Florence Parly, ministre des Armées, a prononcé son discours de rentrée, mercredi 16 septembre à Balard. L’occasion de lancer un plaidoyer pour l’Europe de la Défense et l’autonomie stratégique de notre pays, de rendre un hommage appuyé à l’engagement des armées pendant la crise sanitaire, et de présenter le plan de bataille du ministère pour faire face aux défis à venir.
La crise sanitaire liée à la Covid-19 a marqué l’année 2020. Loin d’avoir effacé les tensions internationales, elle les a au contraire exacerbées. C’est le constat dressé par la ministre des Armées, mercredi, lors de son discours de rentrée à Balard, en présence des hautes autorités du ministère, des partenaires industriels et des parlementaires.
« Le comportement de plusieurs puissances, avec des prétentions globales ou régionales, a atteint un niveau de désinhibition inédit, note Florence Parly. Cette crise a aussi mis en lumière notre exposition croissante aux risques dans les nouveaux espaces de conflits, je pense en particulier au cyber et à l’espace. De la même façon que la crise sanitaire ne fait pas disparaitre les menaces qui pèsent sur la France, elle n’a pas remis en cause notre détermination à mener les combats qui s’imposent pour la sécurité des Français. La lutte contre le terrorisme est, et reste une priorité, à l’intérieur comme à l’extérieur de nos frontières », a précisé la ministre des Armées.
Regardez le discours de la ministre, le 16 septembre 2020 à Paris :
Dans un monde de plus en plus dangereux et dans un contexte économique à la peine, le ministère des Armées s’est doté de moyens pour répondre aux menaces sécuritaires d’aujourd’hui et de demain, ainsi que pour soutenir des secteurs d’activité stratégiques.
Ces moyens se traduisent par la loi de programmation militaire (LPM), le budget pluriannuel alloué aux forces armées. Sur la période 2019-2025, 295 milliards d’euros sont consacrés à des programmes d’armement d’importance, à l’instar du véhicule blindé multi-rôle Griffon, du sous-marin nucléaire d’attaque Suffren et de l’avion ravitailleur MRTT.
« Ce sont des investissements pour des programmes d’armement structurants et un renouvellement complet du matériel pour toujours garder l’avantage sur le terrain » a insisté Florence Parly en rappelant que cette LPM 2019-2025 constitue « notre boussole et notre plan de bataille de la remontée en puissance de nos armées ». Mais la LPM ne se limite pas seulement au renouvellement des capacités, c’est aussi « 110 milliards d’euros injectés dans l’économie entre 2019 et 2023 pour les équipements, les infrastructures, le MCO [Maintien en condition opérationnel] : c’est l’équivalent en 5 ans d’un plan de relance pour les seules questions de défense », a précisé la ministre des Armées.
Pendant la crise de la Covid-19, le ministère des Armées s’est attaché à soutenir sa base industrielle et technologique de défense (BITD). Par exemple, le plan de soutien aéronautique présenté en juillet a permis de préserver 1200 emplois dans ce secteur très sévèrement touché. L’ensemble du tissu industriel pourra également bénéficier d’une baisse des impôts de production à hauteur de 20 milliards d’euros, une mesure de soutien prévue dans le plan de relance gouvernemental.
« Bâtir notre autonomie stratégique, c’est aussi avoir des matériels dont nous maitrisons la technologie. C’est acquérir les capacités pour agir ensemble, et de préférence, acheter européen », explique Florence Parly dans un vibrant plaidoyer pour l’Europe de la Défense. De la parole aux actes, il n’y a parfois qu’un pas : la ministre a annoncé le déploiement de la frégate Latouche-Tréville au sein de l’opération Irni de l’Union européenne, une opération chargée de contrôler l’embargo sur les armes en Libye. Autre illustration concrète de cette Europe de la Défense, la récente annonce du Premier ministre grec d’acquérir 18 Rafale. « Une révolution : c’est la première fois qu’un pays européen exprime le souhait de se doter de Rafale. C’est un succès pour notre industrie aéronautique », note Florence Parly.
Au-delà du soutien économique, la LPM prévoit par ailleurs un plan de recrutement ambitieux pour attirer les talents. En 2021, 26 700 jeunes, dont 3 200 civils, seront recrutés dans des domaines très variés. « Notre ministère fait partie de ces piliers de la République et de l’Etat, qui vient au soutien des Français pour les protéger ou les aider comme lors de l’opération Résilience, mais également dans ces temps difficiles pour l’insertion professionnelle, alors que les jeunes sont les premières victimes de cette crise » a souligné Florence Parly.
La ministre des Armées a évoqué dans son discours deux chantiers à venir : la nouvelle feuille de route du Service de santé des Armées « en poursuivant la montée en puissance des effectifs et en renforçant la préparation opérationnelle qui nous permet de bénéficier d’une des meilleures médecines militaires, aussi bien à l’avant sur les théâtres d’opération, qu’au quotidien » a-t-elle expliqué. Feuille de route qui sera présentée début octobre lors d’un déplacement à Lyon.
Autre chantier : la stratégie énergétique du ministère des Armées, « élaborée pour garantir la résilience de nos approvisionnements en énergie, à long terme et nous placer en acteur à part entière de la transition énergétique » et qui sera elle aussi présentée très prochainement.
Sources : Ministère des Armées