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Quand les satellites nous tombent sur la tête

Mise à jour  : 12/04/2018 - Direction : Armée de l'Air et de l'Espace

Tiangong 1 était une station spatiale chinoise, lancée en 2011. Elle était inactive depuis 2013 et hors de contrôle depuis 2016. Au centre de l’attention de l’ensemble de la communauté spatiale, la station spatiale chinoise s’est finalement désintégrée dans l’atmosphère au-dessus de l’océan Pacifique, loin de toute zone habitée, lundi 2 avril 2018 vers 00h15 GMT (2h15, heure de Paris). 

Pour la France, en métropole comme dans les territoires outre-mer, la surveillance de l’espace est une responsabilité du commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes, qui requiert un engagement quotidien du personnel de l’Armée de l’air. Mais quel a été le rôle des aviateurs dans le suivi de la chute de Tiangong 1 ? 

Un enjeu vital : récupérer des données pour établir des prédictions

Le commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA), pôle opérations de l’Armée de l’air, a en son sein le centre opérationnel de surveillance militaire des objets spatiaux (COSMOS), dont une des missions est le suivi des rentrées atmosphériques d’objets spatiaux et l’alerte aux populations si la menace est avérée. Cette mission est accomplie grâce à l’utilisation du réseau français de surveillance de l’espace, qui compte différents capteurs répartis sur le territoire, dont le système français Graves1, unique en Europe, les radars de poursuite SATAM et les radars de la DGA Essai missile.

Dans le cas précis de la station Tiangong 1, dix jours avant la retombée, le COSMOS et les sites radars SATAM2 de Sommepy, Captieux et Solenzara ont été placés en alerte afin de suivre en priorité la rentrée de la station chinoise.

Pendant cette phase d’alerte renforcée, le COSMOS collationnait et triait les données collectées avant de les diffuser. «Notre partenaire national stratégique dans ce cas de figure, c’est le centre national d’études spatiales (Cnes) qui, grâce à nos informations, était capable de réaliser des calculs quotidiens de prédiction, qui nous auraient permis d’alerter les populations si cela avait été nécessaire», témoigne le commandant Vincent, chef des opérations du COSMOS.

Outre la coopération civilo-militaire, Tiangong 1 a également représenté une première : «fait nouveau, ajoute le commandant Vincent, cette rentrée atmosphérique a été suivie de façon collaborative par une communauté de partenaires militaires qui partageaient les données publiques de leurs capteurs respectifs et leurs prédictions. Un tchat était en place pour établir une coordination en temps réel.» Ainsi huit nations partenaires ont suivi l’objet spatial en perdition : France, États-Unis, Canada, Royaume-Uni, Australie, Japon, Allemagne, Italie.

Mais un casse-tête aux innombrables facteurs

Malgré le travail des communautés spatiales et militaires internationales, il n’a pas été possible de déterminer avec beaucoup de préavis et de précision le point d’impact du satellite à la surface de la Terre.

Citée dans la presse, la zone de retombée possible, comprise dans une large bande autour de l’équateur entre les parallèles -43° et +43°, était connue dès le départ puisqu’elle dépend de l’inclinaison du plan d’orbite du satellite, définie dès la mise en orbite.

En revanche, la détermination précise d’une zone d’impact réside dans la maîtrise d’un nombre important de paramètres difficiles à anticiper : la densité de l’atmosphère, changeante en fonction de l’activité du soleil, l’angle de présentation du satellite lors de la rentrée, les frottements atmosphériques, la manière dont le satellite va se désintégrer, l’influence gravitationnelle de la lune et des marées, etc.

À cela s’ajoutent, suivant les agences chargées des calculs de prédiction, des différences dans les résultats en fonction de l’exhaustivité des données recueillies ou liées au choix du modèle de propagation utilisé dans le calcul. «Une erreur de dix minutes et votre satellite a parcouru plusieurs milliers de kilomètres», précise le commandant Vincent.

«C’est un véritable casse-tête spatial que l’on doit résoudre avec tous les moyens disponibles et des partenariats efficaces. La fréquence de ce type d’événement, qui présente potentiellement un risque pour les populations, va augmenter en raison du nombre toujours croissant de satellites en orbite. Heureusement, la probabilité qu’un débris ne soit pas détruit lors de l’entrée atmosphérique et atteigne une surface terrestre ou une personne reste extrêmement faible.»

1 Grand réseau adapté à la veille spatiale

2 Suivi et acquisition de trajectoires avion et munitions


Sources : Armée de l'air
Droits : © Armée de l'air