Du soldat au médecin militaire, l’armée de Terre et le Service de santé des armées (SSA) enseignent les gestes qui sauvent, suivant le degré de compétences à acquérir, sous le feu et dans les conditions les plus critiques. Tous les militaires doivent parfaitement connaître le sauvetage au combat. Il permet aux équipes médicales et aux soldats de travailler ensemble pour une prise en charge optimale des blessés.
Sauver des blessés au combat ne s'improvise pas. Savoir poser un garrot ou extraire un combattant sous le feu implique une mise en sécurité́ et l'application de premiers soins rapides. Les dix premières minutes sont cruciales : 80 % de décès par hémorragie ont lieu durant ce laps de temps. Le premier sauveteur est donc naturellement le militaire, le frère d’armes, formé au sauvetage au combat.
En 2008, l’embuscade meurtrière d’Uzbeen (Afghanistan) représente un électrochoc. Les soldats, isolés des médecins, effectuent des gestes inappropriés comme un massage cardiaque sous le feu. Un auxiliaire sanitaire est tué au combat et la situation tactique ne permet pas à l’équipe médicale de se rendre rapidement sur place. Ceci accélérera la mise en place du sauvetage au combat qui avait été défini par le SSA en 2007. En 2009, la formation, validée par l’école du Val-de-Grâce, est opérationnelle avec un objectif simple : diminuer le nombre de morts évitables en opérations, en apprenant à chaque combattant la pratique des premiers gestes afin de garantir la vie des soldats.
Les militaires sont tous formés aux gestes de sauvetage avec des compétences divisées en trois niveaux de qualification et régulièrement entretenues.
Sur l’opération BARKHANE, l’explosion d’engins explosifs improvisés (IED) représente ainsi le principal risque. « Les victimes subissent de multiples traumatismes, par exemple sur la jonction des membres non protégés des projections balistiques, explique le médecin chef des services Christian Bay. Pour prendre en charge le blessé le plus tôt possible et éviter le décès par hémorragie, tout se joue en dix minutes ». Les médecins évoquent « les dix minutes de platine ». Le soldat est le premier sur place, il est préparé aux gestes salvateurs, permettant ensuite le conditionnement par le médecin et l’évacuation de la victime.
Tous les militaires sont formés au Sauvetage au combat de niveau 1 (SC1). Enseigné aux jeunes incorporés, il correspond au niveau de base acquis par tous les soldats amenés à se déployer en opérations intérieure et extérieure. Le SC1 consiste en quatre gestes simples mais vitaux (cf. « L’info en + » en fin d’article), réalisables sous le feu après une extraction d’urgence du blessé. Le geste fondamental est la pose du garrot tactique sur une victime hémorragique. Ces aptitudes sont régulièrement entretenues.
Les militaires qualifiés SC1 souhaitant s’orienter comme auxiliaire sanitaire se forment au Centre de formation opérationnel santé (CeFOS) de l’école du Val-de-Grâce à La Valbonne durant cinq semaines et obtiennent les formations aux premiers secours par équipe de niveau 1 et 2. Parmi eux, les meilleurs seront sélectionnés pour être formés au Sauvetage au combat de niveau 2 (SC2). Ils sont les premiers intervenants issus de la branche « santé » de l’armée de Terre, tout en restant des combattants intégrés à une section. Ils suivent une formation pour mettre en application certains actes techniques médicaux. « Ce sont quinze jours intenses, principalement axés sur la pratique, où j’ai été évalué sur les procédés visant à préserver les fonctions vitales » explique le caporal Christophe, auxiliaire sanitaire. Celui-ci peut gérer l’arrêt du saignement avec la pose de points de suture, perfuser et prendre en charge une détresse respiratoire en mettant en place l’oxygénation par un masque ou bien par la trachée en cas d’obstruction des voies aériennes supérieures. Sous les ordres du médecin, il peut administrer un complément de morphine et des antibiotiques. Ces gestes généralement dévolus à un infirmier demandent des connaissances pointues en anatomie et physiologie.
Le SC2 apprend les particularités d’une prise en charge de multiples victimes. La formation est le plus souvent assurée par le CeFOS, même s’il existe quelques lieux de formation décentralisés agréés par l’école du Val-de-Grâce comme le 4e régiment étranger à Castelnaudary (Aude).
Le SC3, troisième niveau de sauvetage au combat, concerne uniquement les médecins et les infirmiers. La formation est assurée par le Centre d’enseignement et de simulation à la médecine opérationnelle (CESimMO) de l’école du Val-de-Grâce (EVDG). Le médecin ou l’infirmier dirige les SC1 et SC2, réévalue l’état des blessés, contrôle les gestes techniques et s’assure du compte-rendu pour l’évacuation de la victime et sa prise en charge par l’équipe médicale héliportée. Le capitaine Adrien, médecin à l’antenne médicale de Montlhéry, souligne que « le plus difficile est de faire un tri parmi les victimes afin de prioriser l’évacuation. Pour ce faire, nous suivons le standard OTAN : les blessés graves Alpha doivent être évacués en 90 minutes maximum, les Bravo en 4 heures et les Charlie dans les 24 heures ».
L’info en + :
LES 4 GESTES VITAUX DU SC1 :
- Le geste fondamental : la pose du garrot tactique,
- la mise en posture d’attente adaptée,
- la réalisation d’un pansement trois côtés,
- la syrette (piqûre) de morphine.
Retrouvez notre dossier spécial sur le sauvetage au combat dans le TIM 281 de février.
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