Le conflit franco-allemand de 1870 met en lumière l’utilisation de nombreuses troupes « non régulières ». Parmi celles-ci, les corps francs et francs-tireurs. Dès octobre 1870, ils sont amalgamés à l’armée d’active sous le nom d'« armée de la défense nationale », où, la plupart du temps, ils servent à éclairer la marche. Leur plus grande caractéristique est leur existence légale, en effet ils sont autorisés à se former par l’instruction impériale du 28 mars 1868. Toutefois, ils doivent pour la plupart s’armer, s’équiper et s’habiller à leurs frais.
La plupart des compagnies ont des effectifs modestes, entre 50 et 100 hommes. Ce sont des « poignées de braves » qui se sont spontanément armés pour défendre le pays. Au-delà de cet engagement patriotique, d’autres compagnies ont une tonalité politique beaucoup plus avancée. Ils sont républicains et l’affirment dans leurs uniformes, leurs devises et leurs proclamations. La plupart de ces compagnies seront rattachées à l’armée des Vosges confiée à Garibaldi.
Parmi les unités formées à Paris, quelques-unes restent dans la capitale. Elles opèrent entre les lignes ; d’autres se sont repliées vers l’ouest, opérant dans des « zones tampons » et se livrant à une guerre d’embuscades contre des groupes ennemis isolés.
Toutes ces unités ont été affectées comme éclaireurs à l’armée de la Loire car en effet, après Sedan et Metz, les corps francs furent à près les seuls capables d’éclairer l’armée régulière. Mission ardue car les maires et les habitants craignent les représailles : l’apparition de ces francs-tireurs sans uniforme qui montent eux-mêmes des opérations, attaquent les soldats allemands isolés puis se retirent, inquiète l’état-major allemand. Il y voit l’amorce d’une guerre populaire, d’une guerre de guérilla, d’une guerre déloyale où les soldats sont frappés dans le dos.
Ce corps, nommé d'abord Volontaires de la Seine, puis plus tard, 1er régiment d'éclaireurs, était en voie d'organisation dès le 15 août, sous la direction de M. MOCQUART, chef d'escadron démissionnaire. Il fut autorisé le 20 août 1870. La veille, le ministre de l'Intérieur l'avait mis à la disposition de son collègue de la Guerre.
Des quêtes furent faites chez les habitants pour subvenir à ses besoins. Il comprenait des unités d'infanterie et de cavalerie.
Deux compagnies autorisées officiellement, le 25 août, et placées sous les ordres de M. ROUDIER. Leur effectif, au 28 août, était de 10 officiers, 10 sous-officiers et 189 soldats. D'après le tableau publié en 1871 par le ministère de la Guerre, ce corps aurait été licencié le 19 septembre, à Paris, puis réorganisé en province.
Corps organisé dans les premiers jours de septembre et autorisé officiellement le 9. Son commandant, le romancier Gustave AYMARD, qui semble avoir été le promoteur de cette formation, déclarait, le 26 septembre, avoir réuni 600 hommes et dépensé 35 000 francs de ses propres deniers pour leur équipement.
Le 18, une compagnie de francs-tireurs de la Presse fit une reconnaissance vers Charenton, Maisons-Alfort, sous les ordres du capitaine BACHELERY. Le bataillon fut ensuite envoyé à Aubervilliers.
La demande de formation de ce corps, destiné à éclairer le front compris entre la porte de Belleville et celle de Ménilmontant et recruté parmi les chasseurs avec l'appui moral et pécuniaire du Conseil municipal des Lilas, fut adressée au ministre le 23 août, par M. Thomas ANQUETIL, rédacteur au Spectateur militaire. Il ne fut d'abord pas fait de réponse à cette demande qui fut renouvelée le 5 septembre. Le 7 septembre, son organisateur avait réuni 48 hommes qui formèrent une compagnie, laquelle fut armée de fusils Chassepot et reçut, le 12 novembre, le droit à la solde et aux vivres. Dans la nuit du 18 au 19 septembre, elle occupa, en embuscade, les barricades établies sur la route de Villemonble à Rosny. Les jours suivants, elle effectua des reconnaissances quotidiennes sur les mêmes terrains. Ce corps fut licencié et désarmé en vertu d'une décision ministérielle du 23 novembre, mais M. Thomas ANQUETIL fut autorisé à le reconstituer sur de nouvelles bases par une autre décision du 21 décembre.
En formation dès le 10 septembre sous la direction du général belge VAN der MEEREN qui prit comme noyau une troupe composée de Belges, d'Anglais et d'Italiens qui manoeuvrait sur la scène du théâtre du Palais-Royal. Sur la recommandation du directeur du théâtre, le maire de Paris signala cette troupe au Gouverneur. L'autorisation ayant été accordée le 13 septembre, ce corps reçut du ministère de la Guerre 300 fusils Snider, à baïonnette, et 30.000 cartouches. Le 19 septembre, la légion fut mise, par le Gouverneur, à la disposition de l'amiral COSNIER. Dans le courant d'octobre, l'effectif s'élevait à trois compagnies, et, en novembre, ces unités furent placées sous les ordres du général d'EXEA. La solde et les vivres de campagne leur furent accordés le 20 novembre.
Même si le commandant Lachouque dans un de ses écrits, exalte leurs gloires, il ne faut exagérer ni le nombre, ni le rôle militaire de ces groupes que les autorités françaises ne contrôlent guère. En septembre et octobre, les actions isolées des francs-tireurs créent un climat d’insécurité dans l’Est et dans les campagnes du Bassin parisien. Et pourtant, en ce début d’octobre, dans l’Est ou sur la Loire, aucune armée nouvelle digne de ce nom ne s’est encore rassemblée. Ces unités disparaîtront aussi vite qu’elles s’étaient créées. Certaines, essentiellement celles restées à Paris, prendront part à la Commune dans le camp des fédérés.
Dans une étude rédigée par le Commissaire général STIOT, ce dernier estime à environ 600 corps différents de francs-tireurs entre septembre 1870 et la fin de la guerre…
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