Lundi 7 octobre 2019, une bombe américaine d’aviation de 500 livres a été contreminée par le groupe des plongeurs démineurs de la Marine nationale en Manche (GPD Manche). Après un blanchiment effectué par les gendarmes maritimes embarqués à bord du remorqueur d’intervention, d’assistance et de sauvetage (RIAS) Abeille Languedoc une zone de 2 000 mètres a été sécurisée. Fin septembre, la bombe avait été ramenée par mégarde par un pêcheur au port de Boulogne-sur-mer.
Retour sur une opération hors du commun qui a notamment eu pour conséquence le confinement de près de 25 000 habitants de trois communes chez eux l’après-midi du dimanche 6 octobre 2019, le temps de neutraliser cet engin explosif sensible puisqu’amorcé par une fusée.
Du 5 au 7 octobre 2019, le GPD Manche a été réquisitionné par la préfecture du Pas-de-Calais pour intervenir sur la bombe de 500 livres soit 145 kg d’équivalent TNT. Le mode opératoire proposé consistait à intervenir en quatre phases : préparation, neutralisation, déplacement et contreminage.
Ces marins, experts du déminage interviennent toute l’année en mer et sur l’estran pour sécuriser les 870 km de côtes de la zone maritime Manche et mer du Nord, du Mont Saint-Michel à la frontière belge.
Phase préparatoire : samedi 5 octobre
Avec le concours des services municipaux, le GPD Manche a mis en place une vingtaine de sacs de sable pour sécuriser leur intervention du lendemain. En parallèle, la préfecture maritime anticipait la mise en place d’un dispositif de veille de secours pour pallier à l’indisponibilité temporaire du sémaphore de Boulogne-sur-Mer qui se trouve dans la zone de confinement et ne dispose pas de système de protection sur ses baies vitrées1.
Phase de neutralisation, la phase la plus sensible : dimanche 6 octobre
L’opération de neutralisation était particulièrement délicate puisque le système d’amorçage de la bombe était armé et corrodé, mais l’expertise du groupe d’intervention composée de huit plongeurs démineurs a permis de dévisser à distance la fusée et ainsi de neutraliser la bombe. La fusée a pu être contreminée dans la foulée. Sous la responsabilité de la préfecture du Pas-de-Calais, et en lien avec la sous-préfecture de Boulogne et les équipes municipales des trois communes, deux rayons de sécurité ont été mis en place
Phase de déplacement de la bombe : dimanche 6 octobre
La phase de neutralisation conduite avec succès, le GPD Manche a poursuivi l’opération avec la phase de déplacement de la bombe. L’opération consistait à mettre la munition à l’eau grâce à une pelleteuse à bras de levier. Puis de la remorquer grâce à un système de flottabilité sous fûts tracté par une embarcation semi-rigide du GPD Manche déployée pour l’occasion depuis Cherbourg. Contrainte horaire respectée : le GPD était paré à 16h38 pour le passage de l’écluse pour sortir du port et rallier le point de pétardement.
Phase de contreminage : lundi 7 octobre
La dernière phase de l’opération était le contre minage en mer de la bombe.
Les conditions météorologiques s’étant dégradées le dimanche au soir, il a été décidé de reporter sa destruction pour au lendemain. Le lundi à 11h35, après une première étape d’effarouchement visant à éloigner la faune sous-marine et réduire l’impact sur l’environnement, et après un blanchiment de zone effectué en surface par les gendarmes maritimes la bombe d’aviation a pu être contreminée définitivement.
Focus sur le GPD Manche
Le GPD Manche est une unité de la Marine nationale rattachée à la force d’action navale. Il mène des missions dans la zone de responsabilité du préfet maritime en Manche et mer du Nord (du Mont Saint-Michel à la frontière belge, en mer, comme sur le rivage sur les 870 km de côtes) mais également à l’étranger comme lors de l'opération post-cyclonique Katrina en 2005.
La Marine nationale agit au quotidien pour sécuriser le littoral français et les fonds marins. Tous ses moyens de lutte contre les mines (bâtiments dédiés tels que les chasseurs de mines tripartites et groupe de plongeurs démineurs) mènent régulièrement des opérations visant à détecter, neutraliser ou détruire des munitions non explosées en mer ou sur les plages françaises. En Manche et mer du Nord en 2018, l'action conjointe du groupe de plongeurs démineurs et des chasseurs de mines tripartites de la Marine nationale a permis de détruire 922 engins historiques (en mer et sur l’estran), ce qui a représenté 27 028 kg équivalent TNT.
Le saviez-vous ?
Comment assurer la continuité de la surveillance des approches maritimes lorsque le sémaphore de Boulogne est déporté ?
Le sémaphore de Boulogne-sur-Mer, outre ses missions classiques de surveillance des approches maritimes et de diffusion de l’information de sécurité maritime aux usagers de la zone notamment, a pour mission particulière de détecter et surveiller les navires du rail montant du dispositif de séparation du trafic (DST) du Pas-de-Calais. Comment faire alors pour assurer ces missions si les marins armant le sémaphore de Boulogne-sur-Mer doivent quitter les lieux – leur confinement n’était pas possible ?
Le centre opérationnel de la Marine (COM) à Cherbourg a ordonné le déploiement de la SATRE.
La SATRE, ou station automobile de transmission radarisée évolutive, est donc déployée avec deux de ses marins experts des systèmes d’information et de communication, de Cherbourg à Boulogne-sur-Mer.
Arrivée sur site dès le samedi, le personnel a effectué les balancements d’usage pour s’assurer du bon fonctionnement de ce sémaphore temporaire. Le lendemain, les guetteurs du sémaphore de Boulogne-sur-Mer ont ainsi pu assurer leurs missions le temps du confinement, dans un environnement pour le moins original mais efficient, garantissant ainsi la continuité de la surveillance des approches maritimes.
Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées