Depuis toujours, le marin rêve de dominer la mer et de repousser les limites de l'horizon. L'aéronautique navale depuis cent ans lui permet de maîtriser cette troisième dimension.
En 1910, quelques mois après que Blériot ait traversé la Manche, la Marine envoie sept officiers se former comme pilotes d'aéroplanes chez des constructeurs de l'époque. En décembre, un Farman est acquis, il est le premier avion de la Marine. L'aviation navale était née. Il faut cependant attendre 1912 pour qu'elle soit officiellement créée par un décret du président de la République. Depuis lors, et malgré de fortes réticences à l'origine, elle ne cesse de se développer comme partie intégrante de la marine à laquelle elle apporte la dimension aérienne dans les opérations navales.
Dans la spirale des deux Guerres mondiale
Pendant la Première Guerre mondiale, des aviateurs marins participent à la lutte contre les sous-marins allemands. En 1920, le lieutenant de vaisseau Teste apponte pour la première fois sur le pont du cuirassé Béarn qui deviendra le premier porte-avions français. Alors que les dirigeables disparaissent progressivement dans les années trente, l'avion et l'hydravion font de grands progrès techniques, mais leur rôle exact dans les opérations navales est encore mal défini.
En 1940, l'aéronautique navale participe aux premiers combats de la guerre et subit de lourdes pertes. Ensuite, divisés comme toute la Marine, certains aviateurs marins restent fidèles au gouvernement légal tandis que d'autres s'engagent dans les forces navales françaises libres et participent aux combats aux côtés des alliés. A partir de 1943, l'aéronautique navale unifiée se reconstitue en Afrique du Nord.
En 1945, exsangue, elle reçoit des alliés l'essentiel du matériel qu'elle utilise jusque dans les années cinquante, notamment quatre porte-avions. C'est aussi l'époque où elle est engagée dans les conflits d'Indochine et d'Algérie où elle subit de lourdes pertes.
Essor des programmes de constructions
A partir de 1955 et à la faveur d'une situation économique meilleure, des programmes de construction de matériel français sont lancés, notamment deux porte-avions de conception française. Mais c'est surtout à partir des années soixante que l'aéronautique navale va renouveler ses équipements avec du matériel presque entièrement français: avion de chasse Étendard , de patrouille maritime Atlantique , de reconnaissance Alizé et hélicoptères Super-Frelon . Le Clemenceau et le Foch sont mis en service respectivement en 1961 et 1963. Depuis lors, la plupart des équipements sont de conception et de fabrication française et renouvelés régulièrement afin de disposer d'une force aéronavale moderne et cohérente. Le porte-avions nucléaire Charles de Gaulle, l'avion Rafale , sont les plus emblématiques des matériels récemment acquis pour l'aéronautique navale en attendant bientôt l'hélicoptère NH 90.
Du Liban jusqu'en Afghanistan
Depuis les années soixante dix, l'aéronautique navale n'a cessé d'être engagée dans de nombreuses opérations, en marge du Liban, en Adriatique pendant la guerre civile Yougoslave ou encore au large de l'Afghanistan. Mais au quotidien, les avions de patrouille et de surveillance maritime, comme les hélicoptères embarqués sur les frégates, surveillent et au besoin interviennent sur tous les océans, pour lutter contre les nombreux trafics qui sévissent et se développent en mer ou pour assurer des missions de sauvetage.
Le chemin parcouru en un siècle est considérable, depuis le premier Farman dont beaucoup de marins ne voyaient pas l'utilité jusqu'aux avions ou hélicoptères les plus modernes dont la marine ne pourrait aujourd'hui plus se passer. L'aéronautique navale a apporté la troisième dimension aux opérations navales, c'est cette histoire que nous vous proposons de découvrir en cette année du centenaire.
Sources : ©Marine nationale / CF Jérome Baroë
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