Alors que l'exercice Atlantic Trident 2021 touche à sa fin, la commune de Romestaing, située en région Nouvelle-Aquitaine, a organisé une cérémonie dans le cadre de la journée nationale de la Résistance. Ce jeudi 27 mai 2021, les résistants locaux et les aviateurs américains ont été honorés grâce au travail des élèves de troisième du collège Elie Faure de Sainte-Foy-La-Grande. Une cérémonie marquée par la présence du général Thierry Gouaichault, chef d'état-major du commandant des forces aériennes; Pierre Grange, maire de Romestaing; Bryan Aggeler, ambassadeur par intérim des États-Unis; le colonel Sylvain Baret, président du secteur 710 de l'Association nationale des officiers de réserve de l'armée de l'Air et Afif Lazrak, sous-préfet.
La commune de Romestaing, située en région Nouvelle-Aquitaine, a organisé une cérémonie à l’occasion de la journée nationale de la Résistance ce jeudi 27 mai 2021. Ceci, afin de rendre hommage aux résistants locaux et aux aviateurs américains qui se sont engagés durant la Seconde Guerre mondiale, notamment en mars 1944. Elle a pris une autre dimension lorsque, dans le cadre de l’exercice « Atlantic Trident 2021 », deux Rafale de l’armée de l’Air et de l’Espace et deux F-35 de l’US Air Force sont venus participer à cet hommage en survolant le lieu de la cérémonie après le passage d’un avion T6. Un symbole qui démontre que les sacrifices courageux de nos alliés et de nos aînés hier ont construit les collaborations que nous entretenons aujourd’hui. A cette occasion, une plaque commémorative a été dévoilée (voir encadré) par Pierre Grange, maire de Romestaing et Bryan Aggeler, chargé d’affaires et ambassadeur par intérim de l’ambassade des Etats-Unis. La participation de deux classes de troisième du collège Elie Faure de Sainte-Foy-La-Grande qui ont lu leurs travaux hommages en français et en anglais avant de chanter le Chant des Partisans, a marqué encore un peu plus la commémoration. Alors que l’exercice « Atlantic Trident 2021 » touche à sa fin, les aviateurs français, américains et britanniques ont encore démontré leur capacité à évoluer ensemble dans des missions complexes. Ils ont surtout montré qu’ils sont capables de mettre en œuvre une force conjointe puissante, ayant la possibilité d’intervenir n’importe où et n’importe quand en cas de nécessité. En entretenant nos relations opérationnelles mais aussi amicales, nos trois armées consolident leur capacité à combattre ensemble pour relever les défis de demain.
TÉMOIGNAGES
Pierre Grange, maire de Romestaing :
« Le 5 mars 1944, en seulement quelques minutes, l’histoire du village de Romestaing a été marquée. Quand le chasseur est tombé sur la commune, les habitants se sont faits un devoir d’aider ceux qui étaient venus nous défendre. Cela doit servir d’exemple à nos enfants. Les mots respect et solidarité veulent dire quelque chose quand ils se transforment en acte. »
Bryan Aggeler, chargé d’affaires et ambassadeur par intérim de l’ambassade des Etats-Unis :
« Je suis heureux de me joindre à vous pour cette commémoration et le dévoilement de la plaque. L’histoire montre la sincère humanité qui unit nos deux peuples aujourd’hui. C’est une preuve irréfutable de notre amitié historique. En effet, la France est notre plus ancien allié et nous sommes reconnaissants de cette histoire. De notre point de vue, c’est une cérémonie émouvante et impressionnante avec le survol des avions de chasse. Je veux adresser mes sincères félicitations aux organisateurs. Les relations entre nos deux pays sont excellentes notamment au niveau de la coopération entre nos services de renseignement car nous avons des défis communs. C’est émouvant de voir des enfants participer et c’est important. Notre histoire commence avec notre révolution et un héros particulièrement essentiel pour nous : La Fayette. Je suis touché car nous sommes habituellement à Paris et venir dans ce petit village français authentique me procure beaucoup d’émotions. »
Colonel Sylvain Baret, président du secteur 710 de l’Association nationale des officiers de réserve de l’armée de l’Air (ANORAA) :
« En tant qu’ancien pilote militaire, je veux saluer le formidable exploit de l’époque. Coordonner plus de 500 appareils de 14 bases différentes du sud de l’Angleterre est une vraie prouesse. C’est avant tout un exploit humain alors que certains n’avaient pas encore 20 ans. Ils ont tout quitté chez eux : famille, amis, métiers etc. Les aviateurs américains et les résistants ne se connaissaient pas mais ils sont allés ensemble au bout de leur destin. Cette cérémonie nous permet de raviver et entretenir la flamme du 5 mars 1944. »
Madame Christelle Zuccolotto, professeur d’anglais
« Cette cérémonie est l’aboutissement d’un travail avec les élèves depuis le mois de septembre. Nous avons étudié l’histoire en anglais et d’autres professeurs ont aussi basé leurs cours là dessus : histoire, français, sciences de la vie et de la terre, musique pour le Chant des Partisans et le professeur documentaliste. Nous avons fait venir deux expositions au collège dont une des forces aériennes françaises libres (FAFL). Les élèves ont travaillé sur différents documents liés aux aviateurs américains dont certains ont perdu la vie. L’idée est de leur redonner vie avec ces recherches historiques. Nous avons réussi à retrouver cinq familles et je pense à eux aujourd’hui avec émotion. Même si ils ne sont pas avec nous, ils ont pu suivre la cérémonie en direct par retransmission sur les réseaux sociaux. Ce sont des personnes qui sont devenues familières. Les élèves ont été très motivés et ont réalisé un très gros travail avec les répétitions. Certains étaient à l’habitude timides et ils se sont portés volontaires pour les lectures. J’ai aussi fait correspondre les élèves avec des vétérans américains. Quelque part, c’est aussi le fruit de quinze ans de travail qui sont récompensés pour moi. »
Damien et Abygaelle, élèves au collège Elie Faure
« Nous avons fait un travail important de commémoration avec les deux classes. Participer à la levée des couleurs et faire une lecture c’était vraiment bien. Durant l’année, nous avons travaillé sur beaucoup de documents et des films, réalisés une exposition que les gens ont pu voir derrière la place et aussi faire des podcasts. C’était impressionnant de voir les avions en l’air, nous avons tous adoré ce moment après notre cérémonie qui s’est bien déroulée. »
L’HISTOIRE DERRIÈRE LA CEREMONIE : Hommage aux aviateurs américains et aux résistants français
La plaque commémorative dévoilée à l’occasion de la cérémonie grave dans le marbre l’histoire commune entre les héros aviateurs américains et les résistants français locaux.
« Le 5 mars 1944, un raid allié mené par une formation de 219 bombardiers ; B-24 Liberator, protégés par plus de 300 chasseurs P-38 Lightning, P-47 Thunderbolt et P-51 Mustang, survole la région. Touché par la chasse allemande, le bombardier B-24 « Aphrodite’s Disciples » s’écrase sur le territoire de la commune de Dieulivol. Les onze membres de son équipage arrivent à s’extraire de l’appareil avant son crash.
Le 8 mars, Alexis Parage, membre de la résistance locale, prend en charge six aviateurs américains du B-24 et les cache chez lui à la ferme Basque à Romestaing : les sergents William J. Gaboney ; Kennett M. Walley ; William Malasko ; Richard C. Weiss ; Travis J. Ross et Michael J. Negro. Trois autres membres de l’équipage n’eurent pas cette chance : le sergent James d’Amore est abattu par les allemands le 5 mars à Sainte-Bazeille, les lieutenants Arthur W. Strahlendorff et Elbert F. Tucker sont arrêtés puis détenus au stalag Luft1 Barth-Vogelsang en Allemagne dont ils sortirent vivants. Le 22 mars, les six aviateurs cachés à Romestaing et deux autres membres de l’équipage, les lieutenants Carl T. Nall et Herman Seidel, initialement séparés du groupe, sont rassemblés dans la région de Nerac. Ils sont rejoints par le pilote du P-51 Mustang « Glamorous Glen », l’aspirant Charles Elwood « Chuck » Yeager, touché lui aussi le 5 mars, sur les terres de Romestaing. Guidé par la résistance, le groupe parviendra à rallier l’Angleterre via l’Espagne et Gibraltar, après un long périple à travers les Pyrénées, et reprendra le combat jusqu’à la victoire finale. Chuck Yeager entrera dans l’histoire en étant le premier homme à franchir le mythique mur du son, le 14 octobre 1947, à bord de l’avion fusée prototype Bell X-1 « Glamorous Glennis ». » « Ce qui donne un sens à la vie donne un sens à la mort », Antoine de Saint-Exupery.
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Sources : Armée de l'Air et de l'Espace
Droits : Armée de lair et de lespace