Par le général de division aérienne Yves Arnaud, commandant le Commandement Interarmées de l'Espace (CIE)
Il n’est jamais inutile de rappeler l’importance prise par les moyens spatiaux dans notre dispositif de défense, en particulier pour l’emploi opérationnel des forces. L'espace est un milieu physique unique et spécifique, naturellement hostile mais essentiel à la conduite des activités humaines en général. Il est également un moyen d'augmenter nos capacités sur un théâtre d'opérations. Son utilisation maîtrisée est un des socles de la souveraineté nationale. Il est d’ores et déjà un espace de confrontation, le théâtre de luttes d'influence plus ou moins militarisées. Il tend à devenir un nouveau théâtre d'affrontement des nations.
La France est historiquement la troisième nation à avoir accédé de façon autonome à l'espace en 1965. Elle demeure aujourd'hui la première puissance spatiale européenne. L’espace est révélateur de nos capacités industrielles et scientifiques, il est un des outils importants de notre politique étrangère et un facteur déterminant de notre autonomie stratégique. C’est un levier d'action essentiel de l'intervention militaire.
La connaissance du terrain, l'acquisition de renseignement et les communications entre forces amies ou alliées ont toujours été recherchées par les belligérants pour déjouer les plans de l'adversaire et acquérir la supériorité opérationnelle. Aujourd'hui, les moyens spatiaux se révèlent être un outil indispensable au cours des phases de planification et de conduite des opérations. Nos dernières opérations l’ont montré de manière concrète. Sans positionnement, cartographie ni renseignement il ne pouvait y avoir de ciblage précis. Sans communications par satellite, il ne pouvait y avoir de commandement en temps quasi-réel des forces aéro-maritimes. Les satellites, souvent de manière transparente, ont également contribué significativement à limiter les risques de dommages collatéraux.
Mais si les capacités déployées dans l'espace sont essentielles à la conduite de nos actions, il ne faut pas oublier qu'elles sont déployées dans un milieu d'une extrême hostilité. Le vide, les changements brutaux de température, les rayonnements cosmiques et les nuages de météorites sont des conditions d'environnement agressives. Si l'on ajoute à cela les débris laissés par l'activité humaine et dont le nombre ne peut que croître, nous observons des conditions environnementales qui rendent l'activité spatiale difficile et nos capacités fragiles.
Nous sommes devenus dépendants des satellites par bien des aspects. En cela, l’espace est vecteur de puissance autant que de vulnérabilités. Il doit pouvoir être sécurisé à hauteur des enjeux qu’il véhicule. L’ensemble des programmes de sécurité dans l’espace et de surveillance de l’espace deviennent d’autant plus indispensables qu’ils permettent de préserver la maîtrise de capacités dont l’importance stratégique et opérationnelle va continuer de s’accroître.
Point d'entrée des armées pour toutes les questions spatiales militaires, le CIE veillera à assurer la disponibilité des capacités spatiales au profit de nos forces armées engagées en opérations et au bénéfice de nos hautes autorités afin qu’elles puissent prendre en toute autonomie les décisions qui leur incombent.
Propos croisés |
Sources : Ministère des Armées