13,5 hectares, 290 000 m2 de bureaux, 9300 militaires et civils de la Défense, plus de 1500 visiteurs quotidiens… Le site de l’Hexagone Balard affiche des statistiques impressionnantes, inédites en France. À la tête de son commandement militaire se trouve un aviateur, le colonel Laurent Boïté. Rencontre.
Mon colonel, dans quelles circonstances le commandement militaire (COMILI) de Balard a-t-il été créé ?
Dans le cadre du « projet Balard », un échelon précurseur du COMILI a été mis en place dès le mois de septembre 2014. Cette entité était placée sous l’autorité du colonel Jean-Pascal Ruvira, également commandant de la cité de l’air et de la base aérienne (CABA) 117. La montée en puissance et les déménagements se sont enchaînés à compter du printemps 2015. L’essentiel des effectifs est arrivé en mai et juin 2015, avec notamment l’installation du centre de planification et de conduite des opérations (CPCO). Aujourd’hui, les déménagements sont globalement terminés et le site a quasiment atteint la totalité de ses capacités d’accueil. Après la cérémonie de dissolution de la CABA 117, le 25 juin 2015, le COMILI a hérité de ses traditions. Nous avons ainsi reçu avec fierté la garde du drapeau de la 34e escadre aérienne de bombardement, une escadre à l’histoire très fournie.
Comment est organisée la gestion de l’Hexagone Balard ?
Le fonctionnement quotidien du site est articulé autour d’un « triumvirat » réunissant le COMILI et le service parisien de soutien de l’administration centrale (SPAC) côté ministère de la Défense, et le partenaire privé OPALE Défense. Les périmètres d’actions de chacun sont clairement définis. Ce « triumvirat » dialogue en permanence pour assurer le bon fonctionnement de l’Hexagone Balard. Étant à la tête du COMILI, je suis garant du caractère militaire du site. Pour sa part, le SPAC est chargé de la gestion financière du partenariat public-privé, avec la société OPALE Défense, responsable du soutien. Cette dernière est elle-même articulée autour des trois grands groupes industriels que sont Thales, Bouygues et Sodexo. Enfin, je tiens aussi à souligner l’action majeure, au travers de son centre de Balard, de la direction interarmées des réseaux d'infrastructure et des systèmes d'information de la Défense (DIRISI) dans l’exploitation et la mise en œuvre des systèmes de communications spécifiques du ministère de la Défense.
Quelles sont les missions confiées au COMILI ?
Le COMILI est un organisme interarmées subordonné à l’état-major des armées. Trois grandes missions lui sont confiées : la sécurité incendie et la protection de l’Hexagone Balard ; l’administration du personnel militaire ; une mission « appui-finances ». Pour cela, je m’appuie sur un effectif d’environ 300 personnes aux profils très variés : plus d’une centaine de militaires de tous horizons (dont une soixantaine d’aviateurs), du personnel civil, ainsi que des pompiers de Paris et un groupement de gendarmes de l’air.
Pourriez-vous nous détailler ces missions ?
Tout d’abord, je suis délégué local en termes de sécurité. Pour exercer cette fonction, je suis placé sous l’autorité du chef d’état-major de l’armée de l’air (CEMAA). Cela s’explique par le fait que, historiquement, l’implantation géographique de Balard dépend du CEMAA, notamment lorsque le site hébergeait la CABA 117. Pour la protection, je m’en remets essentiellement aux gendarmes de l’air, dont c’est la mission essentielle. Avec l’opération Cuirasse lancée pour faire face à la menace terroriste, nous disposons aussi d’un renfort de personnel militaire, composé d’aviateurs et de marins. Cela requiert de gros efforts, puisqu’en parallèle nous accueillons chaque jour jusqu’à 2000 visiteurs sur le site. Nous devons donc conserver une certaine fluidité d’accès. Une partie de la mission de protection incombe également à des sociétés privées de gardiennage. Ces dernières sont notamment chargées des fonctions de filtrage et d’accueil, ainsi que de la supervision des dispositifs de surveillance à distance. À titre d’exemple, les systèmes d’alarme ne comptent pas moins de 25 000 capteurs.
Le COMILI assure aussi l’administration d’environ 5000 militaires, quelle que soit leur affectation : état-major, inspection, direction générale de l’armement… Cette mission est complexe, car chaque organisme ou armée administre son personnel selon des procédures différentes. Nous assurons notamment un volume considérable de travaux de chancellerie. Par exemple, le COMILI a rédigé pas moins d’une centaine de mémoires de propositions au cours de la dernière campagne d’attribution de la Légion d’honneur…
Le COMILI gère également tout ce qui a trait à la vie militaire du site. Nous sommes ainsi responsables de la préparation opérationnelle individuelle du combattant, du cérémonial militaire, des services de garnison... Pour la préparation physique des militaires du site, nous disposons d’infrastructures admirables, avec l’un des services des sports les mieux dotés de la Défense.
Enfin, un bureau « budget » est chargé de suivre et de valider les dépenses de certains organismes du site, notamment l’état-major des armées. Y figure aussi l’échelon liquidateur de la CABA 117.
D’un point de vue personnel, quelles sont vos impressions en tant que premier commandant militaire de Balard ?
C’est une responsabilité très enrichissante. J’ai la chance d’avoir un point de vue très intéressant sur l’Hexagone Balard et de pouvoir dialoguer avec l’ensemble des états-majors et des échelons de direction du ministère. Une telle concentration présente de nombreux avantages. Au cours de mes précédentes affectations, j’ai pu tisser un solide réseau interarmées. Cela s’avère précieux dans l’exercice quotidien de mes fonctions. Mais j’ai surtout la chance d’être à la tête d’un personnel passionnés venant de formations interarmées. Cela permet de tirer le meilleur de chaque armée et de s’inspirer des bonnes pratiques, là où elles se trouvent. Dans cette phase de création d’un nouveau commandement, c’est un atout inestimable.
Propos recueillis par le capitaine Karim DJEMAI
L’Hexagone Balard en quelques chiffres : - 16,5 ha de superficie totale, - 87 200 m² de façades, - 5 600 m² de panneaux photovoltaïques, - 2 espaces de restauration de 3 500 places pour 7 200 repas par jour, - 3 135 bureaux, dont 1 521 bureaux individuels, - 15 200 ordinateurs, - 400 salles de réunion, - 700 chambres, - 108 ascenseurs, - une piscine de 25 mètres, - un pôle d’activités sportives. |
Sources : Armée de l'Air et de l'Espace
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