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Protecteurs et commémorations de l’armée de Terre

Mise à jour  : 15/01/2021

Dans l’armée de Terre, les saints-patrons sont nombreux et s’inscrivent dans les traditions en participant à l’esprit de corps. En plus des saints-patrons, l’armée de Terre commémore aussi ses combats les plus emblématiques. Sidi-Brahim, Camerone, Bazeilles… deviennent ainsi des épopées qui, en plus de s’inscrire dans l’histoire, s’inscrivent dans les traditions régimentaires.

Les saints-patrons

Sainte Barbe, Saint-Michel, Saint Antoine, Saint Georges… les saints-patrons sont nombreux au sein de l’armée de Terre et sont tous associés à une arme en particulier. Le mot patron vient du latin pater, père, et indique une notion qui, à Rome, va au-delà du père en tant que géniteur. Le « patron » est un homme libre, un chef d’un gêne c’est-à-dire d’une famille élargie, d’un clan.

Dans les moments difficiles ou dangereux, le patron protège les siens, les aide à vivre, parfois à survivre et surtout à vaincre.

Quelques exemples de saints patrons :

Saint-Antoine (17 janvier)

Et par Saint-Antoine, vive la Légion ! Le 17 janvier, la Légion étrangère fête son patron, Saint-Antoine. Né en Égypte à Qeman, Antoine distribue tous ses biens aux pauvres, puis part vivre dans le désert en ermite et ce, dès ses 20 ans. Il devient le protecteur de nombreuses confréries et métiers. Abnégation, humilité, courage, équilibre et foi caractérisent aussi bien cet homme que les valeurs de la Légion. Son caractère de lutteur victorieux dans la vie spirituelle, d’homme qui a changé de vie pour une nouvelle, plus humble et au service de Dieu, correspond à l’image du légionnaire, cet étranger qui a abandonné son passé pour prendre un nouveau départ en s’engageant dans la Légion étrangère, au service de la France.

Sainte-Véronique (4 février)

Patronne des soldats de l’image, Sainte-Véronique est fêtée le 4 février. À travers leurs images, ces soldats témoignent de la réalité du terrain, alimentent en images d’actualité et participent au travail de mémoire. Depuis 1915, en France, les soldats de l’image accompagnent leurs camarades sur tous les théâtres de guerre, d’opérations ou de crise. Véronique vient du latin verus, vrai, et du grec icon, image. L’histoire de Véronique est liée à la passion de Jésus. Véronique s’approche du Christ durant son chemin de croix et lui tend un linge. L’image de Jésus reste imprimée sur le tissu.

Saint-Georges (23 avril)

Et par Saint-Georges, vive la cavalerie ! L’arme blindée cavalerie, créée en 1942 par le regroupement des unités de chars, de la cavalerie française et de l’artillerie, l’a choisi comme saint-patron pour les valeurs qu’il représente : disponibilité, esprit de décision, calme et sang froid, vivacité et panache. Le 23 avril est l’occasion de célébrer l’esprit de corps et de rappeler les valeurs de la cavalerie. Né vers 280 en Palestine, Georges entre dans l’armée romaine comme cavalier. Sa valeur militaire et son héroïsme en font très tôt un saint vénéré par les soldats et les cavaliers pour l’idéal chevaleresque qu’il incarne.

Sainte-Clotilde (4 juin)

À l’origine, l’aviation légère de l’armée de Terre (ALAT) était rattachée administrativement à l’artillerie. Elle fêtait donc la Sainte-Barbe, le 4 décembre. Depuis 1994, Sainte-Clotilde est la sainte-patronne de l’ALAT, fêtée tous les 4 juin. Clothilde permit la victoire de Clovis à Tolbiac en 496, en submergeant l’ennemi sous le feu du ciel. Cette action du feu venu du ciel est un symbole fort pour les hélicoptères de combat de l’armée de Terre.

Saint-Bernard (15 juin)

Et par Saint-Bernard, vive les troupes de montagne ! La Saint-Bernard est fêtée par les soldats montagnards le 15 juin. Bernard de Menthon naît vers l’an 1020. Archidiacre d’Aoste, il était chargé de distribuer des aumônes aux pauvres et aux pèlerins. Il s’inquiéta du sort des voyageurs traversant les Alpes et soumis au double péril des bandits et de la rudesse des routes de haute montagne. Il établit des hospices, desservis par les chanoines réguliers de Saint-Augustin, notamment au col du Mont Joux, aujourd’hui col du Grand-Saint-Bernard. Homme des régions alpines, attentif à y faire régner la sécurité, Saint-Bernard est devenu ainsi le protecteur des troupes de montagne.

Saint-Roch (16 août)

Et par Saint-Roch, vive la cyno ! Thaumaturge et médecin du XIVe siècle, Saint-Roch soigne de nombreux pestiférés. Contaminé par la peste, il se retire dans une forêt pour ne pas infecter les autres. Seul un chien vint le nourrir en lui apportant chaque jour un pain dérobé à la table de son maître. Celui-ci intrigué par le manège de l’animal, le suivit en forêt et découvrit le saint blessé, qu’il put ainsi secourir. Binômes homme/chien pour appuyer l’infanterie, c’est donc naturellement que les unités cynophiles l’ont choisi comme saint-patron. Les unités cynophiles fêtent Saint-Roch le 16 août.

Saint-Christophe (25 juillet)

L’arme du train a adopté Saint-Christophe comme saint-patron pour pouvoir accomplir sereinement les missions logistiques les plus éprouvantes. Saint-Christophe était un guerrier de la tribu des cynocéphales, c’est pourquoi il est représenté avec une tête de chien, marquant sa fidélité malgré parfois bien des épreuves. Il est aussi présenté comme “passeur” d’une rive à l’autre d’un fleuve. Dans cette fonction il fit passer le Christ, d’où son nom du saint-patron, Christophe, qui signifie en grec porte-Christ.

Le train célèbre également son fondateur, l’empereur Napoléon Ier, qui créa par décret l’arme du train, le 26 mars 1807, à Ostérode en Prusse. La date de la Saint-Christophe étant peu propice aux rassemblements, sa mémoire est généralement célébrée conjointement dans les unités à l’occasion du 26 mars. Et par l’Empereur, vive le train !

Saint-Maurice (22 septembre)

Saint-Maurice est le saint-patron de l’infanterie et se fête le 23 septembre. Parvenue dans les Alpes depuis l’Égypte, la légion romaine que commande Maurice compte 6 000 soldats. Lorsqu’elle reçoit l’ordre par l’empereur Maximien de persécuter les chrétiens, elle refuse cette discrimination. Un soldat sur 10 est alors exécuté. Mais cela ne suffit pas à les faire changer d’avis, et c’est finalement toute la légion qui est massacrée avec Maurice. Le martyr de Saint-Maurice est un exemple de la foi intrépide des soldats autour de leur chef, et du sens moral élevé dans le refus d’un ordre injuste au péril de sa vie. 

Saint-Raphaël (29 septembre)

Par Saint-Raphaël, vive le renseignement !  Le 15 avril 1998, un décret annonce que l’archange Raphaël est désormais le saint-patron du renseignement militaire. La brigade de renseignement (BRENS) est alors jeune de cinq ans. La Saint-Raphaël a été officialisée comme fête du renseignement car il s’agissait de donner du corps et une identité à une brigade dont les unités viennent d'horizons divers. Il fallait souder l’ensemble des capteurs de renseignement par des traditions et des moments de rencontre. L’archange Raphaël était depuis 1989 le saint-patron de l’école du renseignement et des études linguistiques (EIREL).

Saint-Michel (29 septembre)

Et par Saint-Michel, vive les paras ! L’archange Michel, guerrier terrassant le démon, est connu comme le protecteur des régiments de parachutistes. Saint-Michel combat contre les forces du mal, à la tête des légions angéliques. Après la Seconde Guerre mondiale, les troupes aéroportées le choisirent comme saint-patron, voyant dans l’âme « ailée » qui descend du ciel un ancêtre du parachutiste contemporain. Dans l’Apocalypse de Saint-Jean, l’archange est celui qui descend du ciel, à la tête des milices angéliques, pour combattre l’ennemi. Les soldats rappellent ainsi un passage de l’Apocalypse : « Il se fit un silence dans le ciel lorsque l’archange Michel combattait le dragon ». Ce silence marque encore les soldats dès l’ouverture de leur parachute.

Saint-Gabriel (29 septembre)

Les transmissions assurent la liaison entre les différents corps et armes de l’armée. Elles ont pour patron un messager célèbre : l’archange Gabriel. Celui-ci fut choisi par Dieu pour descendre sur terre et annoncer à Marie la naissance de son fils. L’arme des transmissions ne pouvait trouver meilleur patronage que cet archange, messager de la Bonne Nouvelle, prompt et fidèle à exécuter sa mission. C’est le Pape Pie XII qui a confié, en 1951, le patronage des transmissions à Saint-Gabriel eu égard à la mission d’annonciateur céleste de ce dernier. Les transmetteurs fêtent leur saint-patron le 29 septembre.

Sainte-Cécile (22 novembre)

Et par Sainte-Cécile, vive la musique ! Le 22 novembre est célébrée la Sainte-Cécile, sainte-patronne des musiciennes et musiciens. Cécile de Rome est une jeune femme, issue d’une noble famille, qui a été condamnée au martyre après avoir converti de nombreuses personnes au christianisme. Lorsqu’elle fut en âge de se marier, ses parents la fiancèrent à un jeune païen. Lors de ses noces, Cécile se serait adressée à Dieu en chantant et en lui priant que son corps reste immaculé. Son époux accepta. Il se convertit et se baptisa au christianisme pour elle. Cécile de Rome est devenue patronne des musiciens car un passage de sa légende mentionne qu’en allant au martyre, elle aurait entendu la musique de Dieu.

Saint-Éloi (1er décembre)

L’arme du matériel honore Saint-Éloi chaque 1er décembre. Elle est l’héritière de cette longue succession de serviteurs dont la mission principale a toujours consisté à accompagner le chevalier, puis le combattant au cours des conflits de notre histoire. Au-lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les mécaniciens ont dû choisir un saint-patron. Saint-Éloi a été retenu non seulement pour les qualités de probité, d’amour du travail bien fait, d’acceptation sans réserve des responsabilités, mais aussi parce qu’il était déjà le saint-patron de nombreux artisans dont la profession est liée au travail des métaux. Saint-Éloi, avant d’être ministre-conseiller auprès de Clotaire II, était un orfèvre hors-pair.

Sainte-Barbe (4 décembre)

Et par Sainte-Barbe, vive les artilleurs, artificiers, armuriers, sapeurs et pompiers ! Sainte-Barbe était très courtisée mais n’avait d’amour que pour Dieu. Elle refusait tous les plus riches partis, ce qui mit son père en colère. Il l’enferma alors dans un cachot. Barbara décida alors d’approfondir sa foi chrétienne. Furieux, son père lui trancha la tête. Mais à peine l’avait-il décapitée qu’un éclair le foudroya sur place. Depuis, Sainte-Barbe est invoquée contre la foudre. Elle devient très vite la patronne des arquebusiers puis des canonniers, et de tous ceux qui manient le feu et les explosifs. Les artilleurs contemporains de même que les artificiers, les sapeurs du génie et les pompiers, s’inscrivent dans cette tradition. Fêtée le 4 décembre, cette fête est aujourd’hui synonyme de rassemblement et de cohésion.

Jeanne d’Arc (30 mai)

Avec la Sainte-Jeanne d’Arc pour les femmes de l’armée de Terre, la féminisation de l’armée de Terre est également prise en compte. Jeanne d’Arc est une héroïne de l’histoire de France, chef de guerre, libératrice et sainte. Elle représente la force, les convictions, l’engagement et le sacrifice des femmes au combat.

Quelques exemples de commémorations :

La commémoration de « combats sacrificiels »

Sidi-Brahim, Camerone, Bazeilles... ces trois exemples présentent une structure identique. Trois combats meurtriers au cours desquels, face à un ennemi très supérieur en nombre, les soldats choisissent d’affronter la mort plutôt que de se rendre. Des combats dont la commémoration officielle chez les chasseurs, les légionnaires ou les marsouins et bigors, sera décidée tardivement.

La bataille de Camerone (30 avril)

La bataille de Camerone est un épisode fondateur dans la Légion étrangère. En 1862, la France se porte au secours de l’empereur Maximilien, alors sur le trône du Mexique. Le 30 avril 1863, dans le village de Camerone, au Mexique, soixante-trois légionnaires français, sous les ordres du capitaine Jean Danjou, résistent à une armée mexicaine de plus de deux mille hommes. Cet événement, alors mineur dans le contexte de l’expédition mexicaine lancée par Napoléon III, va devenir la clef de voûte de la tradition des légionnaires. De ce combat reste le souvenir de Camerone. La Légion y voit sa noblesse, trente ans après sa création. Depuis 1906, l’anniversaire de ce fait d’armes est commémoré, en plus de la Saint-Antoine, saint-patron de la Légion.

Les combats de Bazeilles (31 août)

Les combats de Bazeilles du 31 août 1870 sont devenus le symbole des troupes de marine. L’anniversaire de Bazeilles est commémoré chaque année dans tous les corps de troupe de France et d’Outre-mer et sur les lieux mêmes de la bataille. À ce haut fait, marsouins et bigors attachent l’origine légendaire de certaines particularités de l’arme : port du képi et de la cravate noirs et suppression des tambours, mesures qui, d’après la tradition, auraient été prises au lendemain de Bazeilles en signe de deuil et pour commémorer le souvenir de ceux qui préférèrent mourir plutôt que de se rendre. En 2020, les combats de Bazeilles ont fêté leur 150e anniversaire.

La bataille de Sidi-Brahim (23 septembre)

La bataille de Sidi-Brahim s’est déroulée du 23 au 26 septembre 1845 entre les troupes françaises et Abd El Kader. Elle dura trois jours, et trois nuits. Les Français avaient engagé le 8e bataillon de chasseurs à pieds et le deuxième escadron du 2e régiment de hussards contre les troupes d’Abd El-Kader. Après un premier combat, elles furent réduites de 450 à 82 chasseurs et hussards face à 10 000 combattants de l’émir. Les chasseurs de la compagnie de carabiniers se regroupèrent dans un marabout d’où ils repoussèrent les assauts. Après plusieurs jours de siège, les hommes, sans eau, sans vivres, à court de munitions, en furent réduits à couper leurs balles en morceaux pour continuer à tirer. Au bout de quelques jours, les survivants n’ayant plus de munitions, chargèrent à la baïonnette. Ils percèrent les lignes ennemies, et seuls 11 chasseurs sortirent vivants de la bataille. La bataille de Sidi-Brahim est fêtée chaque année par les chasseurs le 23 septembre.


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