Elles ont 25 et 26 ans. L’une est pompier dans l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE), l’autre est conductrice d’engin dans l’armée de Terre. Toutes les deux sont caporaux et en mission sur la base aérienne projetée au Levant dans le cadre de l’opération Chammal. Après être allées sur le terrain ensemble pour une immersion dans leurs quotidiens respectifs, elles partagent et échangent sur leur expérience. Regard croisé.
Le caporal Julie, 25 ans, est conductrice équipier dans les pompiers de l’air. Elle dispose de trois ans et demi de service. Après avoir effectué ses classes militaires à Orange, elle a suivi trois mois de formation pompier sur la base aérienne 120 de Cazaux. S’en est suivi son passage du permis poids lourd afin de conduire des engins spécifiques et devenir, par la suite, conductrice équipier. Dans le sillage de leur formation, les pompiers de l’air disposent d’une particularité NRBC (nucléaire, radiologique, biologique, chimique). Elle a donc effectué une formation NRBC supplémentaire à Cazaux, puis à Bourges, ce qui lui permet notamment d’intervenir aujourd’hui dans le cadre de la crise de la Covid-19. Elle participe aujourd’hui à sa toute première OPEX.
Le caporal Julie :
Quant au caporal Shannon, elle est conductrice d’engins spécifiques, affectée dans le 25e régiment du génie de l’air. Engagée en 2016, elle a quatre années à son actif. Après trois mois de classes à Nîmes, elle a enchaîné les formations pour devenir conductrice d’engins, et savoir utiliser tous types de véhicules tels que le bulldozer ou encore la pelle hydraulique. De là, elle a multiplié les formations pour devenir pleinement opérationnelle, notamment avec l’acquisition du permis poids lourd ou encore le passage du certificat militaire élémentaire (CME) pour passer chef d’équipe. Elle est aujourd’hui déployée pour sa 3e opération extérieure (OPEX).
Les deux caporaux se sont chacune engagées dans les armées pour des raisons distinctes. Du côté du caporal Julie, marquée par les attentats de Paris en 2015, elle a souhaité s’investir pour son pays au service de la protection des concitoyens français. Le caporal Shannon, quant à elle, appréciait le sens du relationnel, l’entraide et l’esprit de cohésion offerts par les armées.
Zoom sur les missions sur le terrain :
Caporal Julie : « Ma mission en OPEX consiste principalement à superviser la sécurité incendie des aéronefs que nous pouvons retrouver sur le théâtre (Rafale, A400M) ainsi que la protection incendie des infrastructures. Je m’occupe également de toute la décontamination liée à la crise sanitaire. Et toi ? »
Caporal Shannon : « Je fais partie du génie de l’air. Nous pouvons penser que c’est un régiment de l’armée de l’Air et de l’Espace ; mais tout le personnel appartient à l’armée de Terre et, 90% de notre temps, nous sommes employés pour l’AAE. Actuellement, notre travail est d’assurer le maintien en condition opérationnelle de la piste, notamment en gardant en état les joints d’étanchéité. Nous allons mettre des résines de réparation rapide et reprendre les joints d’étanchéité des seuils de piste pour éviter une perte de granulats qui pourrait endommager les aéronefs. Également, nous peignons les marquages de signalisation sur la plateforme. »
Caporal Julie : « À quoi ressemble une journée type de travail pour toi ? »
Caporal Shannon : « Selon les missions, elle est différente. Par exemple, lorsque tu es venue, nous nettoyions des fissures pour mettre un mastic chaud, afin de refaire les joints d’étanchéité sur la piste. Ce jour-là, nous nous sommes levés à 4 heures du matin pour mettre en route le fondoir à bitume qui doit atteindre une température de 180°C. La machine met 4 à 5 heures à chauffer, ensuite nous nous rendons sur la piste ou sur le chantier pour travailler sur les fissures. Qu’en est-il de ton côté ? »
Caporal Julie : « Nous fonctionnons sur une base de 7j/7 et 24h/24. Chaque jour, nous changeons d’engin incendie, affectés dessus pour 24h. S’il s’agit d’un engin aéronautique destiné à la sécurité des avions, nous devons nous adapter aux heures de vol par exemple. Enfin, nous pouvons être appelés à tout moment pour un départ de feu ou pour la capture d’animaux dangereux : serpent, araignée, scorpion, etc. »
Alors que les missions restent les mêmes sur le territoire national autant que sur les théâtres d’opérations pour le caporal Shannon, celles du caporal Julie varient sensiblement : « Elle changent un peu, car les véhicules que nous utilisons sont totalement différents de ceux que nous avons en France. Nous suivons donc une formation accélérée lorsque nous arrivons sur le théâtre. En plus de cela, nous sommes en effectif réduit, nous devons alors nous adapter en permanence, notamment parce que le rythme de travail est plus soutenu qu’en France. Ce qui ne change pas, c’est le fort impact de la crise de la Covid-19, imposant une réorganisation complète de notre métier », conclut le caporal Julie.
Lancée depuis le 19 septembre 2014, l’opération Chammal représente le volet français de l’opération internationale Inherent Resolve (OIR) rassemblant 80 pays et organisations. En coordination avec le gouvernement iraquien et les alliés de la France présents dans la zone, l’opération Chammal apporte un soutien militaire aux forces locales engagées dans la lutte contre Daech sur leur territoire. L’opération Chammal se concentre désormais sur son pilier « appui » et compte 600 soldats insérés au sein des états-majors d’OIR ou sur les déploiements aériens et maritimes. |
Sources : EMA
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