Officier-Elèves, les enseignes de vaisseau de 2ème classe (EV2) Guerry, Garcia et Nyffenegger sont toutes trois en troisième année à l’École navale et participent en ce moment à la Mission Jeanne d’Arc sur le BPC Dixmude et la FASM Georges Leygues. Interviews croisés.
Qu’est ce qui vous a menées à rejoindre l’École Navale ?
EV2 Guerry : L’aspect militaire, la discipline, la rigueur et la hiérarchie sont autant de points qui m’ont attiré dans la Marine nationale. Issue d’une famille de marins, j’ai toujours vécu proche de la mer et eu une relation particulière au milieu maritime. J’apprécie particulièrement les responsabilités qui nous sont confiées.
EV2 Nyffenegger : Maistrancière, j’ai intégré l’Ecole navale en interne, après avoir passé quelques années au sein de la Marine. Cela m’a permis de confirmer mes choix. La possibilité de découvrir plusieurs aspects du milieu dans lequel on évolue au cours d’une carrière et la polyvalence des missions sont vraiment des « plus » que l’on retrouve dans la Marine.
EV2 Garcia : Je suis attirée par le côté marin et les perspectives de mobilités, de changements d’affectation. Tout comme les voyages et le brassage des gens, qui viennent d’horizons très différents, c’est très intéressant.
Est-ce difficile d’être une femme dans la Marine nationale ?
EV2 Guerry, EV2 Nyffenegger, EV2 Garcia : Non, ce n’est pas trop dur d’être une femme dans la Marine ! Il faut simplement faire sa place. On travaille comme tout le monde, comme les hommes. Après, on doit peut être justifier un peu plus sa place que les hommes et faire ses preuves avant de s’imposer.
EV2 Nyffenegger : Pour avoir déjà navigué, d’après mes expériences antérieures, ça se passe bien, on ne rencontre pas de problèmes particuliers parce qu’on est une femme.
EV2 Nyffenegger : L’intégration se passe plutôt bien. Qui plus est, on retrouve une ouverture d’esprit particulière dans la Marine. Et l’institution fait vraiment des efforts.
EV2 Guerry : La Marine fait des efforts, voire même un peu trop. On veut simplement être considérées de manière égale à celle des hommes.
EV2 Nyffenegger : Les mentalités ont bien évolué dans la Marine. Peut être même plus que dans la société française. D’ailleurs, une femme va probablement être nommée amiral. C’est un bel exemple : peu de femmes sont PDG de grandes entreprises, dans le civil.
EV2 Guerry : Mais on a conscience que rien n’est gagné, dans le civil comme dans les armées.
EV2 Nyffenegger : Un certain caractère est requis pour faire sa place, aussi.
N’est-ce pas trop dur de concilier une carrière dans la Marine, qui est un environnement exigeant, et une vie de famille ?
EV2 Garcia : On se pose la question avant de rentrer. On accepte les contraintes inhérentes au métier.
EV2 Nyffenegger : Il faut aussi choisir ses priorités, même si la vie de famille est bien sur très importante. D’autant qu’il y a différentes phases dans la carrière d’une femme.
EV2 Garcia : Il faut bien réfléchir, évidemment, mais une grossesse, par exemple, n’est pas forcément un frein dans la carrière.
EV2 Nyffenegger : Je pense que ce qui importe, c’est d’avoir un socle familial solide.
EV2 Guerry : Il faut aussi s’entretenir et regarder comment s’organiser avec le gestionnaire pour bien se préparer et gérer au mieux sa carrière.
Des aménagements sont-ils proposés spécifiquement aux femmes ?
EV2 Nyffenegger : Les femmes bénéficient des mêmes aménagements que les hommes pour la famille. Nous pouvons tous demander des aménagements d’horaires, par exemple.
Qu’apportent les femmes à la Marine ?
EV2 Garcia : On ne réfléchit pas de la même manière, on apporte quelque chose de ce point de vue-là.
EV2 Guerry : Ce n’est pas la même approche envers les gens. Je pense que les femmes sont complémentaires des hommes, dans la Marine.
EV2 Nyffenegger : On a des points de vue différents, ca permet de les confronter, de temps en temps. C’est toujours positif.
Pouvez-vous nous parler des spécialités que vous avez choisies ? Pourquoi celles-ci ?
EV2 Guerry : OPS, j’ai choisi la spécialité détection, qui est assez généraliste, et qui est importante pour les opérations. C’est une spécialité centrale, au cœur des bâtiments de guerre. La détection est à la base de toutes les actions, et c’est ce qui m’a plu.
Sinon, les spécialités me semblent identiques et tout autant attractives selon le genre.
EV2 Garcia : J’ai choisi d’être ENERG, car c’est ce qui permet de faire avancer le bateau. Sans nous, rien n’avance, rien ne bouge ! C’est un milieu certes un peu masculin, mais on s’adapte très bien. Et il y a de plus en plus de femmes ! Pour moi, c’est un vrai choix, et je trouve la spécialité passionnante.
EV2 Nyffenegger : Après avoir vu toutes les autres spécialités, j’ai choisi d’être OPS, et de faire de la détection, car c’est ce qui me passionne, même si tout est intéressant. Être une femme ne change rien, par ailleurs, nous sommes bien intégrées partout.
EV2 Guerry, EV2 Garcia, EV2 Nyffenegger : Nous aurions été bien accueillies dans toutes les spécialités !
EV2 Guerry : Seule l’artillerie est peut être encore considérée comme une spécialité vraiment masculine. Mais les choses changent, les femmes y sont de plus en plus nombreuses et accomplissent le même travail que leurs homologues masculins, avec la même réussite !
Y a-t-il des spécialités qui sont fermées aux femmes ou qui seraient plus difficiles pour elles ?
EV2 Guerry : La seule spécialité fermée aux femmes est celle de sous-marinier.
Sinon, les critères sont les mêmes pour les hommes que pour les femmes.
EV2 Garcia : On fait le même travail, c’est normal que les critères soient les mêmes. Il ne faudrait pas qu’il y ait de critères qui favorisent les femmes, ca nous pénaliserait, autant que l’équipe et que la mission.
Sources : © Marine nationale
Droits : Ministère des armées