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Opération de sécurisation d’envergure sur une coque à la dérive au large du Cotentin

Mise à jour  : 11/05/2021 - Direction : SIRPA Marine

Du 3 au 7 mai 2021, plusieurs unités de la Marine nationale ont participé à la sécurisation d’une coque à la dérive au large du Cotentin. Pendant cinq jours, le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) Jobourg a coordonné les opérations et engagé un grand nombre de moyens dont l’hélicoptère Caïman Marine du détachement de la Flottille 33F, le sémaphore de Saint-Vaast-la-Hougue de la formation opérationnelle de surveillance et d’information territoriale (FOSIT) Manche-mer du Nord, le remorqueur d’intervention, d’assistance et de sauvetage (RIAS) Abeille Liberté affrété par la Marine nationale, avec à son bord une équipe d’évaluation et d’intervention (EEI), en coordination avec le centre des opérations maritimes de la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord.  

Retour chronologique sur cette opération d’envergure.

LUNDI

A 21h46, le CROSS Jobourg est alerté par le remorqueur Christos XXIV que la coque du pétrolier Varzuga, qu’il acheminait vers un chantier de déconstruction, se trouve à la dérive suite à la rupture de sa remorque. Le navire d'une longueur de 160 mètres se trouve alors en entrée de voie descendante du dispositif de séparation (DST) des Casquets, à environ 40 nautiques au Nord-Ouest de Cherbourg et à destination de la Méditerranée, dans les eaux sous responsabilité britannique en terme de sécurité maritime. La coordination est ainsi conduite initialement par les coast guards britanniques via le Solent coastguard operation centre. Les conditions météorologiques sur zone (état de mer 6 sur l’échelle de Douglas, vents de 40 nœuds avec rafales allant jusqu’à 60 nœuds) ne permettent pas alors une reprise du remorquage le soir même.

 

MARDI

Dans la nuit du lundi au mardi, le pétrolier dérive vers l’Est et entre au matin en zone de responsabilité française.  Le mardi 4 mai à 8h30, le CROSS Jobourg reprend la coordination des opérations et, sur sa proposition, le centre des opérations maritimes de la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord décide de déployer une équipe d’évaluation et d’intervention (EEI) afin d’analyser la situation à bord de la coque du Varzuga et être en mesure de conduire au besoin une intervention d’urgence. Le remorqueur d'intervention, d'assistance et de sauvetage (RIAS) Abeille Liberté est également engagé et embarque à son bord l’EEI. L’hélicoptère Caïman Marine est lui aussi déployé pour transférer les experts de l’EEI de l’Abeille vers la coque à la dérive. A 18h, la décision est prise de faire remorquer la coque du Varzuga par l’Abeille Liberté qui le passe en remorque et fait route vers une zone d’abri.

En parallèle, afin de faire cesser le danger à la navigation que représente cette coque dans une zone où transite près de 25 % du trafic commercial mondial, le CROSS diffuse un message de sécurité pour prévenir les usagers de la zone, et la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord adresse une mise en demeure aux sociétés dont dépendent le remorqueur Christos XXIV et la coque du Varzuga, afin de mettre en œuvre tous les moyens possibles pour remorquer le navire en difficulté avant 18h.

A 18h00, décision est prise de faire remorquer la coque du pétrolier Varzuga par le RIAS Abeille Liberté qui, aux vues des conditions météorologiques dégradées, va se positionner en sécurité au large de Saint-Vaast-La-Hougue. A 19h15, l’Abeille Liberté rend compte avoir passé en remorque la coque du Varzuga, et commence son transit vers la zone d’abri, où une réparation de l’attelage de remorquage pourra commencer.

 

MERCREDI

L’Abeille Liberté et la coque du pétrolier Varzuga qu’il tient en remorque sont en zone d’abri au large de Saint-Vaast à 17 nautiques (environ 31km), une zone qui a évolué au cours de la journée en fonction des conditions météorologiques changeantes.  

L’idée de manœuvre générale est en effet de rester en permanence dans la zone la plus propice pour les opérations de transfert de remorque, en toute sécurité, de l’Abeille Liberté vers le remorqueur Christos XXIV, avant que le convoi ne puisse reprendre sa navigation.  

Le CROSS Jobourg engage également la vedette SNS 086 Amiral de Tourville de la société nationale de sauvetage en mer (SNSM) de Barfleur puis la vedette SNS 210 Président Jules Pinteaux de la station SNSM de Saint-Vaast-la-Hougue pour la relever, afin d’assurer la sécurité du plan d’eau autour du convoi durant les manœuvres de transfert de remorque. Le sémaphore de Saint-Vaast-La-Hougue de la FOSIT Manche-mer du Nord veille également à la fluidité et à la protection du trafic maritime dans la zone.

Les conditions météorologiques étant réunies, les opérations de transfert de remorque ont pu débuter. Tandis que l’Abeille Liberté conservait la coque en remorque par l’arrière, le Christos XXIV a commencé à travailler sur la mise en place d’une nouvelle remorque, en sécurité et sous le regard attentif des experts du Christos XXIV et le soutien de l’EEI. La préfecture maritime a par ailleurs fait appel à la compétence Salvage Master de la société « Les Abeilles », afin de disposer d’un avis complémentaire d’expert sur la conformité du gréement mis en place.

JEUDI

Les opérations de transfert de remorque se sont poursuivies au cours de la journée. Compte tenu des conditions météorologiques et océanographiques attendues pour le week-end, la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord a adressé une nouvelle mise en demeure aux sociétés dont dépendent le remorqueur Christos XXIV et la coque du Varzuga, afin de mettre en œuvre toutes les dispositions permettant la sécurisation du convoi et de l’emmener à un abri à quai.

A 19h30, enfin, le Christos XXIV met en tension sa remorque, l’Abeille Liberté peut donc larguer la sienne pour le laisser libre de sa manœuvre.

A 20h35, le convoi commence son transit vers le port du Havre, où le convoi est pris en charge par les pilotes du port.

VENDREDI

Au matin, le convoi est en attente devant le port du Havre pour être pris par les pilotes du port du Havre pour le début du remorquage portuaire. Cette prise par les pilotes s’effectue à 10h15 et le convoi avance donc lentement dans le port. Liberté de manœuvre est ainsi donnée au RIAS Abeille Liberté et à l’EEI qui était jusque-là toujours présente à son bord.

12h35, le remorqueur Christos XXIV et la coque du Varzuga accostent, en sécurité, au port du Havre.

 

DES MOYENS EFFICACES

L’efficience de l’action des moyens de l’Etat en Manche et en mer du Nord et du dispositif ORSEC* maritime a permis d’éviter des catastrophes. 

En effet, le dispositif de surveillance et d’intervention étatique de la zone de responsabilité du préfet maritime de la Manche et mer du Nord (1 préfecture maritime, 2 centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage dont le CROSS Jobourg, 1 centre des opérations maritimes, 2 hélicoptères dont le Caïman marine, des remorqueurs dont l’Abeille Liberté, 14 sémaphores et des équipes d’évaluation et d’intervention dont celle déployée) a permis de sécuriser la situation et d’éviter une dérive de la coque vers la côte où il aurait pu s’échouer.

*L’organisation de la réponse de sécurité civile (ORSEC) maritime permet de réagir à tout évènement survenant en mer. Elle regroupe le contrôle du trafic maritime en cas d’obstruction à la navigation, l’assistance aux navires en difficulté (ANED), le sauvetage en mer (SAR), la lutte contre une pollution maritime (POLMAR) et, exclusivement pour la Manche-mer du Nord, la surveillance en cas d’incident nucléaire maritime.

 

Focus sur les équipes d’évaluation et d’intervention (EEI)

Lors de l’opération de sécurisation d’une coque à la dérive au large du Cotentin, une équipe d’évaluation et d’intervention (EEI) a été déployé sur zone. Mais qu’est-ce qu’une EEI et à quoi sert-elles ? L’EEI est composée des experts capables de conseiller le préfet maritime. Elle est déployée à bord des navires qui se trouveraient en difficulté et/ou en avarie dans leur zone de compétence. L’EEI permet au préfet maritime d’avoir une connaissance précise de la situation à bord, du sinistre et de son évolution probable, lui permettant ainsi de prendre les décisions les plus appropriées à l’événement en cours.

Sur la façade de la Manche et de la mer du Nord, les membres de l’EEI sont aussi bien des civils (inspecteurs de la sécurité des navires, officiers de port et officiers de port adjoints, pilotes, officiers et Lors de l’agents de police judiciaire, etc.) que des militaires de la garnison de Cherbourg.

L’EEI est hélitreuillée grâce au Caïman Marine vers la coque du pétrolier Varzuga le 4 mai

 

Focus sur l’hélicoptère Caïman Marine

Doté d’une technologie ultramoderne, le Caïman Marine est un hélicoptère de combat aéromaritime embarqué multi-luttes : lutte anti sous-marine (LASM), lutte antinavire (LAN), lutte anti-pollution, renseignements, contreterrorisme maritime (CTM), secours maritime et recherche et sauvetage en mer (SECMAR). Un Caïman Marine est basé en permanence à Maupertus dans la Manche. Il est composé de deux équipages et de deux équipes techniques qui se relaient en permanence 365jours/an et 24h/24, pour assurer des alertes pour intervenir sur demande des autorités locales.

Focus sur le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) Jobourg

Le CROSS) Jobourg a coordonné les opérations de sécurité lors du remorquage du pétrolier Varzuga. Mais savez-vous réellement quel est le rôle et les missions du CROSS Jobourg ?

Le CROSS Jobourg est implanté au cœur de la Hague et relève organiquement de la direction des affaires maritimes (DAM) qui dépend elle-même du ministère de la Mer, mais opérationnellement du préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord. Sa zone de compétence s’étend du Mont Saint Michel jusqu’au Cap d’Antifer.

Il a plusieurs missions :

- la recherche et le sauvetage en mer (SAR) ;

- la surveillance de la navigation maritime (SURNAV) ;

- la surveillance des pollutions ;

- la surveillance des pêches ;

- la diffusion des renseignements de sécurité maritime.

 

Les CROSS sont destinataires de toutes les informations qui peuvent entraîner le déclenchement d’une alerte concernant le secours, la recherche ou le sauvetage des personnes en détresse en mer dans les zones de responsabilité française. Ils assurent la permanence opérationnelle et prennent la direction de la coordination de toute opération de recherche et de sauvetage maritimes.

Opération de sécurisation du Varzuga depuis le CROSS Jobourg

 

Focus sur le centre des opérations maritimes

La préfecture maritime de la Manche et de la mer du nord arme en permanence un centre des opérations maritimes (COM), basé à Cherbourg, qui est une structure de veille et tenue de situation. 

Le COM assure notamment :

- l’information et l’alerte du préfet maritime ;

- le contrôle opérationnel de l’ensemble des moyens militaires (Marine nationale et gendarmerie maritime) affectés ou déployés dans la zone maritime Manche – mer du Nord ;

- la conduite des missions de service public confiées à la Marine nationale notamment la lutte contre les pollutions et la neutralisation des explosifs en mer ou sur l’estran, ainsi que la conduite des opérations directement liées à des actes terroristes en mer ;

- la coordination d’interventions renforcées dans le cadre du dispositif ORSEC maritime.

 

Le COM est tenu informé à chaque fois qu’un évènement de mer est susceptible d’impliquer les autorités préfectorales terrestres, de faire l’objet d’une attention interministérielle, d’avoir un retentissement médiatique particulier et dans tous les cas où le préfet maritime doit être personnellement avisé de l’opération.

Briefing au COM de la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord

 


Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées