Relater le quotidien des 2 000 marins à bord du porte-avions Charles de Gaulle... Voilà l’objectif du récit graphique de l’auteur Raynal Pellicer et du dessinateur Titwane. Après avoir réalisé trois reportages dessinés sur des services de Police judiciaire, les deux hommes ont décidé de s’intéresser à l’équipage de ce navire emblématique de la Marine. En juin 2019, lors de la mission Clemenceau, Raynal Pellicer a embarqué à bord du porte-avions pour une immersion grandeur nature de 18 jours.
COLS BLEUS : Pourquoi avoir choisi de consacrer un ouvrage au porte-avions Charles de Gaulle ?
RAYNAL PELLICER : Après la trilogie sur la Police judiciaire, on s’était dit qu’il fallait aller vers d’autres horizons. Nous avons assez vite pensé à la Marine et au Charles de Gaulle. C’est le navire amiral, et peu importe où l’on va en France, tout le monde le connaît. TITWANE : Ce bateau a une forme inimaginable. Vue de haut ou de face, elle est très étrange. La coque ne ressemble pas à celle d’un navire classique. Graphiquement c’est un casse-tête, mais c’est très intéressant.
C. B. : Comment avez-vous travaillé sur le porte-avions et à distance ?
T. : Raynal est allé sur place pour enregistrer un maximum d’informations (notes, photos, vidéos...). Je travaille ensuite à partir de ça. Même si c’est un peu frustrant pour moi de ne pas y être allé, cela apporte aussi un regard extérieur pour prendre un peu de recul parfois.
R. P. : Ce qui nous a fait peur au début, c’est qu’habituellement nous faisons des immersions sur plusieurs mois... 18 jours cette fois, cela nous semblait court, surtout avec 2 000 personnes à bord et sachant que les gens se livrent plus facilement avec le temps. Mais finalement, sur le Charles de Gaulle c’est 24h/24, le temps ne s’arrête jamais. En plus, les marins aiment parler de leur métier donc c’est simple de s’y intéresser et de leur poser des questions.
C. B. : Quelles ont été les rencontres les plus marquantes ?
R. P. : Il y a eu plein de moments marquants ! Comme celui avec le bosco et les manœuvriers lors du ravitaillement en mer, une très belle rencontre avec des gens passionnés ; les pilotes lors du briefing et du « what if » en salle d’alerte, le pacha, l’amiral... Il y a une grande diversité à bord du Charles de Gaulle, mais il faut aller chercher l’information et rendre ça visuel car le porte-avions l’est énormément. Il suffit de poser les yeux quelque part pour s’émerveiller.
T. : J’ai eu un peu la même impression que lorsque j’ai visité Venise. Là-bas, partout où vous regardez, c’est différent. Sur le Charles de Gaulle c’est un peu la même chose et on a envie de tout dessiner, mais ça prend beaucoup plus de temps. Pour moi qui adore reproduire les détails et être dans la précision, c’est un régal. (C. C.)
Le Charles de Gaulle,
immersion à bord du porte-avions nucléaire, Raynal Pellicer et Titwane,
Éditions de La Martinière, septembre 2020, 192 pages, 26,50 €.
Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées