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Retour sur l’opération Daguet : 3 questions au major Patrick

Mise à jour  : 12/03/2021

Retour sur l’opération Daguet, deuxième interview de notre série par ceux qui l’ont vécue. Actuellement affecté au centre des transports et transits de surface, le major Patrick fut projeté sur l’opération Daguet pendant cinq mois, de décembre 1990 à avril 1991. Il occupait à l’époque un poste de pilote VTL au sein de l’escadron noir armé par le 121e RT. A l’occasion des 30 ans de l’opération, il accepte de nous livrer son témoignage.

Major, quel était votre état d’esprit lors de l’opération ?

J’ai été réveillé un samedi matin par mon CDU qui m'annonçait ma désignation pour la projection sur l’opération Daguet : j’ai dû faire en urgence toute la procédure administrative (passeport carnet de vaccination ETC..). Procédure toute nouvelle pour moi car je ne n’avais jamais participé à une opération extérieure.

C’est avec beaucoup d’anxiété et de peur, car nous partions pour la guerre, mais aussi avec l’envie de découvrir, que j’ai pris la route pour Montlhéry le lundi matin. J’ai traversé la France jusqu’à Toulon pour embarquer sur un bateau dont le nom m’échappe aujourd’hui. Nous avons traversé la mer Méditerranée jusqu’au port de Yanbu en Arabie Saoudite.

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur cette opération ?

Il y avait une vraie solidarité entre les différents pays qui ont participé à cette opération. J’ai été impressionné par l’ampleur du déploiement américain, même si je restais fier de notre armée. Je me rends cependant compte aujourd’hui qu’il y avait un réel décalage entre ce que l’on vivait sur le terrain et les informations qu’avaient nos familles.

Avez-vous des anecdotes à nous partager sur cette opération ?

Il y a plusieurs images qui me viennent en tête quand je repense à l’opération Daguet : la couleur du ciel à cause des puits de pétrole en feu, l’odeur et le nombre de véhicules calcinés lors de la traversée de la route de Bassora après l’attaque des Américains sur le convoi irakien, la traversée du canal de Suez avec les vestiges de la guerre de six jours, la livraison de fret au Koweït avec retour par la route de Bassora peu après l’attaque du convoi irakien par les Américains…

Mais aussi le partage du repas avec mon escouade en plein désert (tous autour d’un grand plateau de riz-poulet), la découverte d’autre armées et d’autres matériels, le coup de téléphone de 5 min en PCV tous les 15 jours avec un seul téléphone pour un escadron de transport, la conduite en rame dans la tempête de sable avec une vision de 5 mètres.


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