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BARKHANE : Entretien avec le général Stéphane Virem, commandant de la Joint Force Air Component

Mise à jour  : 07/07/2020 - Direction : Armée de l'Air et de l'Espace

Le général de brigade aérienne Stéphane Virem s’exprime au sujet de la continuité opérationnelle des détachements aériens dans la bande sahélo-saharienne, en période de crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19.

       

Régulièrement le général Virem, se rend dans la bande sahélo-saharienne (BSS) et plus particulièrement sur la base aérienne projetée (BAP) de Niamey. Aujourd’hui il rencontre les différents détachements qui ont assuré la continuité des opérations aériennes pendant la crise sanitaire COVID-19. 

      

La France sort d’une crise sanitaire majeure de plusieurs mois, où beaucoup d’activités ont été paralysées. Les armées ont dû adapter leur fonctionnement pour que les opérations se poursuivent et notamment l’opération Barkhane au Sahel. Quelles mesures ont été prises au sein du JFAC AFCO à Lyon pour conserver la capacité opérationnelle de la composante aérienne ? 

       

Afin de garantir le niveau opérationnel de notre organisation, nous avons pris des mesures très particulières, et ce avant même les décisions nationales vis-à-vis du confinement. Le JFAC AFCO compte une cinquantaine de personnels dont la majorité avec des mandats de deux mois en moyenne et six permanents affectés pour deux ans. Afin de limiter les risques face au COVID-19, nous avons veillé à injecter dans le centre des opérations du personnel mis en quatorzaine avant leur prise de fonction et avons appliqué des mesures barrières très strictes, dont le port du masque en permanence. Nous sommes même allés plus loin, en imaginant plusieurs scénarios au sein du centre des opérations et avons planifié les mesures de secours adaptées. La base aérienne 942 de Lyon Mont Verdun a joué un rôle fondamental au maintien de notre capacité opérationnelle en nous offrant un soutien spécifique et inédit comme une chaîne d’alimentation dédiée ainsi qu’un soutien médical ad hoc. Nous avons donc travaillé en vase clos, et ces mesures ont jusqu’à présent bien fonctionné. 

      

Au-delà de la structure de commandement, il fallait aussi préserver les unités navigantes qui opèrent depuis la BAP de Niamey. Quelles ont été les difficultés et les solutions apportées ? 

        

La crise du COVID-19 est venue complexifier l’ensemble de notre manœuvre en BSS. En raison des mesures d’isolement prises par les différents pays du G5 Sahel, les flux logistiques ont été contraints, entraînant des délais importants de livraison de pièces de rechange entre la France et le théâtre. Pour le personnel, il a fallu instaurer des mesures de quatorzaine en métropole, ce qui a déstabilisé le plan de relève des détachements air déjà complexe (chasse, transport, ravitailleurs en vol, ou drone par exemple). Nos partenaires espagnols, allemands ou encore américains ont dû eux aussi appliquer des mesures particulières. 

J’ai pu constater que, grâce aux mesures prises par les BAP de Niamey et N’Djamena, nous avons toujours répondu présents aux enjeux opérationnels pendant cette crise du COVID-19, ce qui a démontré la résilience de nos structures. Il n’y a donc jamais eu d’encoche significative en termes de capacité des unités navigantes ou des structures de conduite des opérations. Malgré cette contrainte supplémentaire dans le quotidien déjà exigeant des opérations, nous avons été capables de nous reconfigurer rapidement pour atteindre notre objectif final. 

     

Quel bilan faites-vous des opérations menées par la composante aérienne ces six derniers mois ? 

          

Le sommet de Pau en janvier a été un acte fondateur, qui a dessiné les opérations aériennes de ces derniers mois, avec une lutte beaucoup plus marquée, plus offensive, contre les groupes armés terroristes (GAT) et notamment l’État Islamique au Grand Sahara (EIGS) dans la zone des trois frontières. Nous avons beaucoup progressé dans la connaissance des modes de fonctionnement et de réaction des GAT ainsi que dans la fusion du renseignement de manière générale. Barkhane est une opération interarmées, extrêmement imbriquée. Les actions des troupes au sol et celles des moyens aériens s’inscrivent dans une manœuvre globale et coordonnée qui vise, aux côtés de nos camarades des forces partenaires, à libérer les zones concernées de l’emprise des GAT. 

Dans cette mobilisation, il y a eu une véritable montée en puissance de nos partenaires. J’ai notamment visité le Poste de Commandement Conjoint de la Force conjointe du G5 Sahel à Niamey, où des aviateurs sont insérés pour développer et optimiser le rôle de la composante aérienne dans les opérations conduites dans le cadre de l’opération SAMA. Cette progression des forces partenaires participe grandement à l’efficacité globale de la lutte contre les GAT, en formant un tout cohérent avec Barkhane. 

        

Quelles sont les perspectives d’évolution pour les opérations aériennes et la BAP de Niamey ? 

            

Nos autorités politiques vont faire le bilan lors du sommet de Nouakchott qui sera l’occasion de déterminer la suite des opérations. Les aviateurs seront présents pour répondre à ces attentes. La BAP de Niamey est au cœur des opérations aériennes. Sa position centrale est actuellement idéale pour l’effort de l’opération Barkhane dans la zone des trois frontières. D’ailleurs nous y regroupons parfois la majorité de nos vecteurs aériens pour gagner en efficacité et en réactivité. 

            

Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad. Elle regroupe environ 5 100 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.

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Sources : EMA
Droits : armee de lair