Le commandant Sébastien est pilote de C-135, déployé en bande sahélo-saharienne dans le cadre de l’opération Barkhane. Il nous raconte une mission de ravitaillement en vol, mission essentielle pour assurer l’endurance des avions, notamment des Mirage 2000.
La base aérienne projetée (BAP) de Niamey est silencieuse lorsque le réveil retentit. Je pars sillonner le ciel d’Afrique pour délivrer du carburant aux avions de chasse en vol. Je prends la route des opérations avec le reste de l’équipage. Le C-135 nous attend sur le parking tel un fidèle ami de plus de 50 ans.
À quelques dizaines de mètres à peine, je vois les équipages de la chasse qui arrivent aux astro-arches (hangars métalliques qui protègent les aéronefs), un échange de regards, un geste de la main. Je les informe que nous sommes « sweet », c’est-à-dire en phase, en établissant le contact radio que nous garderons tout au long du vol.
La mission du jour est de délivrer du carburant à sept kilomètres d’altitude, à près de 900km/h, pour leur permettre d’assurer l’appui d’un convoi logistique de la force Barkhane jusqu’à son arrivée dans la région de Gao. Le Mali étant deux fois plus grand que la France, le ravitaillement aérien est primordial pour permettre aux aéronefs de remplir leurs missions.
Notre tandem est indissociable et nous rentrons sur la piste pour les rejoindre. Après un temps de vol, l’équipage se prépare à réaliser le premier ravitaillement. Quelques virages et échanges radio plus tard, les Mirage 2000 nous ont rejoints. Autorisés au contact, ils entament leur approche du panier.
J’actionne les pompes de carburant et la livraison commence. Une fois le ravitaillement terminé, les chasseurs nous saluent par un battement d’ailes et plongent pour rejoindre leur zone de travail.
Deux ravitaillements plus tard, la mission est terminée. Nous sommes autorisés à rentrer à la BAP de Niamey quand un mur de sable de plusieurs dizaines de mètres de haut, long de plusieurs kilomètres, s’approche de Niamey, bien trop vite pour que l’on puisse le devancer. La patrouille de Mirage 2000 qui nous avait quittés nous rejoint pour attendre. Pour eux, le temps est compté. Le pétrole restant dans les cuves est juste suffisant pour leur permettre d’attendre quarante minutes. Au-delà, ils seront contraints de se dérouter. Je décide de sacrifier une part de notre autonomie en effectuant un ravitaillement d’opportunité pour augmenter leurs chances de rentrer à Niamey. Le pari n’est pas sans risque quand on sait le temps que peut durer ce type de phénomène.
Heureusement, les conditions météorologiques s’améliorent. Nous entamons la percée sur Niamey. Notre horizon se limite à quelques centaines de mètres, noyé dans le sable. Le pilotage est particulièrement exigeant. Tous les membres d’équipage sont focalisés sur un seul objectif : trouver la piste et se poser, lorsqu’elle se révèle enfin.
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Sources : EMA COM
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