En 1932, un monument en l’honneur du capitaine Georges Guynemer était inauguré en grande pompe sur la base aérienne (BA) 102 de Dijon-Longvic. À travers la mise en place de ce mémorial, il s’agissait pour la BA de répondre à un double enjeu : à la fois célébrer le plus glorieux des as de la Grande Guerre, mais également conserver le souvenir de sa participation à la cérémonie de présentation du drapeau de l’Aviation militaire qui s’était tenu le 13 mai 1916.
La guerre terminée, l’as aux cinquante-trois victoires certifiées était devenu un héros légendaire et «officiel» de l’aviation militaire. Il était entré au Panthéon en 1922 et une circulaire datée du 25 septembre 1924 avait instauré la tenue chaque 11 septembre, sur tous les aérodromes militaires, d’une cérémonie commémorant sa mort au champ d’honneur et comportant la lecture de sa vingt-sixième et dernière citation à l’ordre de l’armée. De plus, le 13 mai 1916, deux mois jour pour jour après avoir été abattu sur le front de Verdun, le sous-lieutenant Guynemer, convalescent, avait participé sur l’aérodrome d’Ouges-Longvic à une importante prise d’armes au cours de laquelle, en qualité de porte-drapeau, il s’était vu remettre, en présence des troupes du 1ergroupe d’aviation auxquelles il l’avait présenté, le drapeau de l’Aviation militaire, prestigieux emblème que le président de la République Raymond Poincaré avait remis quelques mois plus tôt à l’armée.
Pour permettre le financement de cette construction, l’officier commandant le 32e RAM mit sur pied un comité qu’il chargea de collecter les fonds nécessaires ; puis il lança une souscription publique «pour l’érection du monument commémoratif de la remise au capitaine Guynemer du premier drapeau de l’aviation».
La réunion des fonds prit cependant plusieurs années et les travaux de construction du monument, en pierre du pays, ne commencèrent qu’au début de l’année 1932. Ils furent confiés à l’entreprise Lonati et exécutés d’après des plans dessinés par M. Paris. Quant au buste de bronze destiné à orner la principale de ses faces, encadré verticalement de l’inscription «Au capitaine Guynemer, l’Aviation», il fut réalisé par une fonderie de Dijon, l’entreprise Lauterbach Frères, d’après une sculpture exécutée par l’artiste dijonnais Hubert Yencesse.
Une inauguration solennel
Ce n’est qu’après ces allocutions que le bronze à l’effigie de Georges Guynemer fut solennellement dévoilé. Les troupes purent alors défiler pour la première fois devant le monument, aux abords duquel étaient disposés trois avions aux couleurs de la célèbre cigogne symbolisant la SPA 3, escadrille que le jeune as panthéonisé commandait au moment de sa disparition. Enfin, une brillante démonstration aérienne mit un terme à la cérémonie, animée par les voltiges de plusieurs as du pilotage, dont Michel Détroyat et l’as de guerre Marcel Haegelen.
Le monument, sorti miraculeusement indemne des bombardements de la Seconde Guerre mondiale, sera inauguré une seconde fois en 1966, sous le commandement du colonel Bernard de Royer, à l'occasion du cinquantenaire des «Cigognes», non sans avoir été préalablement rénové et transformé en obélisque par la suppression du lanterneau sommital. Une «ré-inauguration» qui tombait à point nommé, les aviateurs dijonnais s’étant choisi Georges Guynemer quelques années plus tôt pour être le parrain de leur base aérienne. Pour l’occasion, sa face principale sera agrémentée d’une seconde plaque de métal, gravée du texte de la citation à l’ordre de l’armée décernée à l’as à titre posthume : «Mort au champ d'honneur le 11 septembre 1917. Héros légendaire, tombé en plein ciel de gloire, après trois ans de lutte ardente. Restera le plus pur symbole des qualités de la race : ténacité indomptable, énergie farouche, courage sublime. Animé de la foi la plus inébranlable en la victoire, il lègue au soldat français un souvenir impérissable qui exaltera l'esprit de sacrifice et les plus nobles émulations.»
Sources : Armée de l'Air et de l'Espace
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