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La blockchain pour appuyer les projets innovants de l’Armée de Terre – le cas de FIBR2EO

Mise à jour  : 22/06/2021

Soucieuse d’identifier l’ensemble des opportunités qui s’offrent à elle, l’armée de Terre a lancé de nombreux projets innovants intégrant des technologies numériques à la pointe telle que la blockchain.

Présentation des fonctionnalités de la blockchain

La blockchain (chaîne de blocs en français) fait partie de ces nouvelles technologies dont le potentiel ouvre de nombreuses perspectives aux acteurs privés et étatiques. Principalement associée aux cryptomonnaies (telles que le Bitcoin ou l’Ether), la blockchain dispose de caractéristiques et de fonctionnalités qui lui ouvrent un éventail de cas d’utilisation qui vont bien au-delà de cette fameuse application. Encore peu répandue en entreprise malgré de nombreux projets pilotes, cette technologie mérite d’être décrite très simplement pour mieux comprendre ce qu’elle apporte.

Pour reprendre la description faite par le ministère de l’Economie, des Finances et de la Relance, la blockchain peut être définie ainsi :

  1. c’est une technologie de stockage et de transmission d’informations, prenant la forme d'une base de données ;
  2. qui a la particularité d’être partagée simultanément avec tous ses utilisateurs et qui ne dépend d'aucun organe central ;
  3. a pour avantage d'être rapide et sécurisée ;
  4. et dont le champ d'application est bien plus large que celui des cryptomonnaies/cryptoactifs (assurance, logistique, énergie, industrie, santé, etc.) .

Caractère infalsifiable de la blockchain

Par construction, la blockchain intègre des mécanismes de calcul d’empreinte numérique (appelée « hash ») des blocs ainsi que l’inscription automatique de l’empreinte numérique du bloc précédent en entête de chaque bloc, créant ainsi un lien fort entre les blocs de la chaîne (éléments décrits dans la partie 1 de la figure ci-dessous).

L’empreinte numérique d’un bloc est calculée à partir des éléments qui le composent (empreinte du bloc précédent, transactions, heure et date de création du bloc), elle est unique. Il est également impossible de reconstituer les caractéristiques d’origine du bloc à partir de cette empreinte et de la fonction mathématique qui a permis de la générer.

Toute tentative de modification des caractéristiques d’un bloc (pour, par exemple, ajouter ou soustraire une transaction) se traduit ainsi par la génération d’une empreinte numérique totalement différente qui se répercute sur l’ensemble des blocs suivants (cas représenté dans la partie 2 de la figure ci-dessous).

L’immuabilité des informations (toutes les opérations sont « gravées dans le marbre ») et la traçabilité des actions (chaque modification est validée par consensus puis obligatoirement enregistrée dans un bloc) font clairement partie des forces de la blockchain en termes de sécurité et de fiabilité.

Pour synthétiser, les caractéristiques majeures de la blockchain sont les suivantes :

Fonctionnement de la blockchain

Le schéma ci-dessous, issu du site Blockchain France, décrit simplement le processus d’ajout d’un nouveau bloc au sein de la blockchain. Ce fonctionnement est commun à l’ensemble des blockchains quel que soit le type de consensus qu’elles mettent en œuvre.

Smart contracts

Selon Blockchain France, les smart contracts « constituent l’un des types d’usage les plus prometteurs de la blockchain. Concrètement, il s’agit de programmes autonomes qui, une fois démarrés, exécutent automatiquement des conditions définies au préalable et inscrites dans la blockchain. Ils fonctionnement comme toute instruction conditionnelle de type « if – then » (si telle condition est vérifiée, alors telle conséquence s’exécute). »

Parmi les applications des smart contracts, il est donc possible d’envisager l’automatisation de traitements en fonction de la survenue de certains événements prédéfinis. Par exemple, une compagnie aérienne peut mettre en place un smart contract qui dédommage automatiquement les passagers en cas de retard dépassant un seuil défini au préalable. De multiples cas d’usage peuvent ainsi être envisagés, tous allant dans le sens d’une automatisation accrue des processus inter-applicatifs et plus particulièrement de ceux à faible valeur ajoutée.

Types de blockchains

Au-delà de l’aspect technologique et des différentes implémentations développées par les acteurs du marché, il est possible de distinguer 3 types d’organisation de blockchain : publique, privée et consortium. Les caractéristiques de ces différents types de blockchain sont définies ci-dessous :

Type de Blockchain

Publique

Privée

Consortium

Sans permission ?

Oui

Non

Non

Qui peut la consulter ?

Tout le monde

Seulement les utilisateurs invités

Cela varie

Qui peut y écrire ?

Tout le monde

Des participants approuvés

Des participants approuvés

Propriété

Personne

Entité unique

Plusieurs entités

Participants connus ?

Non

Oui

Oui

Vitesse de transaction

Lente

Rapide

Rapide

Remarques

  • Utilisée pour les cryptomonnaies (Bitcoin & Co)
  • Accessible à tous
  • Confiance basée sur un consensus de type Proof of Work, mécanisme requérant de grandes quantités de ressources (le fameux « minage »)
  • Utilisée dans les organisations qui souhaitent maîtriser totalement la blockchain
  • Confiance basée sur un consensus de type Proof of Stake, mécanisme plus léger et plus rapide que le Proof of Work
  • Utilisée entre des organisations qui partage un même groupe d’intérêt
  • Similaire à une blockchain privée mais avec plusieurs entités au lieu d’une seule
  • Consensus plus « léger » grâce au bon niveau de confiance entre les parties

Une application concrète : la blockchain d’impression 3D FIBR²EO pilotée par la SIMMT

Le pôle numérique et coordination de l’innovation (PNI) de l’armée de Terre accompagne une grande quantité de projets qui mettent en œuvre des technologies novatrices. Parmi ces initiatives qui visent à montrer des applications concrètes de ces outils au bénéfice des métiers de l’armée de Terre, la blockchain d’impression 3D FIBR²EO pilotée par la SIMMT figure en excellente position.

Ce projet vise à mettre à disposition de la chaîne Maintenance les capacités de l’impression 3D au profit de la production sur le territoire national ou sur un théâtre d’opération de pièces de rechange pour les matériels terrestres. Le suivi des impressions réalisées via ces imprimantes 3D est effectué via un système d’information basé sur une blockchain. Grâce à cette technologie, il est possible de mettre en œuvre :

  • La traçabilité : suivre chaque utilisation d’un modèle 3D pour réaliser une impression,
  • L’intégrité : vérifier que chaque modèle 3D imprimé correspond au fichier d’origine,
  • L’immuabilité : les fichiers stockés dans la blockchain sont inaltérables,
  • La transparence : possibilité pour chaque acteur de visualiser la totalité des opérations réalisées dans la blockchain.

Premier réseau d’impression 3D disponible en opérations, ce système est le fruit d’une collaboration avec la PME Vistory qui apporte son expertise dans le développement de blockchain et les industriels Nexter et Arquus qui fournissent les modèles 3D. Apportant une sécurité dans l’utilisation des modèles 3D de pièces de rechange ainsi qu’un modèle économique pour ce cas d’usage, ce projet est un excellent exemple de l’utilisation de l’ensemble des capacités d’une nouvelle technologie numérique, la blockchain en l’occurrence. Sous réserve d’accord entre les différentes parties, l’utilisation de la blockchain pourrait aller encore plus loin en permettant la mise en place d’un système de facturation automatisée via l’utilisation des smart contracts qui déclencheraient automatiquement des paiements en fonction du nombre d’utilisation des modèles 3D.

De nombreuses perspectives numériques pour l’Armée de Terre

Le projet FIBR²EO montre à quel point les nouvelles technologies telles que la blockchain peuvent ouvrir de nouvelles perspectives métier aux armées. Eléments de base de la transformation numérique, elles nous permettront d’aller plus loin dans l’interprétation des données (data science), de sécuriser nos données (blockchain), d’anticiper des situations conflictuelles (IA), d’automatiser des actions cruciales (robots/drones), de disposer en tout temps et en tout lieu d’informations d’aide à la décision (cloud/5G) et tout cela dans un seul but : maintenir la supériorité opérationnelle.


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