Retour sur l’opération Daguet, troisième interview de notre série par ceux qui l’ont vécue. Il y a trente ans, le chef d’escadron Damien participait à l’opération Daguet. A l’époque, logisticien au 6e régiment de commandement et de soutien de Nîmes, il est aujourd’hui affecté au 516e régiment du train. Partage de quelques souvenirs.
J’avais un état d’esprit combattant, du fait de l’envergure de l’opération. C’était le premier déploiement massif depuis des décennies au sein d’une coalition internationale. J’avais envie d’y aller, de participer à une action pour laquelle nous étions préparés, mais je ressentais aussi une part d’inquiétude et d’anxiété.
Comme je l’ai déjà souligné, l’opération Daguet était le premier déploiement de masse depuis plusieurs années. Depuis il n’y en a pas eu de la sorte : pour les autres opérations extérieures, c’était plus des rotations et une présence longue, alors que pour Daguet je pourrais qualifier le déploiement de « one shot ». J’étais pour ma part logisticien et l’opération Daguet est aujourd’hui une des seules manœuvres depuis la Seconde guerre mondiale qui a demandé un tel déploiement logistique.
Le 24 février 1991, nous étions en Arabie saoudite, prêts à entrer en Irak. En ambiance combat, nous profitions du couvert lié aux dunes de sable. Avant de passer la frontière, nous avons été survolés par des hélicoptères américains, qui faisaient une manœuvre aérienne anti chars. Ils étaient une cinquantaine à une trentaine de mètres au-dessus de nous. Ils nous ont fait un signe depuis le ciel, nous avons éprouvé à ce moment-là, un fort sentiment de fraternité.
Après cette offensive je suis allé au Koweït à l’ambassade française à Koweït City. Au même moment, Saddam Hussein ordonnait à ses troupes de mettre le feu aux puits de pétrole. Sur place, il y avait tellement de fumée d’hydrocarbures que le jour semblait être la nuit.
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