Mener une opération amphibie demande une formation et un entraînement particulier. Les stages de techniques amphibies permettent chaque année à plus de 450 soldats de s’acculturer pour travailler en parfaite symbiose avec les unités de la Marine nationale.
Après trois jours à bord du bâtiment de projection et de commandement (BPC) Dixmude, les légionnaires du 1er régiment étranger de cavalerie (1er REC) se préparent à débarquer sur la plage de l’Ayguade à Hyères (Var). La manœuvre semble facile et pourtant elle est le fruit d’un entraînement spécifique : la qualification aux techniques amphibies (Techphib).
La conduite d’opérations depuis un bâtiment de la Marine nationale est une des spécificités de la 9e brigade d’infanterie de marine (9e BIMa) et de la 6e brigade légère blindée (6e BLB). Régulièrement, cadres et militaires du rang se forment avec les équipages des BPC et des engins d’accompagnement (EDAR et CTM) de la flottille amphibie. Outre le débarquement, il est nécessaire pour les unités d’apprendre les spécificités de la vie en mer. « Marins et Terriens opèrent chacun dans des domaines particuliers avec des codes et des modes d’action propres à chaque armée, explique le lieutenant-colonel Sébastien, chef du centre des opérations amphibies à la 6e BLB. Les Techphib ne se limitent pas à l’arrivée sur une plage. Elles permettent à tous de bien se connaître et plus particulièrement à nos soldats d’apprendre à vivre à bord d’un BPC, à s’y déplacer et de connaître les règles de sécurité. Cette acculturation est essentielle, elle nous fait gagner du temps. Le jour d’un départ réel pour une opération amphibie, les soldats pourront se concentrer sur leur future mission, car le reste sera acquis et maîtrisé. »
La formation des unités s’articule autour de deux modules : Techphib 1 et 2. Le premier délivre une formation individuelle aux pilotes. Pendant trois jours, les équipages suivent une instruction complète sur les techniques d’embarquement et de débarquement avec les CTM et EDAR de la flottille amphibie, depuis une plateforme en béton de la base de Toulon. Ensuite, ils répètent l’opération depuis un plan d’eau dans des conditions proches de la réalité. « C’est une étape indispensable, affirme le capitaine Baudouin, officier adjoint au 3e escadron du 1er REC. Cela permet à nos pilotes d’être à l’aise. Le transbordement au large est un moment impressionnant. Le passage entre un EDAR et le BPC peut se faire à la porte du bâtiment avec le mouvement du navire et la mer de chaque côté. Certains de nos engins comme l’AMX 10 RC pèsent 17 tonnes et disposent d’une visibilité latérale réduite. Grâce à ce premier module, les pilotes apprennent à faire confiance au guidage des marins pendant ces phases délicates. »
La première phase terminée, les pilotes retrouvent le reste de l’escadron. Il est temps d’embarquer pour une semaine de Techphib 2. À bord du Dixmude, les légionnaires enchaînent les présentations. Vie à bord, sécurité incendie, déroulement d’une opération amphibie, l’amarinage est une partie importante de la formation. « Cette phase d’acculturation présente un double intérêt, affirme le LCL Sébastien. Les Terriens apprennent à s’adapter à la vie en mer et les marins comprennent mieux nos besoins et contraintes pour mener une opération à terre. » Une fois les instructions à bord passées, les pilotes entrent une nouvelle fois en jeu. Chacun d’entre eux va exécuter les différents types de manœuvre de jour comme de nuit. Au programme : Un premier exercice d’embarquement depuis le radier (l’intérieur du BPC), et le redouté porte à porte en pleine mer. En fonction de la disponibilité des unités, un exercice vient conclure cette semaine d’acculturation.
Après quatre jours d’entraînement, les légionnaires ont déjà leurs habitudes à bord. Les appels des haut-parleurs n’ont plus de secret pour eux et c’est tout naturellement qu’ils se rendent au radier pour préparer la restitution finale sur la plage non loin d’Hyères. Satisfait de l’implication de ses hommes, le capitaine Baudouin mesure les bénéfices de ces formations. « En février 2019, nous allons prendre l’alerte ENU. Si le déploiement se fait par BPC nous sommes opérationnels immédiatement. C’est, sans aucun doute, un atout pour l’escadron. »
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