Yacht en feu au large de Port-Cros - Le récit
Mercredi 11 août, vers 4 h 30, un incendie se déclare sur le yacht Reine d’Azur, battant pavillon britannique, alors au mouillage à l’ouest de Port-Cros. Dès 4 h 40, l’alerte est donnée et le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage de la Méditerranée (Cross Med) lance une intervention. Les trois membres d’équipage et sept passagers sont alors rapidement évacués, mais l’incendie n’est éteint qu’après plusieurs heures d’arrosage par des moyens extérieurs. L’épave du yacht, à la flottabilité incertaine, est remorquée par le bâtiment de soutien et d’assistance affrété (BSAA) Jason vers une zone abritée. Un barrage absorbant est mis en place autour de l’épave, pour prévenir tout risque pour l’environnement. Alors que des rejets de gazole en provenance des soutes sont observés, la préfecture maritime de la Méditerranée fait appareiller le BSAA Pionnier pour renforcer les capacités de lutte contre la pollution sur la zone et éviter que les hydrocarbures n’atteignent le littoral de l’île du Levant. Le lendemain, l’épave du yacht finit par sombrer par quelques dizaines de mètres de fond, sans risque immédiat pour l’environnement. Au total, l’épisode a mobilisé de nombreux moyens, coordonnés par la préfecture maritime : les vedettes des stations de la SNSM de Hyères et du Lavandou, les sapeurs-pompiers de Port-Cros, les marins pompiers de la base d’aéronautique navale de Toulon, le patrouilleur de haute mer Commandant Birot, alors en mission de surveillance des approches maritimes, les BSAA Jason et Pionnier, les moyens de la cellule antipollution de la base navale de Toulon, la vedette côtière de surveillance maritime (VCSM) Huveaune, et des embarcations du parc national de Port-Cros, de la brigade de surveillance du littoral de la gendarmerie maritime de Toulon et de la gendarmerie de la direction générale de l’armement (DGA).
L’éclairage du Prémar
Vice-amiral d’escadre Gilles Boidevezi, préfet maritime de la Méditerranée
Le traitement de cet incendie illustre une des trois facettes du Prémar, celle de « préfet de l’urgence ». En tant que responsable de la sauvegarde de la vie humaine en mer, la priorité du Prémar a été de mettre en sécurité l’équipage, et, au-delà, d’éviter que ce navire en feu, qui avait rompu son mouillage, ne vienne s’échouer sur une plage de Port-Cros. La préfecture maritime a rapidement mis sur pied une équipe de gestion de crise et activé le niveau 2 du plan ORSEC maritime. Cela a permis de coordonner l’action de nombreux moyens des administrations participants à l’AEM, pour éteindre l’incendie, mais aussi pour éviter toute conséquence sur l’environnement très sensible des îles d’Hyères. Cette affaire illustre par ailleurs l’action du Prémar auprès des propriétaires, responsables de la coque de leur navire, même réduite à l’état d’épave : ils doivent alors assurer son renflouement, pour éviter qu’elle ne constitue une source de pollution et un danger pour la navigation. J’interviens dans ce cadre en mettant en demeure le propriétaire d’agir dans ce sens, en lien avec son assureur. Ce type de sinistre s’est produit plusieurs fois cet été au large des côtes varoises, heureusement sans conséquences graves, mais cela montre l’importance de la réactivité de notre dispositif, surtout à proximité de l’interface terre-mer.
Témoignage
Lieutenant-colonel Nicolas, commandant en second du groupement de la gendarmerie maritime de la Méditerranée
Lors de la phase de secours, la VCSM Huveaune, déjà présente dans la zone, est intervenue sans délai pour mettre les passagers du yacht en sécurité et prendre les premières mesures pour contenir la pollution aux hydrocarbures, dans le cadre du dispositif coordonné par la préfecture maritime. Ensuite, dans le cadre de nos prérogatives en matière de police judiciaire, nous avons procédé, sous l’autorité du procureur de la République de Marseille cette fois, à une enquête visant à établir les causes du naufrage, la nature de la pollution (accidentelle ou non) et rechercher les éventuelles négligences ou malveillances qui auraient pu en être à l’origine. La lutte contre la criminalité environnementale fait partie intégrante de nos missions, particulièrement en Méditerranée où les écosystèmes sont très fragiles et les aires marines protégées nombreuses.
----------------
Expédition Gombessa 6
Comprendre pour mieux protéger les océans
En juillet dernier, l’explorateur Laurent Ballesta prend la tête de l’expédition scientifique Gombessa 6, pour déterminer la nature des mystérieux anneaux découverts il y a dix ans au large du Cap Corse par l’institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer). Installé dans un module de plongée pressurisé dédié, il effectue avec ses trois coéquipiers plusieurs plongées à 120 m de profondeur pour photographier ces structures circulaires, dont le périmètre peut atteindre une trentaine de mètres. Les quatre plongeurs réalisent également des carottages, qui seront analysés pour confirmer qu’il s’agit bien de corail. La station bathyale2 utilisée par les plongeurs leur permet de se maintenir à la pression qui règne dans les grandes profondeurs, pendant toute la durée de la mission, évitant ainsi les étapes de décompression d’une plongée classique. Elle est installée sur une barge de l’Institut national de plongée professionnelle, tractée par le BSAA Pionnier, mis à disposition par la préfecture maritime. Les équipes de la cellule de plongée et d’intervention sous la mer (Cephismer), présentes à bord de ce dernier, réalisent des prises de vues complémentaires et mettent à l’eau un ROV (Remotely Operated Vehicle) pour éclairer les zones de plongée et participer à la sécurité des plongeurs. Cette coopération entre les moyens de l’action de l’État en mer et une expédition scientifique de haut niveau illustre l’importance accordée à la connaissance du milieu maritime par le préfet maritime, responsable de la protection de l’environnement en mer.
2. La zone bathyale désigne les grandes profondeurs (> 200 m).
Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées