 15) et stationnée sur la base aérienne 125 d’Istres, dont le rôle de «hub logistique» sera décuplé.
"Excalibur" ou comment l'Armée de l'air se prépare à un raid nucléaire ?
Retour en images sur ce tir d'évaluation des forces.
Le 8 octobre 1964 est la date historique de la première alerte. 64 Mirage IV étaient sur les bases aériennes, et formaient avec les C-135 un système d'armes capable de décoller avec un préavis de quinze minutes.
55 ans plus tard, les FAS célèbrent leurs 55 ans avec un nouveau système dual composé du Rafale B et du Phénix.
Les Forces aériennes stratégiques ont connu plusieurs époques, marquées chacune par un système d'arme :
L'arrivée dans les Forces aériennes stratégiques du Phénix en remplacement du vulnérable C135 marque l'accomplissement d'un cycle de modernisation, et au-delà, signe pour l'Armée de l'air le début d'une nouvelle ère.
Pour entretenir leurs capacités opérationnelles, les Forces aériennes stratégiques participent à plus de 70 manoeuvres chaque année, soit plus d'un exercice par semaine directement lié à la dissuasion nucléaire. Ces exercices se déclinent à différents niveaux qui rythment les opérations des FAS dont l'exercice Poker.
15 MRTT ont été commandés par l'Armée de l'air. 12 d'entre eux seront reçus d'ici à 2023. Ces 15 derniers permettront à l'Armée de l'air de projeter 20 Rafale à 20 000 km en 48h, tout en tenant le contrat de posture.
Nommé le 1er 1964, le général Philippe Maurin est le premier commandant des FAS, relevant du Président de la République, il reçoit de lui les ordres de tenue de posture, l'affectation des objectifs et, en cas de nécessité, l'ordre d'engagement des forces. Il rend compte au chef de l'État de la disponibilité des moyens, et en cas d'engagement, de l'exécution de l'ordre.
Aujourd'hui, le commandant des FAS est le général de corps aérien Bruno Maigret.
La prise d'alerte, en 1964, durait une semaine. Du lundi au lundi, l'équipage et les mécaniciens ne pouvait pas sortir de la zone d'alerte.
Avec près de 1900 Aviateurs, les FAS sont composées d'un état-major situé sur la base aérienne 107 de Villacoublay, d'un centre d'opérations à Taverny et un de dévolution à Lyon Mont-Verdun. Elles évoluent sur trois bases à vocation nucléaire : Avord, Istres et Saint-Dizier.
Les escadrons de chasse 1/4 "Gascogne" et 2/4 "La Fayette" sont dotés d'une flotte de Rafale B stationnée sur la BA 113 de Saint-Dizier tandis que le groupe de ravitaillement en vol 2/91 "Bretagne" dispose d'une flotte de quatorze C-135 sur la BA 125 d'Istres.
Le commandement des Forces aériennes stratégiques se situe sur la base aérienne 107 de Villacoublay, au centre d'opérations à Taverny et au centre de dévolution à Lyon Mont-Verdun.
Le Mirage 2000N a servit 30 ans au sein de l'Armée de l'air. Il a été retiré des Forces fin août 2018.
L'A330 Phénix, dans sa version "full pax", peut accueillir jusqu'à 272 passagers.
Le Phénix, oiseau mythologique, est la parabole de ce nouvel avion, symbole fort de la résilience. Ce nom souligne la volonté d'associer le caractère légendaire de cet oiseau avec un avion qui représente une avancée remarquable en termes de performance.
Source : Armée de l'Air et de l'Espace
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