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Pollution en mer à l’est de la Corse - Le récit

Mise à jour  : 10/11/2021 - Direction : SIRPA Marine

Lors d’un exercice réalisé par la base aérienne de Solenzara le 11 juin, une pollution aux hydrocarbures est identifiée au large des côtes corses. Le préfet maritime déclenche alors le niveau 3 de l’ORSEC maritime, en coordination avec les préfectures de Haute-Corse et de Corse-du-Sud.

Un Falcon 50 de la Marine, rapidement envoyé sur zone, repère et photographie deux nappes. L’analyse des images, réalisée par le Centre de documentation, de recherche et d’expérimentation sur les pollutions accidentelles des eaux (CEDRE)3 et le Centre d’expertises pratiques de lutte antipollution (CEPPOL)4, indique qu’il s’agit d’hydrocarbures lourds, ce que confirment les prélèvements réalisés par la vedette Libecciu des douanes françaises. Dans les heures qui suivent, la dérive et le morcellement des nappes sont surveillés de près. Décision est prise de procéder à leur récupération par chalutage. Des moyens nautiques sont engagés pour encercler la zone : les bâtiments de soutien et d’assistance affrétés (BSAA) Jason et Pionnier, la vedette Libecciu, la vedette Mimosa des Affaires maritimes et le remorqueur Altagna, de la société Erasme. Des moyens aériens (Falcon 50 et Panther de la Marine, Dragon 2A de la sécurité civile, Beechcraft des douanes) complètent le dispositif, en assurant des vols de reconnaissance et de guidage. Au total, 50 heures de vol sont réalisées et près de 15 tonnes de matières polluantes sont récupérées. La pollution résiduelle s’étant éloignée du littoral, les plages temporairement interdites au public sont rouvertes le 15 juin après avoir été nettoyées des dépôts d’hydrocarbures. En parallèle, une enquête est ouverte par le procureur de Marseille et confiée à la gendarmerie maritime pour identifier l’auteur de ce dégazage sauvage.

3. Entité indépendante de conseil et d’expertise créée pour améliorer la préparation à la lutte contre les pollutions accidentelles des eaux et renforcer le dispositif d’intervention français.

4. Unité de la Marine rattachée à CECLANT, qui agit comme expert au profit de l’ensemble de la Marine.

L’éclairage du Prémar

Vice-amiral d’escadre Gilles Boidevezi 

Cet épisode illustre la réactivité de notre dispositif, la complémentarité de moyens agissant en mer et la pertinence de notre organisation pour prévenir et lutter contre les pollutions en Méditerranée, qui abrite 10 % de la biodiversité mondiale. La détection de cette pollution par moyen aérien a été rapidement suivie par la mobilisation de nombreux moyens nautiques et aériens civils et militaires, agissant sous mon autorité. Avec des côtes longées par un trafic maritime important (19 000 navires par an dans le canal de Corse, 3 500 dans les bouches de Bonifacio), la Corse est très exposée. Dans ce contexte, la base navale d’Aspretto joue un rôle essentiel pour y positionner des moyens de lutte contre la pollution, rapidement projetables en cas d’urgence. Comme lors de l’échouement du Rhodanus en 2019, cet épisode a confirmé la nécessité pour l’État de disposer en Corse de moyens d’intervention capables d’intervenir en haute mer pour traiter une pollution et porter assistance à un navire en difficulté. Enfin, dans cette zone sensible, il est indispensable de coopérer : d’une part, avec nos partenaires internationaux (c’est, par exemple, la vocation de l’accord RAMOGEPOL, qui permet de mettre en commun nos moyens avec l’Italie et Monaco pour faire face à une pollution) et, d’autre part, avec mes homologues terrestres préfets de département en charge de la protection du littoral.

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Le sauvetage du Bel Espoir

Le récit 

Le 7 septembre, une voie d’eau survient dans le compartiment moteur du chalutier Bel Espoir alors qu’il navigue à 20 nautiques (environ 37 km) au nord-ouest du Cap de La Hève (76). L’eau envahissant le compartiment, le chalutier alerte le Cross Jobourg qui diffuse un message MAYDAY RELAY et déroute le navire de pêche Atlas alors à proximité. La voie d’eau du chalutier ne peut être étalée par les moyens du bord. Le Cross décide donc d’engager un hélicoptère Caïman Marine de la Flottille 33F qui décolle de Maupertus avec une motopompe de secours. Dans le même temps, le Cross engage la vedette Président Pierre Huby de la société nationale de sauvetage en mer (SNSM) qui appareille du Havre. Sur place, alors que le Caïman Marine hélitreuille son plongeur et installe une première motopompe à bord du navire, l’équipage de la vedette de la SNSM intervient en parallèle avec une seconde motopompe. Une fois la voie d’eau maîtrisée, l’appareil de la 33F quitte la zone du sauvetage et le Bel Espoir rejoint sans encombre Port-en-Bessin (14) escorté par la vedette Président Pierre Huby qui regagnera ensuite sa station au port du Havre.

L’éclairage du Prémar

Vice-amiral d’escadre Philippe Dutrieux, préfet maritime de la Manche-mer du Nord

La mission de sauvetage en mer est une mission de service public obligatoire et gratuite, qui incombe à l’État et à chaque capitaine de navire. Comme préfet maritime, c’est la première des missions dont j’ai la charge. Dans la zone géographique très spécifique de la Manche et de la mer du Nord, ce sont près de 2 500 opérations de tout type qui sont conduites tous les ans par les deux Cross de Jobourg et de Gris Nez. Près de 75 % de ces opérations portent sur le sauvetage en mer. Néanmoins, comme dans le cas du Bel Espoir, sur un plan strictement opérationnel, assistance maritime et secours aux personnes sont très souvent liés. Les Cross sont ainsi amenés à coordonner des opérations faisant intervenir des moyens de l’État, mais également des moyens privés, chalutiers, plaisanciers ou navires de commerce par exemple. En Manche-mer du Nord, outre la problématique actuelle de traversée de migrants observée dans le Pas-de-Calais, de nombreuses opérations de sauvetage sont liées aux personnes isolées par la marée. Phénomène assez spécifique à notre façade, dans une région où le marnage peut atteindre 15 m par endroits. En 2020, plus d’une centaine de personnes isolées par la marée ont été prises en charge par les services de secours et en 2021 ces chiffres ne diminuent pas. Dans une période où les phénomènes nouveaux explosent et où les opérations habituelles ne faiblissent pas, ce maintien de la disponibilité des moyens implique une attention de tous les instants et une résilience exemplaire des équipages fortement sollicités.

Témoignage

La SNSM, un partenaire essentiel

Au Havre, comme dans toutes les stations de métropole et d’outre-mer, les bénévoles de la SNSM sont mobilisés 24 h/24 et 7j/7 pour répondre en moins de quinze minutes aux appels de détresse des vacanciers, des plaisanciers, des pêcheurs et des marins du commerce pris dans le mauvais temps ou subissant une avarie. « Nous sommes systématiquement alertés par les Cross, précise Marc Cotrel, président de la station havraise de la SNSM. Le lien avec les autorités maritimes et la Marine est extrêmement fort et nous avons l’habitude de travailler ensemble. Les Cross sont pour nous à la fois des sentinelles et des donneurs d’ordre. » « Dans le cas précis du sauvetage du chalutier Bel Espoir, raconte Guy Plotton, l’un des patrons de vedette de la SNSM, la collaboration entre l’équipage du Caïman Marine et celui de notre vedette a été particulièrement fluide, chacun assurant les bons gestes au bon moment. Ce fut un cas d’école et une réussite. »


Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées