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Perchés à plus de 3 000 mètres, en complète autonomie

Mise à jour  : 26/11/2021

Manœuvrer en montagne sans perdre la liaison est une gageure. Pourtant, cette liaison est essentielle pour relier les troupes engagées sur plusieurs zones en montagne et le centre opérationnel (CO), où arrivent tous les retours du terrain et d’où partent tous les ordres. L’une des composantes de l’entraînement en milieu grand froid, objectif de l’exercice Cerces.

La responsabilité de cette liaison lors de l’exercice Cerces 21 repose sur les épaules des transmetteurs de la 27e brigade d’infanterie de montagne (27e BIM) et en particulier de la 27e compagnie de commandement et de transmissions de montagne (27e CCTM). Une responsabilité lourde à porter à proprement parler car pour assurer la liaison, il faut s’élever sur des hauteurs et, ce, bien souvent à dos d’homme. Un groupe de transmetteurs de la 27e CCTM a ainsi déployé un Point haut à 3 121 mètres sur le Galibier après avoir grimpé 1 000 mètres de dénivelé sur un terrain enneigé, par des températures glaciales, avec des sacs de 60 kg. Les transmetteurs doivent tenir une semaine en complète autonomie avec vivres, tentes, matériel technique de montagne hivernale, et, bien entendu, le matériel de transmission dont de grandes antennes pour émettre sur une large zone en s’affranchissant des sommets enneigés.

Quatre autres Points hauts densifient encore ce maillage de la zone de manœuvre des troupes de montagne. La vague de froid annoncée sur l’ensemble de la France a frappé leurs points hauts dès ce lundi 22 novembre. Les transmetteurs sont entraînés pour y faire face et assurer la liaison de l’exercice Cerces comme ils le feraient pour soutenir tout engagement majeur dans les massifs.

Tirer par-dessus les sommets enneigés

Les artilleurs du 93e régiment d’artillerie de montagne relèvent chaque année le défi de tirer à plus de 2 000 mètres d’altitude, depuis les vallées encaissées et les versants pentus du massif des Cerces lors de l’exercice annuel de la 27e BIM en Maurienne.

Les tirs les plus éloignés de la « zone ennemie » sont réalisés par les Caesar, camions équipés d’un système d’artillerie avec un canon de 155 mm. Le Caesar est capable de tirer à 42 km, mais sur cet exercice, « l’ennemi » se trouve à une portée de 7 km de projection et environ 1000 mètres de dénivelé positif.

Les tirs des Caesar sont ensuite relayés par les mortiers de 120 mm situés à 3 km des postes ennemis et masqués par une montagne. Les artilleurs doivent frapper avec une précision chirurgicale pour franchir les reliefs, sans mettre en danger les troupes de montagne également déployées dans la zone. Les conditions hivernales et les sommets escarpés rendent les tirs complexes, mais le défi motive les artilleurs qui réalisent des tirs d’une grande justesse.

Des fantassins en atmosphère viciée et glaciale

Respirer l’air pur des montagnes a ses limites dans le cadre d’un engagement majeur car l’attaque chimique est tout à fait envisageable par un ennemi bien équipé. L’exercice Cerces qui se veut le plus réaliste possible pour entraîner les troupes de montagne à un conflit de haute intensité l’a donc intégré dans son cadre tactique.

En débarquant de leurs véhicules blindés ce lundi matin, les fantassins du 27e bataillon de chasseurs alpins étaient protégés par un masque ANP. Le grand froid n’est pas un obstacle à la diffusion d’un agent chimique par les airs, aussi les troupes de montagne doivent rapidement détecter ce type de danger et s’en prémunir.

S’il n’est pas aisé de s’entraîner avec un masque ANP en règle générale, il est encore plus difficile de le porter en altitude, par grand froid et avec un relief inégal. Les chasseurs alpins ont donc redoublé d’efforts pour se déployer rapidement sur la zone de tir. Efforts payants car la manœuvre a été une réussite pour neutraliser l’ennemi représenté par des cibles au loin.

Hausser le niveau d’exigence de la préparation opérationnelle est un leitmotiv des troupes de montagne en permanence confrontées à des situations complexes, un environnement vertical et des conditions extrêmes. Ils sont entraînés à être forts physiquement, mentalement et à être durs au mal dans l’environnement implacable et dangereux de la montagne. Un mental avec une constante : le froid et les reliefs ne doivent pas devenir des contraintes mais des facteurs pouvant jouer en leur faveur pour la bonne raison que l’ennemi y est aussi soumis.


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