L’adjudant Lionel Birée, astronome amateur et innovateur, a réussi sa première observation spectrale de satellites géostationnaires, au mois de juillet 2012. Après trois années de développement, le projet expérimental Oscegeane (observation spectrale et caractérisation des satellites géostationnaires) devient réalité.
Alors que les scientifiques américains commence à recevoir les premières images inédites de la planète Mars en provenance du robot «Curiosity», un aviateur est parvenu à observer pour la première fois depuis le site du Mont Agel, à Nice, des satellites géostationnaires, c’est-à-dire se trouvant à quelques 36 000 kilomètres d’altitude.
Impossible, bien sûr, de déployer un télescope géant qui permettrait d’apercevoir à l’œil nu ces satellites. Avec une portée de 1000 kilomètres, même le système de veille satellitaire GRAVES (grand réseau adapté à la veille spatiale), matériel ultra perfectionné de l’armée de l’air, ne les détecte pas. Le projet expérimentale de l’adjudant Lionel Birée, passionné d’astronomie travaillant au sein de la division surveillance de l’espace au commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA), à Paris, propose donc de déterminer la signature spectrale de ces satellites géostationnaires. L’emploi de cette technique doit permettre non seulement de confirmer la présence d’un satellite à un endroit, mais aussi de découvrir sa composition métallique qui indique sa provenance. En effet, chaque pays privilégie certains matériaux pour la construction de leurs satellites. L’autre objectif d’Oscegeane est de détecter d’éventuels objets dit «butineurs» qui pourraient écouter ou interférer sur les satellites français. La présence des «butineurs» sera confondue dans le spectre initial avec un léger décalage.
Concrètement, sur l’élément «Air» rattaché du site de Mont Agel, où se trouve actuellement une centaine d’aviateurs en charge de la maintenance des radars de détection aérienne, l’adjudant Birée utilise un télescope pour récolter la lumière d’un satellite désigné. Derrière ce télescope, un spectroscope, modifié par le constructeur pour les besoins militaires, décompose la lumière renvoyée, comme le phénomène de l’arc-en-ciel. Il ne garde ensuite que la signature des constituants métalliques pour établir un graphe, la signature spectrale du satellite. Après les installations techniques qui ont commencé en 2010, l’adjudant Birée a enfin pu mener les premières démonstrations en juillet de cette année. «Au cours du mois, j’ai réalisé la validation des premières sorties d’images spectrales d’une quinzaine de satellites géostationnaires, raconte l’adjudant Birée, des étoiles plein les yeux. Les trois objectifs initialement prévus ont été atteints. D’une part, j’ai pu prouver que la technique de la spectroscopie fonctionne puisqu’on observe que chaque satellite possède son propre spectre. D’autre part, par le biais de la photométrie, j’ai démontré qu’il est possible de connaître la surface d’un satellite avec une marge d’à peine 1% d’erreur. J’ai donc pu identifier une série de spectres et commencer à établir un catalogage des types de spectre en fonction des industriels. Pour terminer, j’ai pu obtenir le spectre d’un débris qui est passé à proximité du satellite Astra alors qu’il n’était pas référencé.»
A partir de ce succès, l’aviateur astronome doit maintenant présenter un compte rendu final auprès de la «mission pour le développement de l’innovation participative» de la direction générale de l’armement, dont il avait reçu un financement de 78 000 euros, ainsi qu’au chef d’état-major de l’armée de l’air. Ils décideront ensuite de la continuité du projet.
Sources : Armée de l'Air et de l'Espace
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