Marine nationale
En 1750, Jean-Jacques Rousseau prenait le contre-pied de l’opinion générale en démontrant, dans son Discours sur les sciences et les arts, que ces derniers ne contribuaient pas à épurer les mœurs. Une affirmation d’autant plus surprenante que l’essai du philosophe concourait à l’obtention du prix de l’académie de Dijon qui cherchait par cet événement à prouver l’inverse.
De manière moins brutale mais tout aussi audacieuse, le capitaine de frégate François-Olivier Corman, dans Innovation et stratégie navale, porte un regard critique sur l’innovation dans le domaine naval militaire. Nécessaire pour tout pays qui souhaite acquérir ou conserver une supériorité aéromaritime, l’innovation technologique suscite en e et l’engouement.
Preuve en est l’enthousiasme soulevé par les avancées dans les domaines de l’intelligence artificielle, du big data, des drones ou encore du spatial. Fort d’un pragmatisme tout marin, l’auteur prend le contre-pied de cette ferveur en démontrant que l’innovation, présentant le risque d’être poursuivie pour elle-même et de constituer une « fuite en avant », peut devenir un leurre dangereux si elle n’est pas éclairée par les principes qui régissent la stratégie navale depuis la naissance des marines de guerre, comme le sens du réel, l’exigence de robustesse ou la résilience.
Cette analyse ne, assortie de très nombreux exemples et enseignements passés ou actuels, propose une conciliation entre le nécessaire besoin d’innover et le pragmatisme qui doit guider cette innovation. (A. B.)
Innovation et stratégie navale, François-Olivier Corman,
Éditions Nuvis, 2021, 262 pages, 21 €.
Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées
