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Fred et Jamy sont sur un bateau

Mise à jour  : 09/12/2011 - Direction : SIRPA Marine

Depuis la saison 1993-1994, les deux compères font les beaux jours de l’émission de vulgarisation scientifique « C’est pas sorcier », diffusée sur France 3.

Parmi les plus de 500 sujets retenus depuis la naissance de l’émission, Frédéric Courant et Jamy Gourmaud - alias Fréd et Jamy à l’antenne - ont déjà tourné sept sujets sur la marine nationale, dont les derniers sur le Charles de Gaulle et la dissuasion nucléaire. Ils viennent à ce titre de recevoir le « Prix du chef d’état-major de la Marine ».

Rencontre avec un duo détonant.

Frédéric Courant

Le duo Fred-Jamy fonctionne à merveille, comment est-il né ?

Avec Jamy, on travaillait dans une petite chaîne au début des années 90 et on se connaissait bien. Nous avons eu envie de proposer une émission de vulgarisation scientifique. On s’est mis autour d’une table avec Bernard Gonner, le réalisateur, Bruno Bucher, qui est toujours le rédacteur en chef, Jamy et moi. Nous avons rencontré le responsable des programmes de France 3 pour leur présenter le projet. Cela leur a plu et ils nous ont donné deux objectifs : toucher les jeunes et expliquer comment ça marche. On n’a pas eu besoin de se forcer pour se partager les rôles : Jamy préférait l’aspect labo et je voulais pour ma part retourner sur le terrain. Le concept est très simple, fondé sur la notion de dialogue. C’est vieux comme le temps. Le camion a apporté un peu d’humour. Si on avait fait une émission pour adultes, on n’aurait pas pu garder cette notion d’humour qui nous plaisait. En fait, c’est un peu notre caution pour pouvoir faire des conneries ! (rires). Dès le début, le public a suivi, plutôt les 10 à 14 ans à l’époque. Ils ont ensuite prescrit l’émission à leurs parents. Aujourd’hui, « C’est pas sorcier » se regarde en famille.

Quel est le secret de longévité de l’émission ?

C’est sans doute la variété des sujets, plus de 500 au total. En plus de la science et de la découverte, nous avons abordé aussi des sujets de géopolitique comme la dissuasion, ou encore des thèmes comme la Cour pénale internationale et la Bourse. Nous avons constaté que quel que soit le sujet, le nombre de téléspectateurs est stable. Dans le choix des sujets, cela nous donne une plus grande liberté éditoriale. Il faut toujours garder des yeux d’enfant sur un sujet. Rester surpris et curieux, c’est l’essentiel.

Comment se passe la réalisation d’un sujet ?

C’est un travail collectif avec les journalistes de la rédaction qui effectuent un travail pointu sur les recherches. Il n’y a jamais d’esprit polémique, donc les enquêtes restent libres et autonomes. C’est en tout cas très agréable à tourner. Le canevas est toujours similaire, mais on apprend plein de choses dans ce positionnement d’intermédiaire entre le public et la connaissance. Forcément, après 16 ans, on traite de nouveau certains sujets. Même si on connaît la réponse aux questions que l’on pose, on doit le faire de manière naïve. La difficulté, c’est d’être compris de tous sans être simplistes, sans détourner une réalité. C’est un réel plaisir de comprendre les choses. Notre travail ensuite, c’est de les raconter. Même quand les sujets sont difficiles, comme l’astronomie, le phénomène des marées. Certains sujets demandent beaucoup de travail. Cependant, on ne réalise pas des thèses sur chaque sujet. J’aime la géopolitique, la politique étrangère, l’investigation. Mon rêve de journaliste, c’était de tester pas mal de choses différentes, de voyager, d’aller là où d’autres ne vont pas.

Vous avez réalisé sept sujets sur la marine, quel est votre retour d’expérience ?

En général, les plus jeunes marins ont grandi avec l’émission. Ils ont donc un peu l’impression de nous connaître. Notre métier nous permet à la fois de dîner avec les amiraux ou de griller une clope avec les membres d’équipage. C’est un spectre intéressant pour capter la vie à bord. Quel que soit le grade ou les responsabilités, on croise des gens motivés. La vie à bord d’un porte-avions ou d’un sous-marin est très différente. Plus l’espace est restreint, plus on sent une forme de solidarité. Dans tous les cas, on sent bien que la motivation des marins à l’entraînement réside dans les opérations réelles qu’ils ont à mener. Avec des sujets comme le porte-avions, les avions catapultés sur 70 mètres, la gestion du vent relatif, on a pas besoin de se forcer pour parler avec passion ! C’est un drôle d’endroit : on est quand même dans une ville sur deux centrales nucléaires avec un aéroport et des quantités de munitions ! Pour le SNLE ou le SNA, c’est un peu pareil. Je me suis cru dans un film de James Bond, hélitreuillé au milieu de l’océan depuis le kiosque, à rejoindre un bateau avec tous les plongeurs en tenue le long de la coque… un vrai décor de film ! On passe quatre jours hors du temps…

Et à bord des bâtiments de la marine, quelques anecdotes ?

Sur le Charles de Gaulle, je suis arrivé pour une semaine avec mon équipage (sic) de 5 reporters et j’étais complètement aphone. Heureusement que le médecin était là, il m’a prescrit un traitement pour que je retrouve ma voix. Certains ont aussi eu peur du mal de mer avant d’embarquer. On naviguait entre Lisbonne et l’Allemagne et il y avait une très mauvaise houle. Quand ils ont vu que même certains marins étaient un peu malades aussi, on a tous été rassurés ! On a très vite compris aussi que respecter les règles de sécurité était quelque chose de fondamental. Cela permet de mettre les chiens jaunes dans sa poche et d’être autorisés à tourner pas mal de choses ! (rires). Ce sont d’excellents moments et des super souvenirs.

Septembre 2011 marque un tournant pour l’émission « C’est pas sorcier » ?

On a voulu élargir un peu les horizons, essayer Jamy à l’extérieur. Le changement essentiel est dans la méthode de tournage : on préfère plus de rencontres, et côté matériel on souhaite rechercher une certaine couleur d’image. Mais les fondamentaux sont restés : la vulgarisation et la pédagogie.

Si quelqu’un voulait faire un « C’est pas sorcier » sur « C’est pas sorcier », lui laisseriez-vous les clés du camion ?

Non, car on ne peut pas dévoiler nos secrets ! (rires)


Sources : © Marine nationale
Droits : Ministère des armées