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Chronique d’un déploiement : L’opération Daguet vue par l’Escadron de détection et de contrôle mobiles 90.550 « Augny »

Mise à jour  : 28/02/2021 - Auteur : Armée de lair et de lespace - Direction : Armée de l'Air et de l'Espace

Le Groupement des Transmissions Tactiques 90.351 (GTT) anciennement basé à Metz est, aujourd’hui, l’ancêtre de l’Escadron de détection et de contrôle mobiles 90.550 « Augny » (EDCM) situé sur l’EAR 927 de Cinq-Mars-La-Pile pour la partie contrôleurs aériens, et de l’Escadron des systèmes de surveillance tactiques 12.550 « Frescaty » (ESST) situé sur la base aérienne 105 d’Évreux pour la partie mécanicienne.

En septembre 1990, l’envoi de la Division Daguet intervient au Kowëit suite à l’invasion de l’armée irakienne le 2 Août 1990. Elle intègre la projection de moyens de détection tactiques permettant de fournir une surveillance de l’espace aérien dans la zone de conflit d’Al-Ahsa. Le GTT projette alors un système de détection et de contrôle tactiques (SDCT).

Suite à un accord entre les autorités de l’Armée de l’Air française, de l’US Air Force et de la Royal Saoudi Air Force, King Khaled Military City (K.K.M.C) sera le site retenu pour accueillir les forces françaises, dont le GTT.

Le 18 octobre 1990, les contrôleurs aériens et les mécaniciens du GTT prennent un vol direction Al-Ahsa. Avec eux, la « panoplie des futurs rats des sables » : à défaut de fusils, ils étaient armés de T3P, de masques à gaz, de lunettes de sable, de casques, de gourdes, d’atropine, du sac FAR et de tout l’attirail du parfait petit citadin, le tout allant de 30 à 40 kg selon les individus.

Après 2 semaines d’attente, le 9 novembre, l’armement arrive enfin, les esprits sont libérés. Le convoi, direction K.K.M.C, peut dès lors partir et sera protégé par, « l’EPS » (Efficace Police Saoudienne). Bilan : 18 heures de route, 670 km, 3 virages, un pneu éclaté, 4 pauses casse-croûte. 

Une fois sur place, la proximité d’un S.D.C.T et d’un site HAWK (défense sol-air) inquiètent les autorités saoudiennes. Après plusieurs essais, notre emplacement est trouvé à 30 km au sud de K.K.M.C… en plein désert. Le 11 novembre fut donc la journée de montage du camp avec un prompt renfort du 1er Régiment d’Infanterie de Phalsbourg, les hommes chargés de nous protéger. Notre camp fraîchement nommé « BARBICAMP » va prendre forme en une semaine.

Le 13 novembre 1990, le SDCT est opérationnel. Les contrôleurs aériens peuvent enfin commencer leur mission. C’est-à-dire, assurer la surveillance de l’espace aérien en identifiant tout aéronef pénétrant leur volume de détection, une bulle de 150 km de rayon, et en établissant ainsi une situation tactique du ciel. Cette dernière est transmise au Control and Reporting Center (CRC) américain, aux CROTALE de la défense sol-air de l’armée de l’air ainsi qu’aux forces terrestres de la Division Daguet. Pour assurer cette surveillance aérienne 24h/24, les contrôleurs aériens utilisent une cabine de contrôle radar (CCR) connectée à un radar ALADIN.

Les journées s’enchainent : brouillage, contacts radar, tout est transmis au Centre de contrôle américain (CRC). Lorsqu’ils ne sont pas de service, les « GTT’S MEN », armés de leur fusil FAMAS ou d’un pistolet PA, creusent des tranchées couvertes de sacs de sables, remplacent le sol sableux par des pierres au niveau du camp afin de limiter la poussière, et vont chercher de l’eau et des rations à K.K.M.C accompagnés du « cuistot ».

Le Général Norlain, alors commandant de la Force Aérienne Tactique (FATAC) leur rendra cet hommage lors de sa visite du camp le 10 décembre 1990 : « J’ai découvert, au milieu du désert, une installation du GTT absolument magnifique. Mais surtout, j’y ai trouvé une ambiance sympathique, qui traduit une motivation profonde. Ainsi, vous donnez, au contact de l’Armée de Terre et au cœur de l’Arabie Saoudite, la meilleure image de l’Armée de l’Air. »

Janvier 1991, de nombreuses alertes d’attaques de missiles SCUD transmises par le CRC déclenchent une alarme sur le camp où tous les militaires, hormis les contrôleurs à poste, se vêtissent des équipements de protection chimique et se réfugient dans les shelters filtrés. Les jours précédant l’attaque aérienne du 17 janvier, plusieurs dizaines d’hélicoptères américain CH-47 CHINOOK, d’avions de combat A-10 THUNDERBOLT II, survolaient le « Barbicamp » : impressionnant.

A la suite de l’attaque, l’ordre est donné au GTT de déménager le SDCT vers une position plus proche de Irak, à Rafha. En 7 jours, après un déménagement et un convoi, le système est opérationnel sur son nouveau site.

La surveillance aérienne s’achèvera le 8 mars 1991 avant un retour en Douglas DC8 depuis Al-Ahsa vers Toulouse Blagnac les jours suivants. 

Article rédigé par le Sergent Tony grâce aux écrits de l’Adjudant-chef H et au témoignage du Major Lionel, présents respectivement dans le 1er et le 2èmeDETAM au « Barbicamp ».

Merci à eux !


Sources : Armée de lair et de lespace
Droits : Armée de lair et de lespace