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Lancement réussi du satellite d’observation militaire CSO-1

Mise à jour  : 20/12/2018 - Auteur : La Rédaction - Direction : DICoD

Mercredi 19 décembre 2018, le lancement d’observation militaire CSO-1 (composante spatiale optique) depuis le centre spatial guyanais s’est déroulé avec succès à 18h38, heure de Paris. Florence Parly, ministre des Armées a assisté à cette mise en orbite en visioconférence et a tenu à remercier toutes les équipes qui ont œuvré à la réussite de ce lancement.

« CSO, c’est votre succès c’est le succès collectif de la passion et du savoir-faire, de l’expertise et de la détermination, a souligné Florence Parly. Je pense à tous ceux qui sont à Kourou(…), à tous ceux qui ont travaillé d’arrache-pied au CNES et à la DGA. Je pense aux industriels, à Airbus et Thalès, pour la réalisation de ce satellite et à Ariane Espace pour ce tir réussi. Je pense enfin aux unités militaires qui protègent les plateformes et sont déployés à chaque lancement. »

Une nouvelle génération de satellites

Composé de trois satellites, la constellation CSO inaugure la nouvelle génération de satellites d’observation militaire qui sera complètement déployée à l’horizon 2021, en remplacement des satellites Hélios 2 actuellement en service. « Ce lancement n’est qu’une étape, une étape déterminante. CSO va décupler nos capacités de surveillance, nous permettre des images de reconnaissance et d’identification d’une précision encore jamais égalée », a précisé la ministre des Armées.

Un nouvel enjeu : la maîtrise de l’espace

Les lois de programmation militaire (LPM) 2009-2014 et 2014-2019 ont concrétisé la priorité accordée à l’espace. Florence Parly a rappelé la nécessité d’une stratégie spatiale de défense lors de sa visite en septembre à Toulouse : « C’est dans l’espace que nous collectons des renseignements. C’est grâce à l’espace que nous communiquons et guidons nos opérations. » La ministre a d’ailleurs conclu son propos en insistant sur l’importance de l’autonomie de la France dans le domaine spatial : « Nous ne pouvons pas être dépendants quand il s’agit de permettre des capacités aussi clés. Ariane 6 est le chemin vers cette autonomie d’accès au ciel (..) et je peux d’ores et déjà vous annoncer que le 3e et dernier satellite CSO sera mis en orbite grâce à un lanceur Ariane 6. »

L'info en plus : trois autorités expliquent, chacune pour leur domaine, l'intérêt pour les armées du domaine spatial.

Général Friedling, commandant le Commandement interarmées de l’espace

Le président de la République et la ministre des Armées ont réaffirmé ces derniers mois le rôle incontournable de l’espace pour les armées. Pourquoi est-il indispensable que la France se dote d’une stratégie spatiale militaire ?

L’espace est non seulement indispensable à la vie quotidienne des Français et à la prospérité économique du pays, mais il est aussi indispensable à l’exercice de notre autonomie stratégique par la capacité qu’il offre à nos autorités à décider et à transmettre ses décisions de façon souveraine. Il est également indispensable pour la conduite de nos opérations militaires à travers le monde. Si nous perdons l’accès à l’espace et les services qu’il permet à nos armées, ces dernières seront très vites aveugles, sourdes et largement impotentes. Certains ont développé des stratégies pour s’en assurer la maitrise. On observe de fait depuis plusieurs années l’apparition de modes d’action et de moyens qui présentent des menaces pour nos moyens spatiaux. L’espace, depuis toujours champ de compétition stratégique, aujourd’hui champ de compétition économique sera demain très certainement un véritable champ de confrontation militaire. C’est la raison pour laquelle le président de la République a demandé une stratégie spatiale de défense.

Pourquoi est-il important de surveiller ce qui se passe dans l’espace ?

Actuellement, 1 500 satellites civils et militaires sont positionnés autour de notre planète, sur les orbites basse, médiane ou géostationnaire. Ils seront 6 000 dans les cinq à dix ans à venir.  Ce nombre va continuer de croître de manière importante du fait de l’arrivée de nouveaux protagonistes. Parallèlement, on dénombre de nombreux débris créés par des collisions. En 2007, Pékin a détruit l’un de ses anciens satellites avec un missile lancé depuis son territoire. On considère actuellement qu’il circule entre 500 000 et 750 000 objets de plus d’un centimètre autour de la Terre. La préservation de nos satellites nécessite de détecter tous les objets spatiaux pour éviter tout risque de collision.

Par ailleurs, la surveillance de l’espace et la connaissance fine de ce qui s’y passe sont des enjeux essentiels dans le contexte d’un espace exo-atmosphérique qui devient un champ de confrontation.

Comment peut-on se protéger contre les menaces ?

Protéger nos capacités spatiales, c’est préserver notre capacité à fournir du renseignement à nos autorités gouvernementales, c’est préserver notre capacité à appuyer les opérations militaires partout où nos armées sont engagées.

C’est donc une nécessité absolue dans un contexte de menaces avérées. Dans le cadre du groupe de travail lancé par la ministre des Armées, une analyse très approfondie des menaces dans un exercice de prospective très ouvert et très objectif, selon des critères très précis, a été conduit. Cela permettra d’envisager les réponses à apporter à ces différentes menaces.

Peut-on envisager une « armée de l’espace », à l’image des États-Unis ?

L’enjeu n’est pas de créer une armée de l’espace mais de répondre aux enjeux qui se posent. Et les enjeux sont les mêmes pour les Américains et pour nous. Chacun y apporte les réponses qu’il estime les plus appropriées en fonction du contexte national. Dans les deux cas, la réponse passe par une organisation adaptée à ces enjeux, c’est-à-dire une organisation agile, flexible, cohérente, lisible qui prenne en compte l’ensemble des aspects de la question. La ministre a demandé que le groupe de travail propose des options en matière d’organisation. C’est ce qui a été fait. Des décisions seront prises par le président de la République et la ministre des Armées.

Général de Lapresle, directeur adjoint de la Direction du renseignement militaire (DRM)

Comment la DRM va-t-elle utiliser le satellite CSO ?  

La constellation CSO complète et renouvelle la panoplie des satellites d’observation utilisés par la DRM, avec les armées, dans les domaines de la veille stratégique, l’anticipation et l’appui aux opérations. À l’instar des satellites Hélios et Pléiades, qui rendent toujours d’excellents services, les satellites CSO contribueront à établir le renseignement militaire dont la DRM à la charge.

Il convient de noter que la DRM assurera le contrôle opérationnel du système CSO et la hiérarchisation des demandes de prises de vues, comme elle le fait pour Hélios et Pléiades. Il s’agit de s’assurer que tous les demandeurs et utilisateurs des images sont servis au mieux de nos capacités.

Quels sont les enjeux de l’observation spatiale dans le domaine du renseignement militaire ?

Le premier enjeu est celui de conserver une appréciation autonome de situation pour l’aide à la décision de nos chefs militaires et politiques.  Fruits d’investissements majeurs consentis sur la durée, qui nous permettent de faire partie des rares États dotés de cette expertise, l’observation spatiale apporte au renseignement militaire une contribution essentielle. Parmi la panoplie des capteurs qui contribuent au renseignement d’intérêt militaire, les satellites d’observation présentent des atouts  incontestables : une couverture mondiale, pas d’engagement de la force sur le terrain.

Un enjeu pour l’observation spatiale, ancien mais qui reste d’actualité, concerne notre capacité à intégrer ce recueil dans le faisceau de toutes les sources qui construisent le renseignement en recoupant et confrontant les informations.

Enfin la question du traitement massif des données et de l’intelligence artificielle, constitue un enjeu important pour l’observation spatiale, et pousse ce domaine de pointe vers l’innovation.

En quoi le système CSO joue-t-il un rôle dans la gestion des opérations militaires ?

Au même titre que ses prédécesseurs, mais aussi grâce à ses performances accrues, CSO contribuera à renforcer nos capacités pour la planification et la conduite des opérations, dans un cadre espace-temps toujours plus réduit.

La complexité de la mise en œuvre technique des moyens d’observations spatiaux nécessite une coordination précise de tous les acteurs associés. Nous disposons d’une riche expérience qui permettra de valoriser les améliorations qu’apportera CSO, en particulier sur sa capacité à réduire l’âge de l’information.

Le CSO va-t-il révolutionner l’emploi du renseignement militaire ?

Il ne s’agit pas d’une révolution en tant que tel mais d’une augmentation de la capacité d’ubiquité et de précision dont la France, avec ses partenaires européens, va bénéficier dès 2019. Il faut bien comprendre que les bénéfices attendus résultent d’un effort collectif. Nous avançons ainsi, vers une capacité de surveillance spatiale, qui se substitue, progressivement, à celle de l’observation.

Ingénieur en chef de l'armement Paing, Direction générale de l'armement, chargé de la conduite du programme MUSIS

Quelle est votre implication dans le lancement du CSO ?

J’ai en charge la conduite du programme MUSIS, dont l’objectif essentiel est d’assurer à la Défense française la continuité d’accès à l’imagerie spatiale. Cet objectif recouvre 2 volets : la continuité d’accès à l’imagerie optique, assurée par le développement national du système CSO, et la continuité d’accès à l’imagerie radar, assurée par la mise en place de partenariats avec l’Allemagne et l’Italie pour accéder à leurs capacités satellitaires radar, respectivement SARah et CSG (Cosmo-Skymed seconda Generazione). La DGA pilote en propre l’ensemble des aspects ayant trait à la coopération et, s’agissant du système CSO, elle assure la maîtrise d’ouvrage du segment sol utilisateurs (SSU) qui est l’interface entre les satellites et les utilisateurs opérationnels. La DGA a délégué au CNES la maîtrise d’ouvrage pour la réalisation et le lancement des satellites CSO, ainsi que pour la réalisation du segment sol de mission (SSM), qui est notamment en charge des opérations de mise et de maintien à poste des satellites. DGA et CNES assurent conjointement un rôle d’architecte d’ensemble pour garantir la cohérence au niveau système des différentes activités de maîtrise d’œuvre.

En quoi le CSO est-il unique en Europe ?

CSO représente l’état de l’art de l’industrie française, leader européen du domaine de l’observation spatiale. CSO repose sur une chaîne d’éléments nécessitant de maîtriser des technologies à très haute valeur ajoutée, comme les technologies nécessaires à l’obtention d’une qualité image irréprochable : maîtrise de la fabrication des miroirs allégés de grande dimension, maîtrise mécanique et optique de la fabrication des plans focaux avec un degré de précision de l’ordre du micron, maîtrise de la fabrication des détecteurs avec un niveau de propreté particulaire ultra-exigeant, maîtrise des contraintes thermiques, notamment dans le domaine infrarouge, au travers de la fabrication de machines cryogéniques haute performance… On peut également citer la technologie des actionneurs gyroscopiques, équipement de tout premier plan au niveau mondial, qui sous-tendent la très grande agilité des satellites. CSO donnera ainsi à la France une longueur d’avance technologique, élément indissociable de la recherche de la supériorité militaire.

Comment fonctionne-t-il (cycle de la demande CSO) ? Ses principales capacités ?

Le système CSO est organisé autour d’une chronologie quotidienne des opérations. Chaque jour, le centre principal de Creil collecte toutes les demandes d’imagerie nationales émanant d’utilisateurs situés en métropole ou sur les théâtres d’opérations, dont la Direction du renseignement militaire hiérarchise les plus prioritaires. Il recueille également les listes hiérarchisées élaborées par les partenaires internationaux du système (l’Allemagne, la Suède, la Belgique et bientôt l’Italie) et transmet l’ensemble de ces listes au segment sol mission situé au CNES à Toulouse qui élabore le plan de programmation des satellites pour la journée à venir. Une fois validé par l’ensemble des partenaires, le plan de travail est téléchargé aux satellites, qui exécutent les prises de vue demandées, qui sont ensuite retransmises via les antennes de réception situées à Creil et à Kiruna. Le centre principal de Creil assure le traitement et la production des données ainsi que la diffusion des produits images vers les entités bénéficiaires.

A pleine capacité, le système CSO permet d’imager n’importe quel point du globe quotidiennement et peut produire jusqu’à 800 images par jour.

Quels sont ses atouts par rapport aux satellites d’observation spatiale précédents ?

Le système CSO apportera une amélioration significative tant qualitative que quantitative une fois la constellation pleinement opérationnelle :

  • Comme ses devanciers à leurs époques, le système CSO s’inscrit dans l’amélioration de la qualité des images. Hélios I  apporté la Haute Résolution. Hélios II la Très Haute Résolution (THR). CSO ouvre désormais le monde de l’Extrêmement Haute Résolution (EHR), qui permettra aux armées et aux services de renseignement d’accéder à un plus grand niveau de détails lors de l’exploitation des images spatiales. Cette plus grande richesse des informations constitue une plus-value significative pour les activités de renseignement et de ciblage.
  • En outre, la précision de localisation accrue des images CSO permettra d’élaborer des produits cartographiques de meilleure facture. En particulier des modèles numériques de cible précis pour le guidage terminal des missiles de croisière pourront être obtenus grâce à la capacité de CSO à réaliser des prises de vue stéréoscopiques.
  • CSO, cela sera également plus de réactivité dans la mise à disposition des images aux utilisateurs, condition indispensable à l’intégration du vecteur spatial dans la manœuvre militaire, avec la capacité de commander et recevoir des images directement depuis les théâtres d’opération.
  • CSO, c’est aussi le renforcement de l’agilité des satellites, qui permettra d’acquérir de nombreuses images sur un même théâtre d’opérations et ainsi servir plus d’utilisateurs, ce qui est fondamental dans le cadre d’une capacité partagée entre plusieurs pays partenaires qui tendent à avoir des zones d’intérêt sensiblement voisines.

Quelles seront les prochaines échéances cruciales suite à ce lancement ?

A court terme, il va s’agir de vérifier que l’ensemble des équipements du satellite CSO-1 fonctionnent correctement, et de calibrer l’instrument pour obtenir une qualité image irréprochable. Cette phase, que l’on nomme la recette en vol du satellite, va s’étendre sur quelques mois. A l’issue, nous vérifierons que les utilisateurs appréhendent correctement le fonctionnement du système, afin de le leur livrer dans de bonnes conditions, à l’horizon de la mi-année 2019.

A moyen terme, les grandes échéances du programme seront le lancement des satellites CSO-2 et CSO-3, prévus en mai 2020 et octobre 2021.

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Sources : Ministère des Armées