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Manche-mer du Nord - Petite mer, grands enjeux

Mise à jour  : 26/11/2020 - Direction : SIRPA Marine

La Manche – mer du Nord est une zone clé pour la Marine nationale. Préfet maritime, commandant d’arrondissement et de zone maritimes de la Manche et de la mer du Nord, le vice-amiral d’escadre Philippe Dutrieux revient sur les spécificités et les opportunités propres à cette façade maritime.

COLS BLEUS : Quels sont les enjeux et problématiques maritimes en Manche – mer du Nord ?

VICE-AMIRAL D’ESCADRE PHILIPPE DUTRIEUX : Cette façade est, avant tout, un espace de circulation maritime aux conditions environnementales complexes. Le trafic entre l’Europe du Nord et le reste du monde y croise celui entre la France et le Royaume-Uni, faisant de cette zone, et du Pas-de-Calais en particulier, une des plus denses du monde. La zone se caractérise aussi par une concentration exceptionnelle d’activités socioéconomiques dont il convient d’organiser au mieux la cohabitation, tout en préservant la richesse des espaces naturels.

 

C. B. : Quelles sont les missions de la Marine nationale dans la région ?

VAE Ph. D. : La sauvegarde de la vie humaine est ma priorité et dicte l’organisation des missions. Le Centre opérationnel de la Marine (Com), à Cherbourg, assure 24 h/24, 365 jours par an la sécurité en mer et la protection de nos côtes. Il coordonne un réseau parfaitement organisé, directement ou via les centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage (Cross). L’activité a connu une nette augmentation cette année, liée au phénomène migratoire dans le Pas-de-Calais. La Marine contribue aussi à la sécurisation globale des approches maritimes. Elle participe à celle des ferries transmanche avec des équipes de protection et une capacité d’intervention immédiate de fusiliers marins en cas d’alerte. Enfin, au socle traditionnel des missions de service public, telles que la neutralisation des engins explosifs par le groupe de plongeurs démineurs, s’ajoutent des missions de surveillance de l’environnement marin ou de contrôle des pêches.

 

C. B. : De quels moyens disposez-vous pour les mener à bien ?

VAE Ph. D. : Les moyens de la Marine lui permettent d’intervenir au large comme dans la bande côtière. Trois patrouilleurs de la Marine nationale et deux de la gendarmerie maritime sont basés à Cherbourg, ainsi que le groupe de plongeurs démineurs et son bâtiment base, le Vulcain. Deux hélicoptères, un Dauphin et un Caïman Marine, effectuent essentiellement des missions de service public. La gendarmerie maritime arme, notamment, quatre pelotons de sécurité maritime et portuaire et quatre vedettes côtières. Deux remorqueurs de haute mer affrétés (Abeille) et un bâtiment d’assistance spécialisé dans la lutte antipollution affrété complètent le dispositif à la mer. Enfin, la chaîne sémaphorique veille, avec ses 14 unités, sur nos approches.

 

C. B. : Comment votre action s’articule-t-elle avec celle des autres acteurs ?

VAE Ph. D. : Nous travaillons en étroite collaboration avec les administrations participant à l’action de l’État en mer : douane, affaires maritimes et sécurité civile, ainsi qu’avec la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM), mais aussi, pour le volet renseignement, avec les forces de sécurité intérieure. Nous coopérons également étroitement avec nos voisins britanniques et belges.

C. B. : Comment se dessine le rôle de la Marine dans la zone à l’avenir ?

VAE Ph. D. : À l’horizon 2030, un haut niveau de sécurité maritime et portuaire sera plus que jamais nécessaire pour conforter l’attractivité économique de la façade, véritable porte de l’Europe. La création d’une frontière en Manche, consécutive au Brexit, créera des besoins accrus de surveillance et de contrôle. Enfin, l’émergence prochaine de zones dédiées aux énergies marines renouvelables et le renforcement des zones de protection de l’environnement nécessiteront la mise en place de politiques transfrontalières et durables. Quatre projets de parcs éoliens totalisant une puissance de près de 2 GW sont déjà en cours de développement, avec les premiers travaux pour 2021. Si le développement de la filière hydrolienne en est encore, pour sa part, à un stade plus précoce, le Raz-Blanchard pourrait offrir une opportunité de développement commercial en la matière.

Extrait du Cols Bleus N°3084 - Décembre 2019 - Manche-mer du Nord - Une région stratégique pour la Marine


Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées