Napoléon Bonaparte, Charles de Gaulle… L’histoire militaire française est ponctuée par de nombreuses personnalités ayant marqué les esprits et trouvé place dans les livres d’histoire par leurs victoires sur les champs de bataille. Mais d’autres, souvent moins connus du grand public, ont également révolutionné l’arme qu’ils avaient choisi de servir ou réalisé des actions d’éclat. À l’occasion de l’été, la rédaction vous fait découvrir chaque jeudi une de ces figures. Aujourd’hui, partons à la rencontre Colbert, conseiller de Louis XIV, père d'une Marine royale moderne.
Jean-Baptiste Colbert est une figure de l’histoire de France. Son rôle dans la réorganisation de la Marine royale est toutefois moins connu que celui de conseiller économique auprès de Louis XIV. Découvrez ce descendant d’une longue lignée de marchands-négociants.
Né à Reims le 29 août 1619, Jean-Baptiste Colbert a été l’un des plus importants ministres du règne de Louis XIV. Son projet économique est complet : entreprendre d’importants travaux d’équipement dans les ports, modifier la législation sur l’impôt, créer des compagnies de commerce (comme la Compagnie des Indes orientales), bâtir une marine de guerre pouvant rivaliser avec celle de la Hollande ou de l’Angleterre…
Colbert est officiellement chargé du secrétariat d’État de la maison du Roi en 1669, auquel il agrège le ministère de Marine. Il dirige en réalité officieusement cette dernière depuis 1661, date de l’obtention de son titre de « conseiller d’État, intendant des finances ayant le département de la Marine ». Dès 1669, il triple les capacités françaises en passant une commande de 276 navires de guerre. Le conseiller repense donc la gestion des forêts royales et oblige à conserver une partie de chaque forêt en haute futaie. Cette politique est un succès puisque dès 1670, la Marine royale n’utilise plus que des bois français.
Cette volonté d’une grande marine nécessite donc de nombreux chantiers navals, ainsi que l’existence de nombreux arsenaux et autres ports. Celui de Rochefort est créé ex nihilo quand ceux de Dunkerque, du Havre, de Toulon ou encore de Brest sont récupérés au profit de la Marine royale. L’exemple de ce port breton montre l’extraordinaire réussite économique que constitue l’érection de ces arsenaux royaux : sa population passe en quelques années de 2 000 habitants en 1660 à près de 15 000 âmes.
Pour consolider la force vive de cette armée, Colbert ordonne la création d’écoles d’hydrographie – la 1ère est fondée au Havre en 1666 – où sont formés les officiers de Marine. Il met également en place un système de classes, qui permet le recensement de tous les marins de France pour les appeler au service. Les équipages tournent ainsi un an sur trois ou sur cinq selon les régions, et ce en contrepartie d’avantages fiscaux et sociaux. Rebaptisé « inscription maritime », ce système perdurera jusque dans les années 1960, preuve en est, s’il en faut, du visionnaire qu’était Jean-Baptiste Colbert.
Sources : Ministère des Armées
