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Le drone Harfang au cœur d'Harmattan

Mise à jour  : 31/08/2011 - Direction : Armée de l'Air et de l'Espace

Mercredi 24 août 2011, il est 19h00 lorsque le drone Harfang se pose sur la piste de la base italienne de Sigonella, en Sicile. Après une première mission opérationnelle de près de 18 heures au-dessus du territoire libyen, les mécaniciens de l’escadron de drones 1/33 « Belfort » rentrent l’aéronef dans son abri afin de le préparer pour sa future mission. Retour sur un nouveau moyen engagé par la France dans les opérations au-dessus de la Libye.

Deux semaines plus tôt, le chef du détachement français a accueilli ces vingt-cinq nouveaux aviateurs de l’escadron de drones afin de les intégrer rapidement à leurs collègues qui mettent en œuvre les cinq Rafale depuis le début du mois de juillet. Afin de respecter les échéances, l’équipe technique s’organise pour mener de front l’installation de la zone opérationnelle. Dès la fin de la construction du hangar, le moteur du drone est testé. « Tout va bien, il tourne comme une horloge » se rassure le capitaine C., chef des services techniques du 1/33. Le personnel opérationnel doit, quant à lui, définir, en coordination étroite avec les autorités italiennes, les zones de l’espace aérien italien dans lesquelles évoluera le drone pour rejoindre la zone d’opérations. La réglementation est stricte, en particulier lors des transits à proximité de l’aéroport de Catane, situé à 25 kilomètres au nord est de Sigonella, et dans l’espace aérien maltais. Ainsi, les opérateurs de vol, les officiers renseignement et les interprétateurs photos exploitent la documentation avec l’exploitant renseignement afin d’assimiler les règles d’emploi du drone sur le théâtre d’opérations. Ils épaulent également l’équipe des systèmes d’information et de communication afin que les réseaux dédiés puissent fonctionner au plus tôt.

À l’aide des coordonnées géographiques précises, recueillies par quatre géographes du 28e régiment de topographie de Haguenau, les mécaniciens et le chef des opérateurs de vol renseignent le système afin de permettre le décollage et l’atterrissage automatique de l’aéronef. Les mécaniciens peuvent alors débuter la connexion du drone avec son poste de pilotage. Ce sont à la fois les liaisons directes, via l’antenne LOS positionnée à côté de la station de contrôle, et indirectes, via un satellite géostationnaire permettant de s’affranchir du relief et des distances, qui doivent être testées.

Le 20 août, soit douze jours après l’arrivée du personnel de l’escadron, les autorités italiennes représentées par le commandant de la base de Sigonella, le commandant du contrôle aérien et un expert drone venu spécialement de l’état-major italien ont rejoint toute l’équipe du détachement Harfang pour assister au premier décollage. L’opérateur de vol aux commandes effectue les premiers tests du système. Via la radio, il demande aux mécaniciens, positionnés près du drone, s’il peut le mettre en route. Le moteur démarre, le roulage peut débuter. Les contrôleurs aériens autorisent l’opérateur à se rendre au point de décollage. Les spectateurs sont stupéfaits de voir cet aéronef, sans pilote à bord, se comporter comme n’importe quel autre aéronef. L’espace aérien étant ségrégué, il faut attendre que les avions de ligne commerciaux soient posés à Catane. Quelques minutes plus tard, les autorités italiennes présentes dans la station de contrôle suivent avec intérêt la phase de décollage automatique, ainsi que la facilité avec laquelle l’opérateur reprend le pilotage de l’avion une fois celui-ci en l’air.

Au même moment, à 60 kilomètres au nord de Sigonella, le volcan Etna se réveille. Une éruption exceptionnelle projette dans l’atmosphère une épaisse fumée blanche qui finit par former un champignon gigantesque. Le moment étant venu de tester la caméra MOSP dans son mode optique et infrarouge, des prises de vues de ce phénomène naturel impressionnant sont réalisées avant de revenir vers la piste pour amorcer la phase d’atterrissage. Une fois dans l’axe, l’opérateur sélectionne le mode atterrissage automatique. Le pilote reste attentif à toute défaillance éventuelle au cas où il lui faudrait reprendre la main sur le pilote automatique.

Il faut maintenant préparer le premier vol opérationnel qui doit avoir lieu trois jours plus tard. Le temps nécessaire au centre de coordination des opérations aériennes (Combined Air Operations Centre – CAOC) de l’OTAN, situé à Poggio Renatico au nord de l’Italie, pour insérer ce nouvel aéronef au sein des moyens de reconnaissance et de surveillance engagés par les nations de la coalition au-dessus du territoire libyen. La transmission instantanée de la vidéo du drone à ce centre d’opérations est l’une des clés de la réussite de la mission, car cela donne au CAOC les moyens de suivre et de conduire en temps réel les opérations.

Mardi 23 août, il est 23h  lorsque  le drone sort de son hangar. Les équipages composés de deux opérateurs de vol, deux officiers renseignement et deux interprétateurs photos arrivent dans la salle de préparation de mission. Le contact radio est établi avec l’E-3F qui gère tous les moyens aériens du théâtre. La mission débute comme prévue. Le centre de commandement est abreuvé de renseignements très intéressants sur la situation au sol, et après de nombreuses heures passées au-dessus du territoire libyen, celui-ci demande si le drone peut rester plus longtemps que prévu. Le temps de vol supplémentaire proposé est de trois heures car il faut tenir compte des vents contraires lors du retour. « La consommation en carburant sera plus importante sur le retour, et nous devons toujours garder une marge de sécurité lorsque nous rentrons de mission » confirme le capitaine D., opérateur de vol Harfang. Cela fait plus de 14h que le drone a décollé de Sigonella, et après des changements d’équipages, il lui faut à présent rentrer vers la Sicile. La traversée de la Méditerranée et l’atterrissage se passent sans encombre. Le drone a effectué sans aucun problème, et pendant près de 18h, sa première mission opérationnelle au profit de l’opération Harmattan. Depuis plus de deux ans et demi des détachements de drones sont également présents sur le théâtre afghan.

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Sources : Armée de l'air
Droits : Armée de l'air