Collaboration civilo-militaire : un officier Aviateur intègre l’IFRI

Le CEMAAE et Thomas Gomart, directeur de l’IFRI, ont d’abord procédé à un échange symbolique de cadeaux, entérinant ce partenariat. L’événement s’est poursuivi par une discussion à huit clos, axée sur des questions d’actualité de défense en présence des membres du Centre des études de sécurité (CES) auquel est rattaché l’officier d’échange intégrant les rangs de l’IFRI, le lieutenant-colonel Raphaël. Parmi les sujets abordés, le CEMAAE est revenu sur sa vision de la situation sécuritaire internationale et la manière dont l’AAE se prépare à faire face aux mutations de la conflictualité. Le retour de la masse dans la perspective des conflits de haute intensité ou encore le combat collaboratif homme-machine ont fait partie des sujets à l’ordre du jour.

Un think tank reconnu mondialement

Depuis 1979, l’IFRI est un think tank indépendant qui produit des analyses dans le domaine de la politique étrangère et des relations internationales de la France. Cet institut entretient des liens étroits avec le Centre d’analyse, de prévision et de stratégie (CAPS) du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) ainsi qu’avec la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) du ministère des Armées. 

Parmi les différents centres et programmes spécialisés de l’IFRI, « le CES est en charge de l’étude des problématiques sécuritaires, du contrôle des armements et de la politique de défense française », explique le lieutenant-colonel Raphaël. Affecté au CERPA-CESA depuis septembre 2020 à sa sortie de l’École de guerre, cet ancien commandant d’escadron de chasse apporte son expertise du milieu aéronautique militaire, ainsi que son expérience de terrain.

Un pari de l’AAE

Le lieutenant-colonel Raphaël rejoint ainsi au sein du LRD deux homologues de l’armée de Terre et de la Marine nationale arrivés quelques années auparavant. Véritable stratégie voulue par l’institution, son incorporation doit permettre à l’AAE « de réinvestir le débat public et de peser sur les réflexions stratégiques et sécuritaires auprès des décisionnaires politiques », précise ce dernier. Porteur d’initiatives, médiateur, rédacteur de policy paper et de notes sous forme de focus stratégiques sont autant de responsabilités allouées à cet Aviateur.

À l’origine, le modèle du LRD est inspiré de celui du « Strategic studies program » américain du MIT dont la spécificité a été de faire collaborer des chercheurs civils avec des militaires de chacune des armées. Avec l’arrivée de cet officier de l’AAE, L’IFRI devient ainsi le premier think tank français à accueillir des militaires des trois armées et peut désormais approcher les enjeux de défense sous un prisme véritablement interarmées. « L’idée est d’éclairer les chercheurs sur la réalité concrète des opérations afin de produire des analyses pertinentes », détaille le lieutenant-colonel Raphaël. Il poursuit : « Alors que les chercheurs de l’IFRI adoptent généralement une approche stratégico-politique des problématiques de défense, nous autres, militaires, l’étayons avec notre expertise technico-opérationnelle. Ce partenariat fonctionne donc dans une logique de complémentarité. »

Un combo gagnant

« Ce poste est d’une richesse incroyable. En plus de pouvoir développer mes propres réflexions sur la puissance aérospatiale, cela me permet d’étoffer mes connaissances des relations internationales grâce aux échanges permanents avec les différents chercheurs de cet illustre centre. En les observant, j’apprends à considérer les problématiques sous un nouvel angle, davantage stratégique et politique. C’est extrêmement stimulant », conclut le lieutenant-colonel Raphaël, quant à son ressenti à la suite de sa prise de poste.

Pendant deux ans, cet Aviateur, venu alimenter les réflexions stratégiques sur les forces aériennes françaises au sein du débat public, apportera son expertise opérationnelle afin de raccrocher l’analyse académique à la réalité du terrain.