Henri Laronze fait partie des derniers vétérans des Groupes Lourds. À l’occasion de son 100e anniversaire, une équipe du magazine Air actualités l’a rencontré à son domicile, en Gironde. Portrait.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, une page méconnue de l’histoire de l’Armée de l’air a été écrite en Grande-Bretagne. Parmi les aviateurs déployés figurait Henri Laronze, mécanicien navigant. De juin 1944 à octobre 1945, le II/23 «Guyenne» et le I/25 «Tunisie» ont été stationnés sur la base de la Royal Air Force à Elvington. Plus de 70 ans après, ce militaire conserve en mémoire de belles histoires. Il raconte avec humour et humilité ses souvenirs des «Groupes Lourds».
Engagé à 17 ans
Né le 17 mars 1918 à Castelviel, petit village viticole de Gironde, Henri Laronze devient rapidement pupille de la nation. En effet, son père est tué le 4 août 1918. «Je me suis engagé en septembre 1935, l’Armée de l’air était à peine créée», se souvient-il. À l’époque, il voulait devenir photographe, mais la spécialité ne recrutait pas. Il s’engage comme apprenti mécanicien à Pau et devient progressivement mécanicien navigant. Il est affecté successivement à Pau, Tunis, puis Oran. En 1939, quand la guerre est déclarée, il sert dans l’Armée du Levant. En 1940, alors qu’il est basé à Rayak en Syrie, il apprend que le général de Gaulle s’est rallié à la Grande-Bretagne et appelle à continuer la lutte. Deux ans plus tard, H. Laronze rejoint la France libre, avant d’être muté à Bamako, au groupe de bombardier 1/62 sur avion Glenn Martin.
1943, départ pour l’Angleterre
En 1943, il est déployé sur la base d’Elvington, en Angleterre. «Nous sommes arrivés début juin», poursuit-il. En qualité de mécanicien navigant au groupe lourd français I/25 «Tunisie», il est affecté sur l’aéronef Halifax. En attendant de combattre les Allemands, il s’entraîne sans relâche. «Le GB 1/25 n’est pas encore engagé, mais nous continuons les vols d’entraînement sous tous les angles, de bombardements avec des bombes d’exercice, de navigation et d’entraînement avec des chasseurs.»
Il totalisera plus de 2000 heures de vol en temps de guerre, avec bombardements au-dessus de l’Allemagne. Il faisait partie de l’équipage dont le capitaine Barrault était le pilote. «Le mitrailleur, Stephanopoli, avait un œil d’aigle, ajoute Henri. Il voyait absolument tout. J’ai rarement eu peur dans l’avion, parce qu’il y avait une relation de confiance dans l’équipage.»
Les Groupes Lourds
Les bombardements s’effectuaient essentiellement de nuit pour échapper à la menace ennemie. Chaque avion naviguait individuellement pour suivre la même route imposée, suivant un horaire précis et une altitude fixés à l’avance. Il formait ainsi le «Stream». «Nous étions plus de 300 avions en vol au sud de Londres, détaille Henri. En plein milieu de la mer du Nord, de nuit, nous éteignions les feux de position.» Les quelque 800 à 1000 avions évoluaient côte à côte sans se voir. Avec son équipage, Henri décollait avec 12 000 litres de carburant et entre cinq et six tonnes de bombes.
De nombreuses affectations après la guerre
De 1945 à 1946, il fait partie du corps expéditionnaire en Extrême-Orient, commandé par le général Leclerc. Après un périple en Inde, il est affecté à Saigon, puis à Haiphong au Tonkin. De retour en France, il est basé à Toulouse-Francazal, puis à Versailles, avant de repartir en Indochine. Sa fin de carrière est ponctuée de nombreuses affectations entre l’Indochine, Bordeaux, l’Algérie et Paris.
Un homme décoré
En 1971, il reçoit la cravate de la Légion d’honneur. Il est titulaire de sept citations, dont six citations au titre de la Seconde Guerre mondiale avec Croix de guerre 1939-45 et une citation au titre de l’Indochine avec Croix de guerre.
Nous lui souhaitons un joyeux anniversaire et de belles années à contempler les cerisiers en fleurs de son jardin.
Sources : Armée de l'air
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