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Confidences du capitaine Delbos avant les Reno Air Races

Mise à jour  : 01/09/2011 - Direction : Armée de l'Air et de l'Espace

Le capitaine Christophe Delbos a été désigné pour représenter l’équipe tricolore de Big Frog au championnat des Reno Air Races qui se déroulera aux États-Unis, du 14 au 18 septembre 2011. Le temps de la compétition, il échange sa tenue de pilote de chasse sur Mirage 2000 contre celle de pilote de la course aérienne la plus rapide du monde. À quelques heures de monter dans l’avion direction les États-Unis, le capitaine Delbos revient sur son aventure et dévoile les ambitions de l’équipe Big Frog.

Comment a débuté votre aventure dans le projet Big Frog ?

Capitaine Delbos - En 2009, Franck Doyen, manager de la team (l’équipe) Big Frog cherchait des pilotes supplémentaires. Lorsque le général Jérôme Huret, commandant le centre d’expériences aériennes militaires sur la base aérienne de Mont-de-Marsan, m’a proposé de rejoindre le projet, je me suis demandé s’il se moquait de moi. Mais il était tout à fait sérieux et j’ai réfléchi à peine une demi-seconde avant d’accepter. Même si je n’ai pas tout de suite mesuré les conséquences sur les 18 mois suivants, je connaissais un peu les Reno Air Races pour savoir que c’était une opportunité géniale!
Tout au long de l’aventure, j’ai été surpris par l’investissement en termes de temps qu’il a fallu fournir dans le projet. Outre le pilotage, j’ai par exemple participé activement aux relations publiques. Il y a également eu une période de trois semaines de présentation en vol de l’avion Big Frog sur différentes manifestations aériennes. Il s’agit, pour moi, d’une nouvelle expérience formidable car je n’ai jamais été présentateur d’un aéronef dans l’armée de l’air. J’ai eu beaucoup de choses à apprendre, tel que définir un programme de présentation en vol. J’ai également eu la chance de participer au salon du Bourget en juin. J’y ai vécu des moments intenses aux côtés des  meilleurs pilotes présentateurs du monde. C’était un moment magique !

Comment avez-vous appris que vous étiez le pilote titulaire de Big Frog aux Reno Air Races ?

Nous savions que Franck Doyen effectuerait son choix après le salon du Bourget. Lorsqu’il me l’a annoncé, j’ai été heureux et très fier. Je n’ai pas été réellement étonné car nous n’étions que deux à être qualifiés pour la course, avec Willy Gruhier. J’avais une chance sur deux. Puis, immédiatement j’ai pensé à la responsabilité qui repose désormais sur mes épaules et je me suis dit : « Maintenant, il ne faut pas que je me rate !» Mais c’est avant tout un grand bonheur.
Après avoir fait l’objet de plusieurs modifications techniques et mécaniques pour augmenter ses performances et la puissance du moteur, Big Frog a été ramené sur la base de Mont-de-Marsan. J’ai alors pu attaquer les vols d’entraînements sur le champ de tir de Captieux où nous avions recréé le tracé exact de la course. Des repères au sol, comme la tour de contrôle ou des miradors, ont simulé les pylônes de Reno. C’était très réaliste. Nous avons ainsi testé les trajectoires « idéales » sans pousser l’avion au maximum de sa puissance. Je me suis également entraîné à anticiper sur le pylône suivant pour que mes trajectoires deviennent plus fluides et naturelles.

Comment passe-t-on du pilote de chasse opérationnel au pilote de course dans le sport de haut niveau ?

Le passage n’a pas été brutal puisque qu’il s’est déroulé sur une période de 18 mois. J’ai exercé mes deux activités en parallèle de façon très naturelle. Néanmoins, en termes de pilotage, je dois faire preuve de vigilance lorsque je passe d’un avion à l’autre. Ce n’est pas un problème si je vole le matin sur Big Frog et l’après-midi sur Mirage 2000. En revanche, lorsque je vole une quinzaine de jours de suite sur l’avion de course, mon cerveau et mon corps s’habituent et le retour sur Mirage 2000 peut être compliqué et inversement. Cette expérience avec Big Frog m’a, avant tout, apporté une autre manière d’aborder l’aéronautique. Aujourd’hui, je suis davantage curieux et intéressé par les aspects mécaniques des aéronefs.

Vous vous envolez demain pour les États-Unis. Qu’est ce qui vous attend ensuite ?

Big Frog a été démonté, puis transporté en avion ravitailleur C135 de l’armée de l’air sur le lieu de la course. Après quatre jours de montage, l’avion sera en état de marche pour effectuer  deux vols, l’un de vérification et l’autre de prise en main, le 1er septembre. Puis, le lendemain nous débuterons les entraînements de performance sur le circuit de la course. Ce n’est qu’à partir du 8 septembre que nous serons autorisés à voler aux basses altitudes des Reno Air Races Les qualifications seront ouvertes du 11 au 13 septembre. Nous aurons alors trois jours pour réaliser des vols d’essais libres, parmi lesquels nous choisirons d’être chronométrés sur deux vols références pour les qualifications. Mon meilleur temps définira la poule dans laquelle je vais concourir et ma position de départ. Il existe trois poules (gold, silver et bronze) dans la « sport class », la catégorie de Big Frog. Du 14 au 18 septembre, je disputerai alors une course par jour avec pour unique objectif de remporter la Bronze cup ! Avec Franck Doyen et Loïc Kardjadj, ancien pilote de Mirage 2000 à Mont-de-Marsan et mon coach pour les Reno Air Races, nous avons mis en place une véritable tactique. Nous avons déjà réfléchi à toutes les éventualités, mais il faudra avoir un œil sur le temps des adversaires et leur comportement tactique. Quoi qu’il arrive, l’objectif que nous nous sommes fixé est tout à fait à la portée de Big Frog. Je suis confiant, nous allons remporter la Bronze Cup ! 

Propos recueillis par le lieutenant Marianne Jeune


Sources : Armée de l'Air et de l'Espace
Droits : Armée de l'Air et de l'Espace