Apprendre les gestes qui sauvent en cas de crash en mer, c'est ce qu'on enseigne chaque semaine aux stagiaires du centre d'entraînement à la survie et au sauvetage de l'aéronautique navale qu'ils soient anciens ou jeunes poulains. Rencontre avec le médecin Christophe Bombert, expert de la médecine d'urgence héliportée.
Une partie du stage concerne les aspects médicaux de la survie en milieu marin. Deux à trois fois par semaine, le médecin principal Christophe Bombert dispense les réflexes à adopter en cas de crash en mer. Son public: le personnel navigant de la Marine, de l'aviation légère de l'armée de Terre, de l'armée de l'Air, de la Gendarmerie. À la fois chargé de suivre au quotidien les «volants» de la base, assurant des gardes au SAMU 29, il est surtout médecin urgentiste. Il maîtrise parfaitement les dangers de la mer où l'action prime sur la réflexion. «C'est une médecine de réflexe, on agit pour stabiliser les patients et ensuite on réfléchit au diagnostic» souligne le médecin principal.
Se mettre au sec, boire et s'occuper
D'après une étude canadienne de 2006, 50% des décès sont dûs à une mort par noyade. «En cas de crash, il faut être capable d'agir tout de suite pour sa propre survie, le milieu ne pardonne pas», explique le médecin. «Le premier risque, c'est la noyade. 70ml d'eau dans les poumons c'est fatal» souligne t'il. Pour l'éviter, le port d'un équipement de flottabilité (gilet de sauvetage pour maintenir la tête hors de l'eau), l'aptitude physique et sportive du naufragé avec un entraînement régulier sont essentiels.
« Le froid, principal ennemi du naufragé »
En Bretagne, la température de l'eau est inférieure à 20°. L'eau est un milieu qui accélère les pertes de chaleur. «Dans l'eau on perd vingt fois plus de chaleur que dans l'air» explique le médecin. Pour éviter une mort par hypothermie, la tenue est primordiale (l'ensemble du personnel navigant des armées portent une tenue étanche et effets de vol multi-couches). Il faut également minimiser les mouvements. «On pourrait penser que bouger permet de se réchauffer mais cela accentue la convection» explique t'il. Il faut donc se tenir immobile plutôt que de nager et se mettre rapidement au sec dans un canot de sauvetage et s'abriter du vent.
« Le risque de déshydratation »
Autre risque: mourir de soif. Le corps humain peut être autonome pour produire du sucre mais pas pour l'eau «On s'hydrate avec les sachets de réhydratation, l'eau de pluie qu'on récolte avec une éponge ou sur des canots collectifs, on pompe avec un osmoseur inverse » explique le médecin.
« Rester organisé »
La solitude et l'ennui sont à chasser de l'esprit. «En groupe, il faut une structure temporelle, les marins savent bien faire cela en instaurant des quarts. Un quart maintenance (écoper, vérifier le canot), optique, loisirs, pêche l'objectif étant d'avoir un semblant de rythme».
Sources : ©Marine nationale / EV Daouben
Droits : Ministère des armées