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Comment les experts du MCO se sont adaptés à la crise de la Covid-19

Mise à jour  : 16/10/2020 - Auteur : Jeanne Sénéchal - Direction : DICoD

Au ministère des Armées, premier investisseur de l’Etat, assurer la continuité du maintien en condition opérationnelle (MCO) des matériels fut un défi durant le confinement. Les responsables de ce dossier sensible nous racontent cette bataille de tous les instants. Une période inédite dont ils tirent de précieux enseignements.

Le maintien en condition opérationnelle (MCO) des matériels, c’est l’ensemble des moyens et des procédures nécessaires pour qu’un matériel demeure, tout au long de sa durée d’utilisation, apte à l’emploi qui lui est assigné. Pour les militaires, le soutien des matériels est un impératif : il faut préserver le MCO à un niveau suffisant pour assurer la continuité des opérations et des missions essentielles. C’est aussi une lutte quotidienne, a fortiori durant la crise sanitaire liée à la Covid-19…

Garantir la disponibilité des matériels en période de confinement fut une épreuve. Pour l'ingénieure générale de l’armement hors classe (IGAHC) Legrand-Larroche, la directrice de la Direction de la maintenance aéronautique (DMAé), le premier enjeu, durant cette période, était de « concilier la santé des agents tout en maintenant une activité nécessaire ».

Une fois les mesures de confinement annoncées, les experts du MCO ont dû s'organiser pour assurer la continuité des missions. Veiller à la gestion des stocks et des approvisionnements, notamment, maintenir la chaîne de distribution en pièces de rechange… mais également, adapter les modalités de production dans les ateliers et, plus généralement, les modes de fonctionnement, avec le télétravail à mettre en place.

Maître-mot : adaptation 

La structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres (le MCO terrestre), la DMAé, et le Service de soutien de la flotte (le MCO naval), se sont rapidement adaptés à cette situation exceptionnelle. Dès le début du confinement, une partie des agents a été équipée de moyens de mobilité afin de pouvoir travailler hors de leur lieu de travail. Le MCO terrestre et aéronautique ont ainsi vu augmenter de 40 % le nombre de télétravailleurs. Une opération rendue possible grâce au soutien de la Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information (DIRISI).

Pour le MCO naval, la situation était différente. A l’annonce du confinement, « beaucoup de bâtiments étaient en mer et, conjoncturellement, assez peu en arrêt technique », explique l’IGAHC de Garidel-Thoron, directeur du Service de soutien de la flotte (SSF) qui assure la maîtrise d’ouvrage du MCO naval. La priorité : adapter les chantiers d’entretien aux nécessaires règles de distanciation sociale et de protection des personnels.

Pour les trois MCO, il a fallu prioriser les actions et maintenir un contact permanent avec les industriels afin de répondre aux objectifs de disponibilité technique des matériels, avec une priorité fixée sur les opérations. « Durant le confinement, les unités se sont essentiellement entraînées dans leurs garnisons. Le soutien était plus concentré, ce qui a facilité la remise en condition des matériels et conduit à une augmentation de leur disponibilité », relève le général de corps d’armée Autran*, le directeur de la structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres (SIMMT). Résultat : l’objectif de disponibilité technique a été tenu pour les unités à l’entraînement comme celles déployées en opérations.

« Il a également fallu relever certains plafonds financiers de dépenses. Ces mesures ont permis de commander et de payer les pièces nécessaires à la préservation des moyens de soutien, mais aussi à la survie des entreprises. ». Un enjeu de taille dans le contexte actuel.

Des partenaires privés « engagés au service de la France »

Au moment de l’annonce du confinement, les partenaires privés ont réduit – voire gelé - leurs activités. Un moment délicat que les responsables des MCO ont dû gérer. « Certains industriels titulaires de marchés de MCO, ou qui avaient en leurs mains des pièces critiques en cours de réparation dont nous avions besoin, avaient décidé d’arrêter leur activité au début du confinement. Après les avoir contactés, la plupart ont repris, en adaptant leur fonctionnement, ce qui a permis de faire redémarrer très vite la plupart des chantiers », se félicite l'IGAHC de Garidel-Thoron. A la manœuvre, le ministère des Armées constitue l’un des acteurs majeurs de la relance de l’économie, fort d’une loi de programmation militaire (2019-2025) ambitieuse.

« J'ai constaté un esprit de partenariat remarquable pendant cette crise, ainsi que de bonnes relations avec les industriels », confirme la directrice de la DMAé. Nous nous sommes par exemple associés à Airbus Helicopters pour équiper des hélicoptères de convertisseurs électriques, afin de pouvoir brancher les appareils de réanimation pour les malades évacués, de la région Grand-Est vers l’Allemagne, notamment. »

Augmentation des stocks

« Si notre réactivité logistique est le fruit de la dualité de nos approvisionnements (État et industriels), notre résilience à ce type de crise réside dans la qualité et la quantité de nos stocks », souligne l'IGAHC de Garidel-Thoron. Tirant les leçons du confinement, le MCO naval a lancé un certain nombre d'approvisionnements complémentaires et analysé sa dépendance vis-à-vis de fournisseurs étrangers. 

Du côté du MCO terrestre, la crise liée à la Covid-19 a permis l’accélération du projet « fabrication additive », avec l’acquisition d’une première capacité. « Depuis près de deux ans, le MCO terrestre expérimente plusieurs solutions d’impression 3D, notamment sur certains théâtres d’opérations extérieures, afin de développer une capacité de prototypage de pièces, c’est-à-dire la réalisation de petites séries et de réparations à l’aide de ce procédé de fabrication », confie le général Autran. 

Une « dette de maintenance » résorbée d’ici 2021, des objectifs inchangés

En raison du confinement, chacun des MCO a accumulé un retard sur des opérations de maintenance ou de régénération de matériels, et, dans une certaine mesure, sur l’élaboration des contrats avec ses partenaires industriels. Dans le jargon, on parle d’une « dette de maintenance ».

« Après avoir identifié et limité cette dette, il s’agit désormais de la résorber progressivement, à partir des capacités de productions étatiques et privées, et des capacités de formation de l’école du Matériel », note le général Autran, pour le MCO terrestre.

Du côté de la DMAé, « l’idée est de rattraper tout le retard d’activité courant 2021 », un objectif fixé avec les industriels. Pour la Marine, la « dette de maintenance » sera également résorbée d’ici à quelques mois. 

Chacun des MCO a montré sa résilience face à la crise. Pour le MCO terrestre comme pour le MCO naval et la DMAé, les objectifs restent inchangés et la dynamique réelle.

* Le général de corps d’armée Francis Autran a quitté l’institution militaire après 40 ans au service de la France. Le nouveau directeur central de la SIMMT est le général de corps d’armée Jouslin de Noray.

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Sources : Ministère des Armées