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Un C135 embarque Big Frog pour les États-Unis

Mise à jour  : 31/08/2011 - Direction : Armée de l'Air et de l'Espace

Jeudi 25 août 2011, un C135 du groupe de ravitaillement en vol 2/91, de la base aérienne 125 d’Istres, a transporté l’avion de course Big Frog vers les États-Unis, à l’occasion de sa participation aux Reno Air Races, du 14 au 18 septembre 2011.

Depuis 2009, l’armée de l’air est partenaire du projet Big Frog en accueillant, sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan, l’équipe du projet (la team) et l’avion de type Nemesis qui participera à la course aérienne de vitesse la plus célèbre au monde. Il s’agit maintenant de transporter Big Frog aux États-Unis pour sa participation aux Reno Air Races.

C’est la première fois qu’un avion est embarqué dans un ravitailleur de l’armée de l’air. La manœuvre nécessite d’ailleurs une logistique particulière. Deux châssis ont ainsi été spécialement conçus pour transporter l’aile de sept mètres d’envergure ainsi que la cabine de Big Frog. Avant son installation à bord du C135 depuis la porte cargo latérale, les mécaniciens, soutenus par les membres de la Team Big Frog, ont réalisé un maquettage au sol, pour prévisualiser la disposition de l’avion démonté dans la soute du ravitailleur. «C’est, en quelque sorte, un jeu de Tetris, explique le lieutenant Thomas Delmas, commandant de bord pour le vol. L’embarquement nécessite une attention toute particulière pour préserver ce matériel unique.»

 Le lieutenant Delmas se rendra, pour la première fois, aux États-Unis. «Cela change des entraînements et des opérations de ravitaillement en vol !» souligne-t-il. L’équipage est également composé d’un navigateur, d’un copilote et de deux mécaniciens navigants. Cinq membres de la Team Big Frog ont aussi pris place à bord, parmi lesquels Franck Doyen, le père du projet, et Philippe Marcello, directeur technique. Le C135 fera une escale technique à Boston avant de repartir vers le Nevada, lieu de la course. À Reno, il faudra compter quatre jours pour remonter Big Frog et deux vols d’entraînement, au moins, pour peaufiner les derniers réglages.

Tandis que le C135 redécollera vers la métropole, l’armée de l’air reste plus que jamais au cœur de l’aventure puisque le capitaine Christophe Delbos, pilote de chasse sur Mirage 2000 à la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan, a été sélectionné comme pilote titulaire de la course.

Retrouvez prochainement une interview exclusive du capitaine Delbos qui se confiera avant le début de la compétition.

Trois questions à Frédéric Kurzac, directeur stratégie et communication (MAS Events) du défi Big Frog.

En quoi Big Frog est-il un aéronef particulièrement novateur dans son domaine ?

Frédéric Kurzac - Cet appareil est une véritable innovation dans le domaine aéronautique. C’est en quelque sorte un démonstrateur technologique qui associe ce qui se fait de mieux dans l’aéronautique et dans le monde de la Formule 1. L’intérêt de Big Frog est double. D’une part, c’est un avion entièrement fabriqué de matériaux composites. D’autre part, il est équipé d’un moteur diesel ce qui constitue une première pour un avion de ce type et pour cette compétition. Nous n’en sommes pas peu fiers ! La principale problématique était d’annuler les vibrations, engendrées par le moteur diesel et peu compatible avec une structure rigide en carbone. L’aide de Dassault System a été déterminante pour mettre au point le dispositif de liaison entre le moteur et la cellule. Enfin, nous savions que nous devions transporter l’avion Big Frog aux États-Unis, c’est pourquoi il devait être «aérotransportable». Ainsi, l’aile et la profondeur sont démontables ce qui constitue un réel avantage pour la maintenance. 

 

Comment l’idée d’associer l’armée de l’air à la participation de Big Frog aux Reno Air Races est-elle née ?

Il était impensable de réaliser ce projet aéronautique sans associer l’armée de l’air. Les pièces ont été livrées en février 2009. En mai, la cellule a été présentée à la Ferté-Allais au grand public. Quinze jours plus tard, nous avons rencontré plusieurs hauts responsables de l’armée de l’air au salon du Bourget. Le coup de foudre a été immédiat. Pour les aviateurs, il s’agit d’un défi technologique qui offre la possibilité de cultiver une passion aéronautique qui dépasse leur engagement militaire. En décembre 2009, le partenariat a été officialisé en présence de l’avion Big Frog. Sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan, l’assemblage de l’avion a été réalisé sous le regard attentif du général Jérôme Huret, commandant le centre d’expériences aériennes militaires. Dix-huit mois se sont écoulés entre l’assemblage des premières pièces et le premier vol d’essai. Au total, 10 000 heures de travail ont été nécessaires entre la recherche et le montage de Big Frog. Ce partenariat est très fort pour l’armée de l’air et pour nous puisqu’il met en exergue des valeurs communes. C’est une histoire d’équipes, où chacun s’est entièrement engagé dans le projet. À chaque fois, les militaires que nous avons rencontrés se sont débrouillés pour trouver une solution à nos problèmes. Leur soutien a été sans faille, du début à la fin.

Quelles sont les contraintes concernant le démontage et le transport de Big Frog à bord du C135 ?

Faire rentrer un avion dans un autre avion, par la petite porte, est un événement inédit ! Nous avons démonté l’avion sur la base aérienne 125 d’Istres. Pour son embarquement, nous avons fabriqué deux châssis sur place. La présence du C135 sur le tarmac nous a offert la possibilité de visualiser parfaitement la disposition à adopter dans le ravitailleur, transformé en gros porteur pour l’occasion. Au total, le matériel pèse une tonne sept. Pour le retour, les contraintes sont bien sûr les mêmes et c’est avec une compagnie canadienne que nous devrions faire le voyage. 

Propos recueillis par Quentin Michaud.


Sources : Armée de l'Air et de l'Espace
Droits : Armée de l'Air et de l'Espace