Le Centre d’expertise aérienne militaire (CEAM) joue un rôle déterminant en participant à l’adaptation des capacités de l’armée de l’air aux conditions inédites de la crise sanitaire en cours.
L’un des effets de l’épidémie COVID-19 est la saturation des services hospitaliers. Cette saturation ne se produisant pas au même moment d’une région à une autre, le transport des malades permet de répartir la charge dans les hôpitaux. Le gouvernement a fait appel aux capacités militaires pour aider à cette manœuvre aussi délicate qu’urgente.
Les capacités de transport sanitaires des armées n’ont pas été conçues pour des malades contagieux et très lourdement médicalisés en grand nombre. Par ailleurs, l'une des premières responsabilités des armées est de protéger leur personnel et leurs capacités, afin de permettre une continuité de leur action, sans risque inconsidéré notamment au regard des missions, permanentes ou non, qui n’ont pas été interrompues.
L’Armée de l’air pratique depuis de nombreuses années l’évacuation sanitaire. Pour cela, elle dispose notamment d’une flotte d’avions de la gamme Falcon, d’hélicoptères, de l’avion Casa en configuration Nurse, du Boeing C-135 et depuis peu de l’Airbus A330 Phénix. Ces deux derniers aéronefs peuvent être équipés d’un kit MORPHEE afin de transporter des patients, dans des états plus ou moins graves pouvant aller jusqu’à la réanimation, sur de grandes distances.
Dès février, l’Armée de l’air et le CEAM ont été engagés pour assurer le retour sans risque d’expatriés français et européens en provenance de la région de Wuhan.
Le 18 mars 2020, l’A330 Phénix en configuration MORPHEE a effectué sa première mission d’évacuation sanitaire sur le territoire national.
Au vu de l’ampleur de la crise, l’armée de l’air a décidé d’adapter l’ensemble de sa flotte et de proposer de nouvelles solutions pour transporter en toute sécurité patients, personnel de santé et équipages.
Les premiers efforts fournis ont permis de proposer l’engagement des hélicoptères Puma et Caracal en région parisienne.
Le CEAM vient de terminer l’expérimentation d’une adaptation innovante à l’A400M Atlas du kit CM30 destiné à l’A330 Phénix. Le centre a orchestré un travail collégial en relation avec le personnel du Service de santé des armées (SSA) dont des équipes médicales de l’hôpital d’Instruction des Armées (HIA) Robert Picqué de Bordeaux, de l’HIA Bégin de Saint Mandé, de l’HIA Lavéran de Marseille, de l’HIA Percy de Clamart, de la 100e Antenne Médicale d’Orléans-Bricy, de la Direction des Approvisionnement en Produits de Santé des Armées (DAPSA) d’Orléans, de l’Escadrille aérosanitaire de Villacoublay, de l’établissement de ravitaillement sanitaire (ERSA) de Marseille et des personnels de l'échelon santé spécialisé milieu aéronautique (ESSMA) de la direction de la médecine des forces situé au sein du Commandement des Forces Aériennes (CFA) situé à Bordeaux-Mérignac, d’un représentant de la Direction générale de l’armement (DGA), d’une équipe du CEAM composée de spécialistes de l’Equipe de marque Avions de transport tactique (EM ATT), de l’équipe de marque Ravitaillement en vol et transport stratégique (EM RVTS), du Département de médecine aéronautique opérationnelle (DMAO), et du Centre d’expertise Nucléaire radiologique biologique chimique (CE NRBC) et de l’Escadron d’Expérimentation et de Solution Technique (EEST), qui a permis d’imaginer et de mettre en œuvre des solutions adaptées à l’urgence et aux besoins.
Comment alimenter et raccorder les équipements médicaux au système électrique de l’aéronef ? Combien de patients peuvent être transportés en même temps ? Dans quelle position pour leur confort et leur sécurité ? Comment le personnel soignant pourra-t-il continuer à travailler pendant la phase de vol ? Comment embarquer et débarquer le dispositif ? Combien de rotations possibles par jour ? Autant de questions qu’il a fallu traiter en un temps record comme l’explique le lieutenant-colonel Esther, officier directeur en charge de cette expérimentation : « Dans ce genre de situation, la diversité des spécialistes et des experts ainsi que l’engagement commun de réussite de cette expérimentation, afin de pouvoir proposer une capacité opérationnelle dans un délai très contraint en regard des enjeux et besoins sanitaires urgents, est une force et une puissance incroyable. Chacune et chacun sait ce qu’il a à accomplir, et les différences ou divergences s’effacent pour atteindre l’objectif fixé. »
D’autres expérimentations sont en cours pour déterminer la capacité de chaque aéronef pour une utilisation optimale prenant en compte le confort des malades COVID-19 et l’espace de travail nécessaire pour le personnel médical.
L’investissement de tous devrait permettre sous peu de proposer une version médicalisée pérenne de l’A400M qui accroîtra la capacité de transport sanitaire de l’armée de l’air pour des patients dans des états très graves.
Dans le cadre de l’opération RESILIENCE, l’armée de l’air a engagé des démarches d’innovation, à la fois techniques, procédurales, managériales, d’usage et ouvertes vers le monde civil afin de participer à l’effort national.
L’innovation fait partie de l’ADN de l’Aviateur et tout spécialement ceux du CEAM. Face à la crise sanitaire sans précédent qui frappe le monde et notre pays, les femmes et les hommes du CEAM se sont mobilisés pour proposer des solutions innovantes. Parmi les nombreuses études en cours, nous pouvons notamment citer la réalisation par l’Equipe de marque Hélicoptères (EM H) et l’Escadron d’expérimentation et de solution technique (EEST) d’un dispositif permettant de fournir une alimentation électrique à des équipements médicaux dans la soute des hélicoptères Caracal et Puma ; l’étude par le CE SN NRBC du prototype de « protection évolutive gonflable pour aéronef sanitaire d’évacuation » qui apporterait un gain en temps de décontamination, et une protection accrue des équipages ; la mise au point par le CE SN NRBC des procédures de désinfection de tous les aéronefs de l’armée de l’air; l’expertise du CE SN NRBC pour la désinfection en urgence de certains locaux prioritaires ; ou encore, afin de préparer l’après confinement, la recherche de solutions pour la reprise de l’activité des différentes unités de l’armée de l’air.
Créé en 1933 à Reims, implanté depuis 1945 sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan et officiellement reconnu comme Air Warfare Center (AWC – centre de « Guerre Aérienne ») en 2015, le CEAM est le bras armé de l’état-major pour définir les capacités de l’armée de l’air, contribuer à leur mise au point, préparer leur intégration et soutenir leur utilisation opérationnelle. L’action du CEAM se concentre sur trois piliers, la doctrine, les équipements et l’expertise tactique du combattant, afin d’adapter en continu les forces de l’armée de l’air aux enjeux du combat moderne et de demain.
Sources : armee de lair
Droits : armee de lair