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Ouragan Irma : Paroles d’aviateurs engagés dans les opérations de secours aux sinistrés

Mise à jour  : 25/10/2017 - Auteur : Capitaine Alexandra Lesur-Tambuté - Direction : Armée de l'Air et de l'Espace

Les ailes bleu ciel ont répondu présentes pour venir en aide aux sinistrés des îles Antillaises touchées par une succession d’ouragans d’une rare intensité. Déployés en urgence, les aviateurs reviennent sur leur engagement auprès d’une population qui a tout perdu. Des premières heures jusqu’à l’aide à la reconstruction, ils racontent. 

  • LES AILES DU SECOURS
  • PLATEFORME LOGISTIQUE
  • SECOURIR EN VOL

LES AILES DU SECOURS

CAPITAINE JEAN-BAPTISTE

PILOTE A340

 

Ancien pilote de Casa, le capitaine Jean-Baptiste a obtenu sa qualification sur A340 à l’été 2017. Il n’avait réalisé que quelques missions sur son nouvel avion quand il a été déployé aux Antilles le 20 septembre dernier. « Je n’ai vraiment réalisé mon engagement dans cette mission humanitaire qu’après coup », se souvient-il. Il est vrai que j’étais extrêmement focalisé sur la prise en main de l’appareil, car mon expérience est récente sur ce type de transporteur.  »

Pour sa première mission humanitaire, le capitaine s’est rendu à Marseille pour y récupérer du personnel de la sécurité civile qu’il avait pour mission de déployer à Pointe-à-Pitre. « Je n’ai aucune frustration de ne pas être allé sur l’île de Saint-Martin, confie-t-il.  Nos Airbus sont des avions de transport stratégique et à ce titre, ils constituent le premier maillon capable d’apporter le plus gros volume de fret et de personnel d’une traite et au plus près du besoin. » En effet, dans un second temps, ce sont les avions de transport tactique, et notamment les Casa et A400M, qui ont assuré l’acheminement des passagers et du fret transportés par l’Estérel directement sur l’île de Saint-Martin. « En tant qu’ancien pilote de Casa, j’ai connu sur les théâtres d’opérations extérieures cette deuxième phase d’acheminement et je participe dorénavant à la première. »

Ce déploiement aux Antilles est, pour de nombreux aviateurs, comparable à une opération extérieure. C’est le cas pour le capitaine Jean-Baptiste : « Nous nous sommes préparés de la même façon que pour une opex, souligne le pilote d’A340. La difficulté réside surtout dans les changements de dernière minute. Par ailleurs, le fait que nous soyons amenés à nous poser sur des zones civiles demande également une adaptation de chaque instant car nous ne sommes pas pleinement indépendants. » Au départ des Antilles, les avions blancs ont parfois pris du retard. « L’objectif était de ramener le plus de monde possible, explique-t-il. Et rapatrier des civils exige une organisation particulière. Tout le monde l’a parfaitement compris et les passagers étaient contents de pouvoir embarquer à bord de nos avions

PLATEFORME LOGISTIQUE

CAPITAINE QUENTIN

CHEF DU DITIA À POINTE-À-PITRE

Un District de Transit Interarmées Aérien (DiTIA) a assuré sur l’aéroport civil de Pointe-à-Pitre la réception du fret et des équipes de secours avant de les déployer sur l’île de Saint-Martin. Un travail colossal orchestré avec brio par sept militaires, dont le capitaine Quentin. 

Déployé le mercredi 6 septembre au soir pour venir renforcer, dans un premier temps, le centre opérationnel des forces armées aux Antilles de Martinique, le capitaine Quentin souhaitait se rendre utile. Il décide alors, avec l’accord de ses chefs, de partir là où l’on a besoin de personnel : à l’aéroport de Pointe-à-Pitre. En deux heures à peine, il fait son sac et rejoint la Guadeloupe.

À peine arrivé, le capitaine Quentin, accompagné de l’adjudant  René, décide d’établir les contacts nécessaires. « Nous sommes d’abord allés rencontrer le personnel de la préfecture afin de comprendre ses besoins, explique-t-il. Puis nous sommes allés voir le personnel du groupement de soutien de la base de Défense (GSBdD) qui nous a été d’une aide précieuse.» En effet, c’est grâce aux aviateurs et aux civils de la GSBdD que les deux aviateurs ont obtenu leurs accès à l’aéroport.

Le défilé d’avions commence. Un premier A340, un A400M, un C17 canadien ou encore un C17 britannique. « On avait l’impression d’être sur une ouverture de théâtre, confie le capitaine. D’un point de vue logistique, c’était énorme car il fallait soutenir toute une population qui n’avait plus rien.» En effet, l’aéroport de Pointe-à-Pitre devient un véritable hub aéronautique.  «Tout arrivait chez nous avant d’être trié et réparti dans des avions plus petits capables de se poser sur l’île de Saint-Martin», ajoute-t-il.

Le capitaine est alors frappé par la solidarité qui se met en place. « Le personnel de l’aéroport nous aidait. Il y avait une vraie entraide avec un objectif commun : assister et soutenir au plus vite les habitants de Saint-Martin

SECOURIR EN VOL

ADJUDANT MARC-ANTOINE

CONVOYEUR DE L’AIR

Alors que l’ouragan Irma est en train de dévaster l’île de Saint-Martin, un airbus A340 s’apprête à déployer des secours aux Antilles. À bord de l’avion, un convoyeur de l’air complète l’équipage de l’Estérel. «Le samedi 9 septembre à 14h, on m’a demandé de préparer mon sac et d’être prêt à embarquer à 19h, indique l’adjudant Marc-Antoine, infirmier convoyeur de l’air à l’escadrille aérosanitaire «Étampes» (EAS). Je n’avais aucune idée de la durée de ma mission. Je ne savais pas non plus à quoi m’attendre

À bord de l’A340, l’adjudant se rend à Fort-de-France, puis à Cayenne avant de rejoindre Pointe-à-Pitre où des sinistrés de Saint-Martin attendent d’être rapatriés en France par l’équipage. « Avec le commandant de bord, nous avons alors décidé de nous rendre en salle d’embarquement, l’occasion pour moi de me présenter », raconte le convoyeur. À partir de ce moment-là, une vingtaine de personnes viendront le consulter : «Il n’y avait pas de blessés graves mais des personnes qui avaient besoin de pansements ou de consultations liées à des pathologies anciennes.» Dans l’avion, le convoyeur veille également à répartir les 270 passagers au mieux et en fonction des besoins de chacun. «À l’avant de l’appareil, il y a davantage de place. J’y installais des personnes qui avaient besoin d’un peu plus confort

L’équipage et l’infirmier prennent soin d’une vingtaine de bébés, mais également de trois femmes enceintes de huit mois autorisées à voyager. Parmi les personnes qui vont marquer notre convoyeur, il y a cette dame âgée qui a tout perdu : « Son mari était atteint d’Alzheimer et elle quittait une île sur laquelle elle avait vécu pendant plus de trente ans. Elle était notamment traumatisée car, après le passage d’Irma, elle avait été pillée par des personnes qu’elle connaissait depuis très longtemps, raconte l’adjudant Marc-Antoine. Pendant le vol, j’ai le sentiment d’avoir surtout aidé psychologiquement plutôt que médicalement, mais ces personnes avaient besoin d’être écoutées et soutenues moralement. Cela fait également partie de notre travail au sein de l’Armée de l’Air et de l’EAS. »

L’avion à peine posé à Paris, le convoyeur entre en contact avec la cellule d’aide mise en place à l’aéroport. «J’irai en effet directement voir l’équipe médicale afin de lui exposer la situation et de m’assurer de la prise en charge des passagers », précise l’adjudant. Pour ce dernier, c’est une immense fierté d’avoir pu aider dans cette mission humanitaire. « Je me suis senti vraiment impliqué et utile, confie-t-il. Je n’ai pas l’habitude de m’occuper de personnes non militaires et encore moins d’enfants en bas âge. Toutefois, si on m’avait demandé de rester plus longtemps, je l’aurais fait sans l’ombre d’une hésitation


Source : Armée de l'Air et de l'Espace
Droits : Armée de l'Air et de l'Espace