Sur les 47 000 aviateurs que l’Armée de l’air compte aujourd’hui, 26 % exercent leur activité sur un site hors Armée de l’air. Ils ont des parcours atypiques, des métiers méconnus ou encore occupent des postes peu communs. Chaque mois, nous vous proposons de découvrir un nouveau témoignage d’aviateur engagé.
De retour en métropole après un détachement de quatre mois au Liban, le major Michael nous raconte son parcours militaire en milieu interarmées et international.
Entré dans l’Armée de l’air en septembre 1986, le major Michael débute sa carrière en tant que fusilier parachutiste de l’air sur l’ancienne base aérienne 726 de Nîmes. Quelques années plus tard, il change de spécialité en devenant gestionnaire administratif puis logisticien. Tout au long de son parcours, il occupe des postes variés sur différentes bases aériennes et réalise près d’une dizaine d’opérations extérieures.
D’avril jusqu’en juillet 2019, le major occupe la fonction de quartermaster (intendant) sur le site de Naqoura au Liban. C’est à la fois un poste de gestionnaire de biens et de major de camp. «Ce poste était polyvalent. J’étais adjoint du commandant du site de Naquoura et globalement, je m’occupais de l’armurerie, de la soute à munitions, de la comptabilité, de la discipline et de la propreté du camp. Il y avait principalement des terriens sur ce site et très peu d’aviateurs. Travailler en international avec des interlocuteurs étrangers, notamment finlandais, était fascinant et enrichissant. Avoir un bon niveau en anglais était indispensable», raconte le major Michael.
Depuis septembre 2019, Michael est retourné en métropole sur la base aérienne 106 de Mérignac au sein de la direction de la maintenance aéronautique (DMAé) en tant que correspondant étatique. «Je suis chef d’une petite équipe interarmées avec des aviateurs, des marins et bientôt des terriens. Ce nouveau poste consiste à gérer le matériel aéronautique», explique le major. Proche de la retraite militaire, il envisage par la suite de devenir réserviste au sein de l’Armée de l’air.
Le lieutenant Sébastien est officier logisticien au sein d’un organisme interarmées, le 519e groupement de transit maritime basé à Toulon. Portrait d’un aviateur polyvalent occupant un poste unique.
Titulaire d’un diplôme supérieur français en relations internationales et d’un MBA de commerce obtenu aux États-Unis, Sébastien s’engage dans les forces en 2015 en tant qu’officier logisticien. « L’Armée de l’air est une institution jeune et moderne utilisatrice de technologies. Elle offre ainsi des perspectives de carrière qu’aucune autre entreprise ne saurait proposer. J’avais la certitude, en choisissant cette voie, de pouvoir étancher ma soif de terrain et d’aventure. »
Depuis un an, il occupe le poste d’officier responsable d’affrètement (ORA) au 519e groupement de transit maritime de Toulon. Organisme à vocation interarmées, l’unité est composée majoritairement de personnel de l’Armée de terre. « Je suis l’un des trois responsables et le seul aviateur pour gérer les acheminements stratégiques maritimes sur le terrain. » Sa mission est d’assurer les opérations de transit maritime de A à Z à bord des bâtiments de la Compagnie maritime nantaise Tangara et Calao. Il doit également contrôler la conformité des déclarations douanières et de produits dangereux et d’assurer les opérations portuaires et de manutention sur les quais. Ces navires transportent le fret nécessaire aux flux d’entretien des théâtres d’opérations Barkhane et Chammal, mais aussi celui destiné aux forces prépositionnées en Afrique et au Moyen-Orient, sans oublier les bases outre-mer. Chaque voyage nécessite une préparation d’un mois en métropole avant le départ du navire. Avec l’aide d’une équipe d’administrateurs, Sébastien contrôle le fret, la documentation douanière, puis autorise (ou pas) son embarquement. « Lorsqu’une idée suffisamment précise du fret à embarquer est établie, je m’attèle à la conception du plan de chargement. Le jour J, j’enfile mon casque de chantier et je dirige les opérations, en liaison avec mon officier de chargement. De par la nature du fret transporté, chaque chargement représente un nouveau défi : c’est un véritable Tetris géant doublé d’une course contre la montre qui s’engage. La pression est constante, les enjeux opérationnels et financiers sont tels que chaque jour de retard peut être dommageable pour la mission. Une fois le chargement du navire terminé, je m’envole vers l’escale suivante pour la préparer de la même façon que la précédente. »
L’officier est déployé sur le terrain plus de six mois par an. Le reste du temps, il jouit d’une totale autonomie dans son travail. À 33 ans, Sébastien envisage de poursuivre sa carrière dans la logistique et de prendre, par exemple, la tête d’un bureau transport transit (BTT) outre-mer pour mettre ainsi à profit son expérience dans le transit maritime et aérien.
Assistant de l’attaché de Défense à l’ambassade de France au Mexique depuis 2016, le major Jean-Marc s’est engagé dans l’Armée de l’air en 1984. Présentation d’un parcours en interarmées et en interministériel.
Le major Jean-Marc débute sa carrière militaire en tant que comptable sur les anciennes bases aériennes de Metz et de Strasbourg. Souhaitant avoir davantage de responsabilités, il vise les états-majors parisiens. En 1999, il rejoint la direction centrale du commissariat de l’air puis est affecté, en 2000, au sein du service d’information et de relations publiques de l’Armée de l’air à Paris au poste de responsable de la communication par l’objet.
Quelques années plus tard, il aspire à travailler en interarmées et en interministériel, notamment à l’étranger. Bilingue espagnol, il est muté en 2008 à l’ambassade de France en Espagne en tant qu’assistant de l’attaché de Défense. Trois ans après, il est de retour à Paris au cabinet du chef d’état-major de l’Armée de l’air (CEMAA) en tant que chef du secrétariat.
L’opportunité de repartir à l’étranger se présente à nouveau pour Jean-Marc, mais cette fois-ci, sur un tout autre continent : l’Amérique du nord. Depuis 2016, il exerce la fonction d’assistant de l’attaché de Défense à l’ambassade de France au Mexique.
Seul aviateur de son unité, il est en charge du fonctionnement administratif et logistique, de l’organisation des escales de bâtiments de la marine nationale française, des relations de coopérations militaires pour le Mexique ainsi que de l’accueil des délégations françaises. «La particularité de mon poste est que je travaille avec deux officiers de l’Armée de terre mais aussi avec deux policiers», explique le major. Il ajoute : «Vivre dans un autre pays, loin du sien, n’est pas anodin. Au-delà d’une connaissance linguistique, il faut s’adapter au rythme de travail et aux codes du pays. Ma plus belle expérience était lorsque j’ai organisé l’escale qui accueillait les bateaux de la mission “Jeanne d’Arc” dans la ville de Veracruz au Mexique en juin 2019», ajoute-t-il.
Aujourd’hui, le major Jean-Marc aimerait poursuivre sa carrière militaire en France. Il souhaite retourner à l’état-major de l’Armée de l’air ou rejoindre l’Élysée.
Le capitaine Simon est aide de camp de Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées. Rencontre à Paris avec un militaire occupant une fonction atypique pour un aviateur.
En 2003, l’officier rejoint l’Armée de l’air en tant que sous-officier dans la spécialité « opérateur de surveillance aérienne ». Cinq ans plus tard, il est reçu au concours de l’école militaire de l’air et intègre la promotion 2008 dans la spécialité de contrôleur de circulation aérienne. Un changement de spécialité lui ayant été accordé, il se tourne finalement vers un tout autre domaine, celui de la communication. C’est au service d’information et de relations publiques de l’armée de l’Air qu’il gravit les échelons au fil des années : attaché de presse dans un premier temps, il fait un passage à l’équipe de rédaction du magazine Air actualités, pour finir à la tête des réseaux sociaux et sites Internet de l’Armée de l’air en 2015.
Après sept ans d’expériences enrichissantes, il est appelé au cabinet de Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées. Âgé aujourd’hui de 37 ans, le capitaine est l’un des deux aides de camp de la secrétaire d’État aux Armées depuis tout juste un an. « Je travaille en binôme avec une collègue de l’Armée de terre. La particularité de ce poste réside dans le fait que nous exerçons dans un milieu presque exclusivement civil, très politique, à proximité d’une ou plusieurs autorités ministérielles », précise-t-il. La première image (déformée) du poste est celle de « porte-serviette », mais la réalité est tout autre. Méthodique, organisé, à l’affût de l’actualité, Simon a pour mission première de planifier, préparer et conduire les déplacements et les événements auxquels la secrétaire d’État participe : voyages officiels, cérémonies nationales ou encore réceptions, en France comme à l’étranger. « Lors de la préparation, je m’appuie sur les unités visitées, les préfectures des départements visités, ou encore les ambassades de France dans les pays visités. Tout doit être réglé minutieusement, du mode de transport jusqu’au placement à table, dans le bon ordre, lorsqu’un repas est prévu. »
Téléphone portable et montre en main, il est « en conduite » le garant du « timing », mais aussi du protocole républicain et du cérémonial militaire. Une fonction très enrichissante. « Je m’évertue à mettre en valeur les savoir-faire militaires de l’Armée de l’air lorsqu’un déplacement le permet, tout en découvrant ceux des autres armées. »
Évoquant son avenir dans les forces, le capitaine n’a qu’un seul mot en tête : challenge. « En 2021, une suite possible serait un poste de chef de cabinet auprès d’une autorité militaire, un poste permanent à l’étranger, voire la réunion des deux ; ou encore la poursuite d’études à l’école des hautes études en sciences de l’information et de la communication (CELSA). » L’expérience acquise à ce poste lui permettrait également d’envisager passer le concours interne pour intégrer le corps préfectoral, par exemple.
En poste à l’établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD) depuis 2017, le capitaine Maria-Antonia est officier images. Présentation de son métier exercé en milieu interarmées.
Diplômée d’un master en journalisme, Maria-Antonia s’est engagée dans l’Armée de l’air en 2011. Sa formation de communicante lui permet d’entamer sa carrière au service d’information et de relations publiques de l’Armée de l’air (Sirpa Air) comme officier presse. «Grâce à ce poste, j’ai pu découvrir l’Armée de l’air, ses missions et ses unités. J’ai aussi pu partir en opérations extérieures à deux reprises», indique le capitaine. En 2015, Maria-Antonia est affectée sur la base aérienne 701 de Salon-de-Provence en tant qu’officier communication de la Patrouille de France et de l’équipe de voltige de l’Armée de l’air.
À l’ECPAD au fort d’Ivry-sur-Seine depuis 2017, elle y occupe le poste d’officier images. «À la base, je suis rentrée dans l’Armée de l’air pour rejoindre l’ECPAD. C’était mon objectif, mais ce poste requiert un bagage opérationnel que je n’avais pas», explique-t-elle. Son travail consiste principalement à partir en reportages sur des théâtres d’opérations avec une équipe. Cette équipe, composée d’hommes et de femmes des trois armées, compte un photographe et un cadreur. Durant chaque mission, elle doit gérer la réalisation d’images au plus près des actions menées par les forces françaises engagées en opérations : «Quand nous partons, nous travaillons pour l’état-major des armées (EMA) pendant quatre mois. Les images réalisées sont destinées à l’EMA, aux journalistes civils et à l’ECPAD pour les archives du ministère des Armées.» Lorsqu’elle revient de reportage en France, elle réalise avec ses équipes des productions institutionnelles.
Son premier déplacement, au Mali, a été enrichissant: «Avec mon équipe, j’ai réalisé une vidéo sur l’aérocombat. Il s’agissait d’un reportage “Journal de la Défense" de 26 minutes diffusé sur la chaîne LCP. Pour l’aviatrice que je suis, c’était assez naturel de travailler avec les unités volantes de l’Armée de terre.» Actuellement, elle entame sa deuxième mission depuis son arrivée dans l’unité, en Estonie. Pour la première fois dans l’histoire de l’ECPAD, l’équipe est 100% féminine.
Concernant ses projets d’avenir, elle souhaiterait poursuivre sa carrière dans un poste à la fois interarmées et interallié à l’étranger.
L’adjudant Lionel est mécanicien aéronautique sur la base aérienne espagnole de Los Llanos, à Albacete. Il occupe le poste de coordinateur technique auprès du Tactical Leadership Programme. Portrait d’un aviateur expatrié.
L’enfance de Lionel, dont plusieurs proches sont militaires, a été bercée par les valeurs et traditions de l’Armée l’air. Très jeune, il évoluait déjà dans les nuages avec un avion de loisirs et à l’adolescence, il était inscrit à l’école de pilotage d’un petit aérodrome. Logiquement, il songea à devenir aviateur. En 2005, il intègre l’école de formation des sous-officiers de l'Armée de l'air (EFSOAA) à Rochefort pour suivre la formation de mécanicien aéronautique. L’année suivante, il rejoint la base aérienne 133 de Nancy-Ochey pour y commencer une carrière de spécialiste vecteur sur Mirage 2000D. À l’été 2017, après onze années passées dans l’est de la France, Lionel a l’opportunité de rejoindre la base aérienne Los Llanos à Albacete, en Espagne, pour y occuper le poste de coordinateur technique pour le Tactical Leadership Programme (TLP). Programme international certifié Otan, TLP a pour objectif de qualifier les équipages de chasse inscrits au cours aux fonctions de chef de mission. «Au total, nous sommes quatre «maintenance coordinators» de nationalités différentes. Sont représentés, l’Espagne, l’Angleterre, les États-Unis et la France.» Son travail consiste à fournir au quotidien le support matériel et l'assistance logistique aux différents équipages et mécaniciens participant au programme pour leur permettre de mener à bien leur déploiement. «Je dois jongler entre différentes langues, mais aussi m’adapter aux différents modes de fonctionnement, codes et protocoles des forces armées étrangères afin de répondre au mieux à leurs besoins, ce qui n’est pas évident tous les jours. En échange, j’ai la chance d’approcher des aéronefs venant de plusieurs nations.»
Aujourd’hui âgé de 35 ans, Lionel évoque une expérience professionnelle et humaine très enrichissante et gratifiante, mais qui exige une grande adaptabilité. «J’échange quotidiennement avec les militaires espagnols, par téléphone, radio ou de vive voix. Petit à petit, j’ai appris les spécificités locales et j’ai pu établir un climat de confiance. Cela a pris du temps mais désormais, ils me reconnaissent, et me surnomment «le Frenchy du TLP». L’adjudant occupe un poste atypique qui lui ouvre de nouvelles perspectives de carrière. «J’aimerais continuer à évoluer dans un milieu interallié et/ou Otan, même si, pour le moment, je préfère penser au présent et profiter de ma situation professionnelle et personnelle ici à Albacete. Il me reste encore beaucoup à apprendre.»
Agent d’administration à la vie scolaire interarmées à l’école des fourriers de Querqueville, le caporal-chef Aurélie occupe cette fonction depuis plus de dix ans. Rencontre avec une aviatrice évoluant en interarmées.
Après avoir obtenu un baccalauréat professionnel secrétariat en 2007, le caporal-chef Aurélie a décidé de s’engager dans l’Armée de l’air et rejoint l’école des fourriers de Querqueville, à côté de Cherbourg. Cette école interarmées, qui était rattachée à la Marine nationale, fait partie du service du commissariat des armées depuis 2015. Il s’agit d’un centre de formation du personnel non officier des armées dans les domaines de l’administration générale, des soutiens communs et des ressources humaines.
En poste depuis 2008 à la vie scolaire de l’école, l’aviatrice est chargée de la partie administrative des élèves. Ses missions requièrent une certaine polyvalence de sa part. «Je m’occupe des notes, des procès verbaux et des diplômes des stagiaires de l'Armée de Terre et de la Gendarmerie nationale. Je fais partie des référents administratifs de tous les élèves de l’école. C’est une vie scolaire interarmées. J'ai été amenée à traiter des dossiers de l'Armée de l'air et de la Marine nationale», explique-t-elle. Aurélie a également d’autres missions ponctuelles comme la garde au drapeau et la participation à des cérémonies. Elle a notamment participé à celle du 14 juillet 2018, à Paris.
«Nous sommes une trentaine d’aviateurs dans l’école. Les protocoles sont très différents entre chaque armée. On découvre les mentalités et les traditions de chacune. On apprend beaucoup quotidiennement.» Le port de l’uniforme de l’Armée de l’air lui permet d’affirmer son identité d’aviatrice. «En tant qu’aviatrice, j’aimerais me rapprocher de l’Armée de l’air», poursuit Aurélie. Ambitieuse, elle réfléchit à la suite de sa carrière. Elle n’exclut pas de rejoindre une base aérienne pour redécouvrir son armée d’origine, l’Armée de l’air.
L’adjudant Guillaume est moniteur d'entraînement physique militaire et sportif (EPMS) au centre montagne Air de Méribel, en Savoie. Tout au long de l’année, il dispense aux aviateurs des stages de survie en montagne. Rencontre avec un passionné de sport qui en a fait son métier.
Né à Doullens dans la Somme, Guillaume côtoie très tôt des aviateurs de l’ancienne base aérienne 922. Ces rencontres confortent sa motivation d’intégrer l'Armée de l’air. En 1998, il fait ses premiers pas dans l’Armée de l’air et se destine finalement au métier de moniteur EPMS, «le plus beau métier du monde». Après sa formation à l’école interarmées des sports de Fontainebleau, le sous-officier choisit la base aérienne de Rochefort comme première affectation. Après onze années essentiellement dédiées à l’instruction suivies de quatre à Dijon, il rejoint en 2014 le centre de montagne de l'Armée de l'air (CMA) stationné au cœur des montagnes savoyardes à Méribel. Composé d’une équipe de quatre aviateurs, deux moniteurs EPMS et deux militaires du rang magasiniers, le CMA est rattaché à l’école des pupilles de l'air 749 de Grenoble.
Adjoint au chef de centre, Guillaume est responsable de l'instruction à la survie en milieu montagneux ainsi que de l'ensemble du matériel du centre. «L’objectif des stages est d’approfondir la connaissance du milieu montagneux des personnels navigants (PN), qu’ils soient pilotes, navigateurs, sauveteurs plongeurs ou encore mécaniciens navigants.» Hiver comme été, des stagiaires y viennent plusieurs jours par an pour participer à des séances de ski, de VTT, d’escalade, de randonnées ou encore de technique d’optimisation du potentiel (TOP). «En hiver, la saison débute en décembre et se termine fin avril. Celle d’été court de juin à septembre.» Un métier «saisonnier» singulier, au rythme de travail particulier, avec des périodes très denses sur plusieurs semaines. «Le rythme est très exigeant et contraignant d'un point de vue familial et social. Il faut donc être vraiment passionné pour travailler au CMA. Heureusement nous le sommes tous, sinon nous ne serions pas ici.»
Conscient qu’il évolue dans un environnement exceptionnel à 1450m d’altitude dans un chalet appartenant à l'Armée de l'air depuis bientôt 78 ans, l’adjudant met un point d’honneur à porter l’uniforme pour affirmer son appartenance à l’Armée de l’air. «La majorité des intervenants avec lesquels nous travaillons au quotidien sont des civils. Notre présence en ces lieux est chargée d'histoire. Nous faisons partie intégrante de la vie de la commune, il est donc primordial d'entretenir de bonnes relations avec les différents organismes.»
Le caporal-chef Julien est fusilier commando et instructeur au détachement d’appui opérationnel (DAO) Air de Dakar, au Sénégal. Un poste dans un milieu interarmées unique en Afrique pour un aviateur. Portrait.
C’est avec un BEP de mécanique industrielle que Julien est entré dans l’Armée de l’air. Il a commencé sa carrière en 2000 à l’escadron de protection de la base aérienne 126 de Ventiseri-Solenzara. Il est parti en opérations extérieures (Opex) trois fois et a obtenu plusieurs qualifications, en tir de précision ou encore en neutralisation enlèvement et détection d’engins explosifs (Nedex).
Volontaire pour une affectation hors métropole, il est parti au Sénégal en 2017 pour y exercer le métier d’instructeur au DAO Air de Dakar, rattaché à l'unité de coopération régionale (UCR), unité interarmées, où il est chargé de former les forces africaines à la préparation au combat. « Je mesure la chance que j’ai de pouvoir former nos partenaires africains lors de nos détachements d’instruction opérationnels dans les pays de la bande sahélo-saharienne. Ce sont des formations qui durent de deux à trois semaines », raconte le caporal-chef Julien. Guidage tactique avancé (GATA), « orienteur, marqueur, baliseur » (OMB), tir embarqué, protection défense, instruction au tir de combat et technique d’autodéfense : Julien forme dans ces différents domaines.
Dans le cadre d’un détachement d’instruction opérationnel (DIO), il s’est récemment rendu en Côte d’Ivoire pour encadrer une formation OMB deux semaines durant. Une expérience qui a marqué l’aviateur : « Nous avons appris à nos stagiaires à reconnaître et préparer une zone de posé hélicoptère favorable, de jour comme de nuit. Lors de cette mission, j’ai eu l’occasion de travailler avec les pilotes d’hélicoptères ivoiriens, mais aussi avec le détachement d’aviation légère de l’Armée de terre », explique Julien. Désormais de retour à Dakar, le caporal-chef réfléchit à sa prochaine affectation et a quelques projets en tête.
L’adjudant Marina est contrôleur aérien au centre militaire de coordination et de contrôle (CMCC) de Paris. Elle exerce ses fonctions au sein du centre en route de la navigation aérienne nord (CRNA nord) dans l’Essonne. Portrait d’un sous-officier au métier multi-facettes.
Marina s’est tournée vers l’Armée de l’air dans l’objectif de devenir contrôleur aérien. «Je recherchais un métier prenant, sans routine mais surtout qui alliait des valeurs qui me sont chères : la rigueur et la cohésion.» C’est donc en 2002, qu’elle intègre l’école de formation des sous-officiers de l'Armée de l'air à Rochefort. S’ensuit une formation exigeante de presque un an au CICDA (centre d’instruction du contrôle et de la défense aérienne) à Mont-de-Marsan, où sont formés l’ensemble des contrôleurs aériens des armées françaises, pour enfin être affectée au centre de détection et de contrôle sur la base aérienne 942 de Lyon Mont-Verdun en 2004. Travailleuse et assidue, le sous-officier gravi les échelons et devient rapidement instructeur et maître contrôleur. En 2014, elle rejoint une unité naissante à caractère particulier car civilo-militaire : le centre militaire de coordination et de contrôle (CMCC) de Paris, localisé au sein du centre en route de la navigation aérienne situé dans l’Essonne près de l’aéroport Paris-Orly. «Certes nous sommes co-implantés au sein d’un environnement civil mais nous restons une unité à part entière et rattachée à la base aérienne 107 de Villacoublay.» Au quotidien l’adjudant porte l’uniforme militaire et à l’instar des contrôleurs civils, elle assure le contrôle au radar des avions militaires, aussi bien avion de chasse que de transport, pendant leur phase de vol depuis l’immense salle de contrôle parisienne. Importance capitale pour la réalisation des missions aériennes, elle analyse et doit toujours être en mesure de réagir et prendre des décisions avec une extrême rapidité.
Aujourd’hui, Marina occupe la fonction principale de chef de la section instruction au sein de l’unité. «Non seulement je suis responsable de la formation de tous les contrôleurs (en devenir ou confirmés), mais aussi du suivi et du maintien des compétences des contrôleurs déjà formés.» Par ailleurs, ses qualifications lui permettent d’être en charge de la fonction de chef de la section circulation aérienne militaire et donc de répartir et superviser l’activité aérienne en temps réel des aéronefs militaires. Des missions de surveillance du ciel réalisées en totale coopération entre contrôleurs civils et militaires, notamment lors d’opérations impliquant la mise en œuvre de dispositifs particuliers de sûreté aérienne (DPSA). Durant ces opérations, lorsque les aéronefs de la permanence opérationnelle (PO) sont engagés, le CMCC agit en tant qu’interface en retransmettant les ordres de la haute autorité de défense aérienne (HADA) auprès des autorités du contrôle civil.
Retrouvez le métier de contrôleur aérien en images dans le numéro 717 du magazine Air actualités.
Affecté au Centre national d’études spatiales (Cnes) à Toulouse depuis 2016, le lieutenant Maximilien occupe le poste d’officier de coordination de la composante spatiale. Rencontre avec un aviateur travaillant avec des civils dans une agence spatiale renommée.
Titulaire d’un diplôme d’ingénieur et d’un mastère spécialisé dans le domaine des sciences géographiques, Maximilien a décidé de s’engager dans l’Armée de l’air comme officier sous contrat afin de mettre ses compétences techniques au service de la nation.
Après sa formation militaire à l’École de l’air, il effectue un mois de formation au centre militaire d’observation par satellites de Creil, unité à laquelle il est rattaché avant de rejoindre le Cnes, établissement public sous la tutelle notamment du ministère des Armées, qui emploie environ 2500 personnes. Au sein d’une équipe de trois aviateurs dirigée par un commandant, il travaille au quotidien avec des civils. «Sauf événement exceptionnel comme la visite d’une autorité militaire, nous ne portons pas l’uniforme pour faciliter notre intégration parmi les civils du Cnes. Nous ne mettons l’uniforme que pour des événements particuliers», explique le lieutenant.
En tant qu’officier de liaison, il fait l’interface entre les utilisateurs militaires des satellites d’observation de la Terre Hélios 2 et Pléiades, et le Cnes qui les met en œuvre. Lui et ses deux collègues aviateurs sont à la fois représentants de l’institution militaire auprès du Cnes et conseillers sur l’utilisation des systèmes spatiaux pour les armées. «Outre notre rôle au sein des systèmes Hélios 2 et Pléiades, nous constituons un point de contact privilégié pour toutes les missions du Cnes pour le compte des armées», poursuit-il.
Tout au long de l’année, Maximilien et ses collègues aviateurs assurent une astreinte à tour de rôle. «Les systèmes satellites sur lesquels nous travaillons sont actuellement dans une phase de leur vie qui connaît relativement peu de problèmes. Néanmoins, quand il y en a, ils peuvent être inédits et donc difficiles à résoudre. J’ai, par exemple, été confronté, peu de temps après mon lâché à poste, à une succession d’incidents techniques complexes qui ont eu des répercussions sur la mission opérationnelle et nécessité plusieurs interventions de nuit.»
Très prochainement, le lieutenant va suivre une formation à Strasbourg dans le cadre de sa spécialité Renseignement. Son avenir ? Il est intéressé par des missions opérationnelles et souhaiterait partir en opération extérieure, tout en conservant le domaine spatial comme dominante. «Le spatial est un secteur d’avenir, en plein essor, et j’aimerais beaucoup continuer à contribuer à son développement au sein des armées», conclut-il.
Le sergent-chef Paul est administrateur réseaux informatiques au centre interarmées des réseaux d'infrastructure et des systèmes d'information de la défense (CIRISI) sur la base aérienne 133 de Nancy. À 27 ans, le sous-officier a déjà de nombreuses missions à son actif, notamment en Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). Rencontre.
Issu d’une famille d’arpètes*, Paul n’imaginait pas son avenir ailleurs que dans l’Armée de l’air. En 2008 il intègre donc l’école d'enseignement technique de l'Armée de l'air(ETAA) de Saintes, puis Rochefort deux ans après. Une fois formé, il rejoint le CIRISI de la base aérienne 133 de Nancy à la cellule informatique, puis la cellule administration réseaux. En 2012 il est déployé pour plusieurs mois sur le théâtre à Kandahar, en Afghanistan. Il participe ensuite à des exercices comme «Tiger Meet» ou à des événements comme la COP21 à Paris.
En 2016, sa candidature est retenue pour une mission à caractère particulier. Une mission de treize mois au pôle Sud. C’est en tant que technicien télécoms sur la base scientifique de la ville de Dumont d’Urville, en Terre Adélie dans les TAAF (Terres australes et antarctiques françaises), que Paul se rend en Antarctique. Isolé du reste du monde, il partage son quotidien avec un autre aviateur et vingt-deux personnels civils de toutes les spécialités : scientifiques, mécaniciens, médecins, cuisiniers ou encore menuisiers. Seuls moyens de communiquer avec le monde extérieur : une connexion satellite et une radio HF (hautes fréquences). Une expérience hors du commun pour le jeune sergent-chef. «C’était une expérience humaine et personnelle formidable. Je suis très heureux d’y avoir participé et chanceux d’avoir eu une des rares spécialités permettant d’effectuer ce genre de mission atypique.»
Son job ? S’occuper de la maintenance de l’antenne satellite, des moyens satellites téléphoniques de secours. Il est aussi chargé de l’administration du serveur et du réseau téléphonique de la base, ainsi que du parc et des communications radio (HF, VHF). La mission est particulièrement délicate compte tenu des températures extérieures pouvant descendre jusqu’à -25 degrés. «J’assurais la liaison radio avec les hélicoptères et les avions de passage durant la période estivale, ainsi qu’avec tous les personnels de la base tout au long de l’année, afin de connaître la position de chacun en cas de sortie de la base, pour des questions de sécurité.» Le reste de son temps, le sous-officier le consacrait à diverses opérations de maintenance et à l’entretien régulier des matériels : antennes, radios portatives, mais également soutien technique des scientifiques dans leurs manipulations. Son rôle consistait à s’assurer que le site était praticable et les bâtiments accessibles, malgré la neige présente en permanence.
De retour en métropole depuis peu, Paul mesure mieux l’intérêt et la nécessité de son métier. «Aujourd’hui il y a très peu de postes dans l’Armée de l’air qui pourraient être parfaitement opérationnels sans un ordinateur relié à un réseau. D’où l’importance des techniciens qui maintiennent ces réseaux en conditions.»
* aviateurs issus de l’école d'enseignement technique de l'Armée de l'air
Source : Armée de l'Air et de l'Espace
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